dimanche 1 juillet 2018

Allez les Bleus !



Et si on se faisait un petit bilan côté français de ces trois premières semaines de coupe du Monde ? Hein ? Elle ne va quand même pas nous refaire un billet sur le foot ?
Je vais me gêner ! Parce que oui, moi Charlie, j’aime le foot même si je ne suis pas fan du côté bourrin auquel on assiste parfois sur le terrain et dans les gradins, quand ça crache et rote à tout va, que les tacles sont un peu trop appuyés, et que les maillots sont déformés par l’adversaire qui ne trouve que cette parade pour stopper la dangereuse course d’un joueur.
Au lendemain d’un huitième de finale dantesque, à l’image d’une météo de plus en plus chaleureuse, on commence à rêver au Grand Bleu. Il y a dans l’atmosphère comme une mélodie qui nous rappelle 98.
Oui je l’avoue, j’ai douté comme beaucoup d’entre vous ; j’aurais dû écouter mon fils Watson pour qui les premiers matchs ne reflétaient pas le niveau de l’équipe. "Attends Maman, t'inquiète, ils se réservent pour les grandes équipes." Il faut dire qu’avec France-Australie, y’avait vraiment pas de quoi être fier comme un coq ; les kangourous ont failli se mettre la victoire dans  la poche... Sans mari ni enfant ce jour-là, j’en ai profité pour vivre ce premier match intensément en me concoctant un sandwich chipolata, beurre-moutarde, accompagnée d’une petite bière forcément fraîche achetée pour l’occasion. Je ne suis ni fan de bière et encore moins de saucisse, je ne sais pas ce qui m’a pris. C’est sans doute ça l’effet foot : faut que ça mousse, qu’il y ait du gras et du compact. Ne cherchez pas le ceviche ou la brunoise, ils sont définitivement hors-jeu.
S’en est suivi France-Pérou et il faut bien l’avouer même si la France remporte le match, c’était pas l’Pérou (désolée). Pour cet évènement, la société dans laquelle je travaille avait installé dans la cantine un écran géant. La Direction devait estimer qu’à 17 heures, heure du match, son personnel était en droit de terminer sa journée de labeur, par un moment de détente footballistique.   Quelques paquets de chips disséminés sur les tables, des cannettes de bière #sansalcoollafeteestplusfolle, une dizaine de drapeaux pour décorer la salle mais l’ambiance n’y était pas, d’autant plus que la diffusion s’est faite sans le son et un match sans son, c’est comme une girafe sans cou, c’est impossible. Il faut entendre la clameur des supporters, les cris des joueurs et les envolées parfois surprenantes des commentateurs.
Match numéro 3 : France-Danemark à 16 heures. Bizarrement le dispositif cantine n’a pas été renouvelé mais certains petits malins ont discrètement changé les chaînes des télévisions situées dans les espaces dits de convivialité et censées diffuser en continue des informations sur le Groupe… Tout occupée à réunioner, je n’ai pu voir que dix minutes de match, temps suffisant pour mesurer que face au Danemark, la France avait du mal à les trouver, les siennes de marques.  
 
Côté plateaux télés, les commentateurs se déchainent. Dans ce domaine, deux options s’offrent à nous téléspectateurs et de plus en plus "trices". Vous êtes en mal de testostérone, vous voulez que ça gueule, qu’on se coupe la parole, préférez le canal 21 et son équipe de chroniqueurs aux looks parfois improbables et aux allusions grossièrement répétées de la chatte à Deschamps, sa soi-disant baraka.
Pour plus de courtoisie et davantage d’élégance, préférez Denis Brogniart, entourée de ses chroniqueurs et chroniqueuses permanentes d’une émission sur l’autre, qui apportent fraîcheur  et humour, bref une touche féminine qui dédramatise et propose un nouveau regard sur un sport encore un poil (si je puis dire) trop mec. Mais de là à envisager qu’un match puisse un jour être commenté en direct par des voix féminines, je pense que malheureusement les aigües dont nous sommes dotées sont incompatibles avec le récit d’un but en direct…
Revenons à présent au huitième de finale face à une Argentine décomplexée et majoritairement présente dans les gradins. Pour ce nouveau match, le stress personnellement ressenti avant le démarrage était comme la température extérieure, à la limite de la canicule.
Assise dans le canapé côté gauche, je me murais dans une attitude prostrée alors que mon mari Sherlock positionné côté droite, se lançait dans des prévisions exaspérantes : "ils vont perdre, ils font pas le poids devant Messi. Nan mais tu te rends compte il a été 5 fois ballons d’or ! Ils vont se faire poutrer, je ne sais même pas pourquoi je regarde". Je reste dans mon mutisme mais je n’en pense pas moins. Le démarrage du match ne laisse aucun doute sur la volonté de l’équipe française de montrer son talent et son envie d’aller plus loin. Le Pénalty de Griezmann est une première bouffée d’oxygène vite étouffée par la réponse argentine. Lorsqu’en deuxième mi-temps l’Argentine prend l’ascendant, je me dis que ce n’est pas possible alors que mon mari poursuit son raisonnement : "eh ben voilà qu’est-ce que je disais ?!". Alors quand Pavard  joue les justiciers tel un Robin des  bois ballons, je perds le contrôle de mes molécules corporelles, bondis hors de mon canapé et pousse  un cri bestial. Pour le but d’Mbappé, j’entame une danse exotique totalement improvisée sous l’œil je crois, effrayé de mon mari. Et j’imagine que dans les cafés, fan-zones, gradins, on se saute dans les bras sans forcément se connaitre ; c’est aussi ça la magie de la coupe du monde, une espèce d’euphorie aux portes de la sphère intime.
Alors quand Mbappé dans son maillot moulé à la perfection marque son deuxième but, Sherlock a muté lui aussi : "On va les avoir c’est fini !!" Ah vous aussi vous avez noté le on de la victoire, cette faculté de passer du ils en parlant de l’équipe française quand ça ne va pas, au on quand le triomphe est proche.
Le match se termine, on est en quart de finale ; Sherlock évoque la Messi Boulette et sa Messi trouille.
Je sors ensuite faire mes courses chez Carrefour, l’ambiance est détendue dans les files de caisse, on se croise en souriant : "Allez-y, passez devant je ne suis pas pressée".
 
Comme un air de 98…
 
Le lendemain, j’achète L’Equipe, ce qui ne m’arrive jamais mais j’ai envie de conserver le côté MONUMENTAL d’un match réconfortant, d’un match source d’espoir.
Certes il y a la victoire mais ce n’est qu’un morceau de l’histoire d’une coupe du Monde qui déclenche des échanges, des joies partagées dans un pays momentanément rassemblé. Profitons de ces instants, vibrons et partageons nos émotions.
Bonne fin de coupe du Monde et…que le meilleur gagne !