"Alors cette rentrée, ça s’est bien
passé ? "
Ne me dîtes pas que vous n’avez pas dans votre entourage a
minima une personne forcément bienveillante qui vous a posé cette question
saisonnière, comme s’il s’agissait d’un évènement catégorie examens de fin
d’études supérieures ou d’obtention du permis de conduire ?
Personnellement, à l’heure où je rédige ce post, je
me considère encore en période d’examens parce que cette foutue rentrée à
tendance à prendre ses aises et s’imposer au-delà d’une simple journée.
Je dirais même que la rentrée, finalement elle se
déclenche quand tu franchis la porte du magasin Bureau Vallée (de la fourniture scolaire), ou que tu essaies de
slalomer avec ton caddie dans les 3 ou 4 rayons Carrefour dédiés à cette p… de rentrée ! "Fourniture", Rien que d’écrire ce mot, j’ai envie de fuir, loin
très loin, au-delà du rapporteur à double lecture ou du protège cahier 24x32 à
rabat transparent.
Tout a commencé par un beau samedi matin de fin
août, à deux semaines de la rentrée. Record battu pour moi qui jusqu’à présent,
effectuai les courses le dernier week-end des vacances. Mais là, "on ne
joue plus dans la même cour", expression fort à propos vous en
conviendrez ; mon fils Watson rentre en 6ème Mesdames
Messieurs ! Et qui dit cycle collège, signifie liste de f….ures à rallonge.
En pénétrant chez Bureau Vallée, je
fus prise par une sensation d’étouffement, de cahierophobie à me retrouver dans un espace entièrement consacré à
l’univers classérale. Très vite je me
précipitai vers un vendeur, maton de la canson 220 g et de la boite de pastel sec
ou gras, qui tout de suite me proposa ses sévices services :
- Oh oui bien sûr que vous pouvez m’aider. Si je
vous confie ma liste, vous pouvez vous
en charger et je repasse dans une heure ?
Manifestement, j’avais franchi la marge rouge et me retrouvai seule
en compagnie de ma liste écrite dans une police
minimaliste. Non seulement la liste état à la Prévert mais en plus, elle était
illisible pour toute population originaire de la presbytie. Constatant ma
perdition, le maton de la canson me suggéra de ne pas raisonner par matière
mais plutôt de faire des regroupements par typologie de f…ures, avant de me
lancer dans des achats désordonnés voire déraisonnés. Son conseil me fit sans
doute gagner un temps certain, même si je sortai de l’enseigne au bout d’une
bonne heure, épuisée avec comme qui dirait, une
mine de papier maché.
Cette première étape franchie, il restait encore
beaucoup à faire à commencer par identifier chaque f…ure à sa matière, histoire d’aider Watson à se repérer
dans cette profusion de cahier grands carreaux, aux formats et nombres de pages hétérogènes et de
crayons aux mines pas encore fatiguées. Je me lançai donc dans une grande
opération "balance ton post it" sur les cahiers et classeurs, en
vue dénoncer leur anonymat et permettre à Watson d’apprivoiser son bulletin butin scolaire.
L’étape suivante eu lieu le week-end précédant la
rentrée ; l’achat de tenues vestimentaires correctes. Contrairement aux
années précédentes, Watson, à sa demande, m’accompagna dans les boutiques.
Jusqu’à présent j’avais carte blanche, Watson n’étant que très peu intéressé
par l’étoffe (des héros). Ce jour-là
fut le jour le plus long de la réflexion du pantalon, sans
compter les tentatives pour obtenir une
typologie de vêtements aux antipodes de ma conception (sans doute un poil trop
relou à son goût), tels que le survêt’ à capuche ou la chaussure Air Nike
planant totalement au niveau du tarif... Après quelques heures de
shopping, je rentrai à la maison non plus accompagnée de mon petit garçon mais
de mon fils qui sur le plan vestimentaire, commençait à me donner du fil à
retordre...
Et puis vint le jour J, celui de LA rentrée ! Watson,
pour le premier matin de sa vie, mit les petits pieds dans les grands : il
se para de ses nouvelles chaussures "trop stylées", ajusta sa mèche
à l’aide d’ablutions raisonnées et chargea sur son dos l’inévitable "East
Pack", cartable hautement tendance comme sans doute le "sac US" de notre génération.
Mon mari Sherlock et moi-même l’accompagnâmes
histoire de faire le deuil de 8 années de primaire avec ses récréations à
répétition et ses superfétatoires TAPS (temps d’apprentissage périscolaire) dont
l’objectif pédagogique reste à ce jour un grand mystère…
300 élèves furent appelés nominativement ;
Watson fut le tout dernier de la liste… Mais ne dit-on pas que les derniers
seront les premiers ? En tous cas, j’en ai la foi…
Faut-il parler de la phase remplissage de papiers administratifs
qui se répète d’année en année, avec cette piquante sensation de redonner
inlassablement les mêmes informations, à l’époque ou le stockage de données
n’est un secret pour aucune face de bouc ?
Après le stress de la première journée, celui
des premiers trajets, seul, en bus alors que jusqu’à présent, Watson
n’avait qu’à sortir de l’immeuble pour se retrouver au pied de son école. Et s’il
rate son bus, si le bus ne passe pas ? Et s’il loupe son arrêt ? Oh
ne riez pas, je suis loin d’être la seule à me torturer de la sorte. Coupe le
cordon Charlie !! Par la force des choses et la distance du bus, le cordon
sous tension finira bien par lâcher et tirer sa révérence. Mieux vaut tard que
jamais me direz-vous. Alors surgit dans nos esprits de parents angoissés, la
solution du téléphone portable que nous avions jusqu’à présent réussi à rejeter
avec force conviction :
- Un téléphone en 6ème !! Non mais Watson, tu
déraisonnes ! On en reparlera en 3ème.
Dix contre un que la hotte du Père Noël ne reste
pas insensible à ces appels du pied
de l’SMS illimité.
S’en suivent les premiers devoirs où les parents se
replongent dans toutes sortes d’exercices qui font vibrer nos souvenirs de
collégiens. Alors que Watson cherche à retrouver au plus vite sa manette de sa
XBOX, on aimerait lui transmettre notre enthousiasme, à revivre le passé d’une
époque qui nous a tous tant marqués : le passage chez les grands, la découverte de nouvelles matières avec des professeurs
qui subissent inlassablement en début d’année scolaire, l’intransigeante note de gueule :
- Elle est bien ta prof principale ? Tu as
Mme Vivon ? il parait qu’elle est grave sévère celle-là etc…
La réunion de parents d’élèves permet à chacun d’entre
nous d’asseoir notre jugement face au speed dating du corps professoral qui
pour la plupart utilise sans réserve le jeu de la séduction.
Comme un pull en laine mis par erreur dans la
machine à laver, les soirées semblent avoir définitivement rétréci : entre les devoirs à
vérifier/corriger/compléter, la supervision du cartable à préparer en fonction
des exigences psychotiques de chacun des professeurs, la vérification du sac de
piscine du lendemain pour éviter l’oubli du maillot de bain, l’heure du dîner
est largement dépassée.
Nous rentrons donc à présent dans la phase de rodage,
celle qui permet de procéder aux derniers ajustements, en dénichant sur Amazon les fournitures
introuvables nulle part ailleurs et en vérifiant que la note fournie par le
collège "Comment aider votre enfant à réussir son entrée en 6ème, est totalement assimilée, pour éviter le hors sujet.
Bienvenue dans le monde de la copie grand format
perforée mais pas trop, de l’emploi du temps à trous et de l’interrogation
surprise : "Comment aider les parents à réussir leur rentrée de 6ème". Vous avez 2 heures.
très bon post...mais ça fout un peu le bourdon de repenser à la rentrée... :-))) j'avais oublié....
RépondreSupprimerC'est vrai et en même temps c'est plus les parents finalement qui en bavent non ?
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