dimanche 17 décembre 2023

Mon dico des expressions : "ÇA VA ÊTRE FROID"

 



a va être froid" : expression intemporelle du fin fond de la cuisine.

Expression employée par la maîtresse de maison ou le maître, évitons toute interprétation d’un texte féministe mais force est de constater que l’homme cuisinant pour sa tribu ne constitue pas encore la norme.

Phrase généralement prononcée à haute voix. On sent dans l’intonation, l’exaspération de la personne qui l'énonce à l’attention le plus souvent, de ses enfants qui prennent leur temps pour rejoindre la cuisine. Avant d’en arriver à cette menace qui n’effraie manifestement personne, il y aura eu au préalable a minima deux ou trois "A table" qui n’auront pas suffi à mobiliser les troupes aimantées par leurs activités respectives.

Nous-mêmes avons été acteurs des deux camps :

- Enfants ou adolescents, nous nous souvenons de ces fois où l’odeur de chou-fleur qui embaumait toute les pièces de la maison, ne nous incitait pas forcément à nous précipiter autour de la table. A moins que ce fut une activité que nous estimions être tellement plus prioritaire qu’un repas chaud : le dénouement de l'épisode 505 de La Petite Maison dans la prairie (que l'on a déjà vu à trois reprises), un chapitre presqu’achevé, une conversation téléphonique avec sa meilleure amie pour parler de la boum d’hier.

- Mères (ou Pères), nous sommes à notre tour outrées par l’attitude de nos enfants que nous jugeons indigne, irrespectueuse, alors que le four à micro-ondes peut réconcilier tout le monde en quelques secondes… 

Il y a sans doute dans le "Ça va être froid" une forme d’appel au secours, de besoin de reconnaissance et d’envie de perpétuer des expressions familiales qui malgré tout nous font sourire, tant les souvenirs associés sont encore bien présents.


dimanche 10 décembre 2023

Mon dico des mots : RÉCONFORTANT

 

"Réconfortant" : adjectif hypocrite.

Il fut un temps où ce mot était surtout utilisé pour mettre en avant le côté consolant, apaisant d’une attitude ou d’une parole. De nos jours, il s’agit plutôt d’un Adjectif hyperactif en cette saison pluvieuse et donc au bord du burn-out tellement il est employé sur les réseaux et par nous-mêmes à toutes les sauces, j’ai envie de dire.

Se dit d’un plat ou d’un dessert particulièrement habilité à laisser des traces longue durée sur les  HVF (hanches ventre et fesses). Clairement on ne dira pas d’un plat de brocolis bouillis qu’il est réconfortant alors qu’une bonne tartiflette ou une montagne de profiteroles peuvent y prétendre, peu importe le sentiment de culpabilité qui risque de se déclencher derrière. En cuisine, Il s’agit par conséquent d’un adjectif fourbe et sans scrupule qui cherche à nous amadouer et nous donner le sentiment que moralement nous irons mieux en ingurgitant du réconfort à base de gras et ou de sucre. 

Et ce qui est réconfortant c’est de savoir que je ne suis pas la seule à me faire avoir par le poids de ce genre de mots…


dimanche 19 novembre 2023

"Larguez derrière"



On entend souvent parler de la magie de Noël ; évoquer la magie de l’ile d’YEU me semble tout aussi pertinent. Prendre le bateau pour s’y rendre, contribue à n’en pas douter, à cet état d’esprit magique. Il y a dans l’étape de la traversée, une atmosphère enveloppante unique, comme une phase de déconnexion à l’autre monde. 

J’ai la chance d’avoir embarqué à bord de l’Auguste Durand et de La Vendée. Je conserve de ces traversées, des containers de souvenirs à commencer par les sprints sur le ponton en bois de Fromentine, les bras chargés de sacs, sous les encouragements des passagers installés à bord et applaudissant les retardataires. Un état d’esprit bon enfant envahit ces moments de traversée. Que l’on se retrouve en familles, entre cousins ou amis, ce temps précieux passé en mer nous met dans les meilleures dispositions avant de débarquer sur l’ile d’YEU. Comme un sas de décompression , "ça y est, on y est, les vacances peuvent commencer". 

Alors parfois ce sas est quelque peu tourmenté. Sujette au mal de mer, je considère malgré tout la traversée comme l’épreuve logique à surmonter pour avoir le privilège de poser ses valises sur l’ile. Et par gros temps, le "Larguez derrière" en provenance des hauts parleurs, marque le déclenchement d’une petite heure d’angoisse : la traversée sera-t-elle avec ou sans sac discrètement mis à disposition des passagers ?

Je sens encore l’odeur de l’épaisse fumée noire qui se dégageait en paquets de nuages, depuis les cheminées de La Vendée au moment du départ. Il faut attendre d’être passé sous le pont de Noirmoutier (que l’on est persuadé de cogner avec le mât) pour avoir réellement une idée de l’humeur de la mer. 


C’est une époque où tous les bateaux de la compagnie Yeu Continent offrent le privilège de vivre la traversée à l’air libre, option parfois salvatrice  pour les plus nauséeux. Dehors à l’arrière de La Vendée, sous le auvent, une cinquantaine de vélos de toutes tailles et de tous âges s’entassent, à se demander comment chacun va pouvoir retrouver et récupérer sa monture à l’arrivée. Des amas de cordage disposés sur des palettes permettent à quelques passagers de s’assoir : mais il faut être rapide car ces emplacements de luxe humides et salins sont, contre toute attente, fortement convoités. Des parties de cache-cache se déroulent entre les voitures parfois stationnées sur l’espace arrière bas du bateau. Le chargement de ces voitures constitue d’ailleurs avant le départ, une prouesse observée par de nombreux passagers. Depuis sa cabine sur le pont supérieur, l’un des marins de l’équipage actionne le mât de charge afin de soulever à l’aide de cordages positionnées sous les roues, le véhicule  stationné au bord du quai. Il repose l’ensemble à bord, avec plus au moins de délicatesse…


Dans le salon aux teintes marron contestable (mais en même temps vintage), les banquettes en skaï jaune attirent des tribus entières qui s’installent, avec la ferme intention de ne plus bouger jusqu’à l’arrêt du bateau. Les pleurs des enfants devenus blancs, les aboiement des chiens couchés mais troublés par le roulis,  risquent de perturber ce faux moment de tranquillité, dans cet espace très souvent surchauffé. Du côté du comptoir du bar à l’avant du salon, les pieds marins chanceux et les membres de l’équipage se retrouvent pour un remontant ponctué de discussions fortes et de rires communicatifs. 


A l’extérieur, il y a ceux qui passent la totalité de la traversée, debout les jambes écartées pour pouvoir maintenir une vague stabilité face au tangage engagé. Ils fixent l’horizon du continent et prennent plaisir à voir le pont se perdre dans le lointain. 

Les enfants savourent leur bonheur de pouvoir organiser des expéditions à la découverte des recoins déjà rouillés du bateau ; ils courent dans les allées, descendent et montent les escaliers en perdant parfois l’équilibre du fait de la houle levée.

Sentir le vent qui joue avec les vagues pour couvrir d'embruns nos visages, assister aux percées du soleil aux travers des nuages, pour maintenir la réputation d’un micro climat incontestable, sont comme les premiers signes de bienvenue sur l’ile.

Généralement à mi parcours, si l’on se penche à bâbord, on commence à distinguer une forme sombre qui habille l’horizon. C’est à celui qui apercevra l’ile le premier et cela provoque toujours la même excitation ; l’objectif tant attendu pendant des mois est enfin à portée de vue comme un trésor à portée de mains. Et pour les estomacs les plus fragiles, la repérer même vaguement est un placebo de fin du calvaire.

La mer elle aussi décide de reprendre ses couleurs : en quittant Fromentine, elle était grisâtre,  jaune opaque de sable dérangé par les manoeuvres des bateaux. Plus le navire progresse vers son cap, plus l'eau reprend des teintes d’encre bleu foncée, assurément marine. 

Les maisons blanches du Port et la tour de la Citadelle sont maintenant visibles ;  la mer s’est disciplinée pour pour nous permettre de nous imprégner des premiers instants de vie perceptibles sur l’ile. On distingue les voitures, l’hélicoptère vient de décoller avec à son bord des passagers pressés,  les terrasses des cafés ont l’air d’être bien occupées. 


Une fois l’amarrage effectué, la sortie du bateau est une pagaille systématique, entre ceux qui cherchent à récupérer leurs sacs déposés à l’avant et les autres qui, en sens inverse, veulent sortir au plus vite, pour fouler la terre ferme. Et puis tout de suite après, au niveau de l’embarcadère, s’en suit l’embouteillage d’embrassades entre les arrivants et ceux venus les accueillir : "Vous nous apportez le beau temps on dirait !". 

D’ici quelques minutes la foule aura déserté cet endroit, les bateaux amarrés pourront profiter de leur tranquillité retrouvée à l’abri de l’agitation du port,  avant l’heure de la prochaine liaison vers le continent.

Quand nous repartirons et réembarquerons, la mer aura le plus souvent l’élégance de nous servir une traversée apaisée avec le vent dans le dos, comme pour nous permettre de mieux digérer ce départ qui nous pèse. Le retour semblera plus court qu’à l’aller mais suffisant pour diffuser dans nos têtes des couleurs, images et souvenirs ancrés, riches en intensité. 

On croisera parfois l’autre bateau parti de Fromentine et l’on envie ses passagers qui vivent l’excitation de l’arrivée alors que l’on nage présentement dans une écume de nostalgie. 


Et c’est aussi ça la magie de l’ile d’YEU et de sa traversée, avoir le temps nécessaire pour prendre conscience de ce que représente cette ile à nos yeux et dans notre coeur.


Merve'YEUsement vôtre

samedi 28 octobre 2023

Chronique d'un aspirateur dénoncé

Copyright "Les Gourdasses"

Oh je sais très bien ce que vous vous dites après la lecture du titre : "elle ne va quand même pas nous faire un sujet de mé(na)gère quinqua ?!" Ou plus prosaïquement : "ça y est elle a définitivement pété un fusible". Alors je vous rassure, mes connexions internes se portent à merveille (enfin je crois) et oui je vais vous parler de mon aspirateur parce qu’il a intégré la catégorie ennemi public numéro un dans mon appartement. 

Lui et moi entretenons une relation régulière depuis plusieurs années à une fréquence moyenne hebdomadaire et le temps n’arrange pas les choses, bien au contraire. Nous ressemblons à un vieux couple qui ne peut plus se supporter mais qui en même temps, ne peut se passer l’un de l’autre. J’ai besoin de lui pour conserver un environnement sweet-home et lui de moi, pour le sortir de son placard dans lequel il est incarcéré en semaine, contorsionné entre la table à repasser et l’escabeau. 

Je redoute ce moment où j’ouvre la porte du placard pour le sortir et relier le tube flexible avec la partie dite traîneau ; je sais qu’en contrepartie d’aspirer, il va m’en faire baver. Tout commence une fois que la bête est branchée. Le faire (péniblement) rouler en tirant sur son flexible, se termine par un blocage des roulettes contre son propre fil électrique ; ou alors, le traîneau se retrouve sur le dos comme Caroline la tortue (on ne va pas se mentir, les tortues s’appellent toujours Caroline). Cette tortue aspirante en profite bien entendu pour rayer au passage le parquet avec sa carapace en plastique. Je sens à cet instant une pointe d’énervement se former dans mon cerveau alors que jusqu’ici, ma séance de ménage se déroulait sous les meilleures auspices : équipée de mes airpods, je vaquais à cette activité en me délectant du podcast des Grosses Têtes (@ruquierlaurent, @lesgrossestetes) téléchargé pour l’occasion. Et là vous vous dites que je suis réellement rentrée dans le cliché parfait de la ménagère quasi ménopausée mais je vous signale que des jeunes écoutent également cette émission. Alors oui, ce n'est pas forcément la majorité des auditeurs mais quand même, ça (me) fait du bien de le mentionner (#jeunesseéternelle). 

Ce constat étant fait, revenons en à nos moutons enfin ceux que mon aspirateur est censé avaler. Pourquoi faut-il que l'élément brosse à aspirer refuse régulièrement d’épouser l’orientation du sol, ce qui nous oblige à faire des gestes amples avec ce p… de manche, pour que la partie balai aspirateur se retrouve dans l’axe du sol ? Régulièrement en pratiquant cette manipulation, je ne manque pas de me cogner un bras ou un coude contre un meuble. Cette douleur sans importance débloque tout de même un nouveau palier d’énervement que je parviens à maîtriser en pratiquant sur moi même 2 ou 3 inspirations/expirations à la mode @petitbambou_fr). J’en profite également pour monter le son des Grosses Têtes, quitte à être aspirée par les coups de gueule corses et corsés de Christine Bravo (@christinebravotourdumonde) ou le rire hystérique communicatif de Yoann Riou (@yoannriou). Je reprends donc mon labeur avec mon aspirateur qui parfois sans aucune raison, refuse d’avaler une simple poussière. Et puis inversement alors que je ne m’y attends plus,  un objet non identifié mais au son bien distinct, parcourt le tube, signe qu’un corps lourd étranger se trouve à présent dans l’estomac de l’appareil. Alors par acquis de conscience d’un trésor pris au piège de l’animal, j’appuie une fois ou deux sur le bouton OFF (pour je ne sais quelle raison, l'appareil ne s’éteint que très rarement dès la première pression), j’ouvre le capot du traîneau et farfouille au milieu des divers corps poussiéreux présents dans ses entrailles. Ma main dégoutée au milieu de cette amas mou comme une toile d’araignée gigantesque, finit par tomber sur un capuchon BIC (mâchonné bien évidemment)… Tout ça pour ça.

Je passe d’une pièce à l’autre en débranchant/rebranchant le traineau quitte à me péter le dos (fais gaffe tu n’as plus l’âge). Parfois je décide de caler le tube télescopique et son flexible contre le mur, le temps de ranger un truc annexe. Pourquoi faut-il que ce tube perde l'équilibre et finisse par basculer sur le sol en prenant le soin d’embarquer dans sa chute un objet de préférence cassable ? Je suis présentement en zone rouge de mon quota d’agacement, ce qui déclenche une injure prononcée rageusement à haute voix et qui couvre le contenu de la valise RTL (@RTL) ; en même temps je te rappelle que tu écoutes un replay : ces déconvenues successives avec mon aspirateur semblent me faire perdre la raison (#volaudessusdunnidepoussières). 

Je termine mon ménage et essaie de placer l’engin dans un endroit non gênant avant de l’utiliser une dernière fois. Systématiquement il encombre la pièce, s’étend volontairement de tout son flexible pour bien me faire comprendre qu’il est maître des lieux et que face à lui je ne suis que …poussière. Je m’y cogne, me prends le pied dans le fil et atteins les limites de ma zone d’inconfort. Alors quand vient le moment du rangement, je passe en mode soulagement malheureusement vite balayé par l’épreuve du fil qui refuse de s’enrouler correctement malgré les appuis répétés sur la pédale prévue à cette effet.

A ce stade, j’en arrive à penser que mon aspirateur me fait payer sa vie de cachot du reste de la semaine. Effrayée par cette idée, j’ai donc interrogé mon cercle d’amies proches pour savoir si j’étais une tortionnaire et le constat est sans appel : l’aspirateur est systématiquement coincé voire démembré dans un placard ou cagibi, réduit à son plus simple appareil pour occuper un espace insuffisant mais qui devra faire l’affaire, parce qu’il n’y a jamais davantage de place ailleurs. 

A ce jour, je reste sans solution et qu’on ne me parle pas de « Dys-bip » au prix exorbitant et dont l’efficacité face au bon vieux modèle traineau reste relative (le modèle traineau équipe à ce jour 3 foyers sur 4 , parfaitement Madame ou Monsieur #fucklesmachos). Je n’ai donc à date pas de recette miracle pour contrer cette poussée d’hormones hystériques invasives. Mais je me dis qu’à 53 balais et des poussières, je devrais mettre tous ces petits tracas sous le tapis ou dans un sac et aspirer à plus de sérénité. 

samedi 14 octobre 2023

Eloge de la plage des Sabias en été (Ile d’YEU)



Lorsque je peine à m’endormir ou en cas d’insomnie, je dispose d’un remède infaillible : je ne compte pas les moutons mais j’ouvre le tiroir YEU de mon cerveau et je sélectionne Plage des Sabias. Les images, sons et odeurs que mes neurones conservent précieusement, me permettent de m’apaiser et de retrouver le chemin du sommeil.

Je côtoie cette plage depuis une cinquantaine d’années grâce au choix merve’YEU de mes parents d’installer leur résidence secondaire à l’ile d’YEU dans le village de Ker Chauvineau. J’ai grandi avec elle, qui représente à mes yeux et dans mon coeur, la plus belle plage de l’ile par sa beauté naturelle mais également par son atmosphère unique en son genre, ainsi que les souvenirs qui vont avec.


C’est une plage paisiblement accessible avec cette route en pente douce permanente depuis Ker Chauvineau. Qui n’a pas fait la course à bicyclette sur cette ligne droite tentatrice ? Qui n’a pas essayé de s’accrocher à l’arrière du petit train dont la lenteur nous freine dans notre élan ?

Puis vient le dernier virage qui ouvre cette perpective du Vieux Château qui paradoxalement ne prend pas une ride. La plage au sable clair accompagnée de son eau scintillante fait son apparition, alors que le freinage dans la descente s’impose, pour garer sa monture. Sur le bord de la route, les cabanes blanches islaises parfaitement entretenues, semblent veiller sur elle, de leur fenêtre borgne. Derrière ces cabanons, la petite maison aux volets bleus, avec sa grande fenêtre arrondie sur le haut, constitue mon fantasme de lieu idéal, pour trouver l’inspiration d’une écriture parfaite. A l’intérieur devant la fenêtre, j’imagine un écrivain penché sur  sa machine à écrire Remington qui absorbe les mots dictés par une vue de château.

Puis un peu plus haut dans la lande, la pointe du Châtelet et son imposante croix, semblent vouloir nous sensibiliser à la mer et sa dangerosité encore trop naïvement insoupçonnée.  


L’été, comme les occupants de cette plage, la mer prend souvent des congés d’agitation : sur ce rivage blottie entre deux barres de roches, le vent n’est que très rarement convié et incite les vagues à vivre une sorte de chômage technique. En plus d’être nonchalantes, elles sont quasi inexistantes et terminent leur bref parcours de vie sur le sable ou sur nos pieds, sans l’once d’une agressivité.

Même les bateaux de plaisance ne s’y trompent pas, cette anse constitue le mouillage absolu. La cohabitation avec les embarcations des pêcheurs à la journée, se fait sans vagues sous le contrôle des Ours, groupe de rochers parfaitement visible à marée basse et qui par son emplacement central, signe la limite de cette baie idéale. 


Il est bien loin le temps où nous pouvions savourer le calme d’une plage encore peu connue des estivants. Je me souviens de cette époque où nous arrivions dès 13h, pour partager en familles des pique-niques 4 étoiles, aux desserts composés de feuilletés, chaussons brisés et autres spécialités islaises inégalées (@lapatisseriemousnier). A cette heure, la plage nous appartenait. Les familles islaises, des femmes majoritairement (les hommes étant en pêche), débarquaient vers 16h en tribu, accompagnées d’une cargaison d’enfants tous plus bronzés les uns que les autres. Les groupes s’installaient toujours au même endroit, comme si la plage avait ses emplacements réservés. On plantait les parasols, on calait les fauteuils dans le sable et ça discutait sec, en tricotant gaiement. Du haut de mes quelques années,  allongée sur ma serviette, je prenais, je l’avoue, un délicieux plaisir à tenter de décrypter le patois vendéen débité à la vitesse de l’Amporelle (vitesse toute relative mais ceux qui ont connu les traversées dans l’Auguste Durand ou la Vendée, comprennent  la comparaison) @yeucontinent.


Les années passant, cette plage au grand calme s’est vue progressivement colonisée par toutes ces familles d’estivants à la recherche d’espace de jeux, et de mares à crevettes pour leur progéniture. Les recoins, piscinettes d’eau salée, petits et grands rochers se révèlent à marée basse et prennent leur rôle de Super Nounou, au grand bonheur des parents qui en profitent pour tenter la baignade. Encore faut-il passer par le supplice des pieds, causé par la bande de cailloux qui ralentit la progression vers cette eau jugée parfois trop fraîche.  

Mais quel bonheur ensuite de rentrer progressivement dans cette mer translucide, en pente douce. On en vient même à apprécier ces rochers sablonneux recouverts d’algues vertes aux allures de salade qui, dans l’eau, apaisent les plantes des pieds encore endolories de la descente caillouteuse.

On se fixe le défi de nager jusqu’au petit bateau de pêcheurs amateurs, le Paul Arthur, nom composé des prénoms des petits fils de ces deux familles qui partagent depuis un demi siècle, le même amour inconditionnel pour l’ile d’YEU et qui collectionne une marée de souvenirs à fort coefficient.

 

Tous les enfants sont rois sur cette plage facile et leurs cris sont parfois mis en sourdine par le survol des avions de tourisme dont la piste d’atterrissage se situe dans l’axe des Sabias. Même habitués, on continue à trouver que cet avion aux lettres et chiffres que l’on peut lire trop distinctement sous ses ailes, vole décidément à très basse altitude. 

Quand le soleil commence à baisser sa garde et que l’heure du dessalage/dessablage des petits est proche, la plage se vide d’un coup. Le camion snack remballe ses glaces rescapées de la cohue du goûter.  Les chanceux, encore inconscients de leurs flopées de coups de soleil, peuvent à présent pleinement profiter de jeux de plage ou d’une ultime baignade facilement atteignable à la marée montante. Les groupes de jeunes ados, allongés en étoile de mer, organisent le rendez-vous du soir sur le port. La lumière est sublime, apaisante et transmet ses reflets sur les visages rayonnants.    

Le château sur son promontoire de roche, revêt sa teinte orange inimitable . Les bateaux ivres de soleil et de sel, rentrent de leur partie de pêche. Ils sont parfois suivis par une horde de goélands bruyants qui se battent même en l’air pour tenter de récupérer un morceau du butin.  L’arrivée des pêcheurs en canot sur la plage est parfois périlleuse ; il faut gérer la fourberie des vaguelettes, pour éviter la chute en descendant de la barque. Quelques baigneurs curieux viennent à la rencontre des pêcheurs qui remontent leur annexe vers le haut de la plage. A cet endroit, les petites embarcations se retrouvent collées serrées et semblent partager les exploits de la journée passée. On montre discrètement le contenu de la pêche miraculeuse, enfouie dans un sac Super U pour ne pas attirer l’attention : maquereaux, congres, bars et même parfois, on peut apercevoir les antennes d’un homard….


Du coté des cabanes islaises, les barbecues s’affairent : les première effluves de fenouil sauvage et de poissons grillées, chatouillent nos narines alors que nous nous apprêtons à remonter sur nos vélos. On resterait bien avec les habitants de l’Ile, pour partager un verre et discuter ensemble du temps qu’il fera demain.  Mais tout naturellement, les vacanciers s’éclipsent pour laisser aux islais le privilège de savourer le calme retrouvé et le spectacle de la lumière du coucher de leur île. La lune prendra le relai et posera sur la mer des reflets de cuivre martelé. 


Demain, les Sabias auront une toute autre allure, les vents auront tourné et sont à présent plein sud. La plage est méconnaissable mais toute aussi sublime. La mer est délavée dans des tons gris vert brassés, comme lessivée par la force du vent. Au loin, le socle rocheux du château est en pleine séance de jacuzzi géant. Les vagues sont maintenant formées et laissent sur le sable des traces d’écume éphémère, qui parfois vole dans les airs, comme des flocons d’été.

En haut de la plage, sur la dune, on distingue une ou plusieurs silhouettes hypnotisés par le spectacle mais qui surveillent également que les bateaux amarrés ont le coeur et l’encre bien accrochés. 


Ainsi vont Les Sabias, anse à l’équilibre parfait des éléments qui la composent : taille, sable, rochers frôlent le sur-mesure. Et puis ce petit quelque chose en plus, que je ne saurais expliquer mais qui m’oblige à m’y rendre régulièrement, dès que j’ai la chance de retourner sur l’ile. Se poser sur un rocher, contempler l’horizon, marcher, respirer les Sabias, faire le plein d’une énergie iodée et de bonnes vibrations que je pourrais utiliser comme un anticyclone, en cas d’une humeur météo que je qualifierais d’instable...


Merve’YEUsement vôtre


dimanche 3 septembre 2023

"Rentrez bien"




Inutile d’avoir le compas dans l’oeil pour réaliser que la rentrée aura lieu la semaine prochaine. C’est bien simple, les médias et réseaux sociaux semblent depuis quelques jours, s’être passés le mot pour nous harceler d’une spirale de conseils en tout genre pour bien réussir sa rentrée.  

On ne va pas se mentir, les vacances pour beaucoup d’entre nous, sont plus que scotchées dans nos esprits et ce sable de plage qui tombe de la serviette que l’on s’apprêtait à mettre dans la machine à laver, déclenche sur nos visages (qui ont encore bonne mine) un sourire nostalgique. On aimerait encore tellement y être ; et comme à chaque retour, on se fait la réflexion que c’est passé beaucoup trop vite. Nos téléphones portables sont blindés de photos que l’on sait qu’il faudra prochainement classer pour éviter la saturation du cloud. Certaines d’entres elles sont quasi identiques mais c’est toujours la même chose, on a du mal à les supprimer comme si on risquait de déchirer une page de nos vacances.

 

Il est plus que temps de se remettre d’équerre et d’entamer la reprise d’une vie bien réglée. A commencer par les horaires qui ont fait l’école buissonnière pendant ces quelques semaines. Repas, Lever, Coucher vont devoir retrouver leur format classique pour éviter les ratures. L’Apéro et le rosé qui avaient pris leurs quartiers d’été, se feront plus discrets et resteront dorénavant, plus souvent en fond de cours ; il s’agit d’être  raisonnable raisinnable…

Les jours voient leur motivation baisser comme pour nous préparer à ne plus compter sur eux pour jouer les prolongations de vacances achevées. Certains d’entre nous parviendrons néanmoins à tricher, en emprisonnant l’été dans un bocal de confitures de mûres millésime 2023.  

Mais la chaleur estivale et le soleil de septembre semblent bien épanouis et retardent encore un peu, l’apparition de nos mines de papiers mâchés…Les tomates burrata sont loin d’être gommées ; elles ont bien au contraire encore leur mots à dire, aux côtés des figues fraîches qui commencent à trépigner sur les marchés.


Allez c’est parti, chacun va vivre sa rentrée à sa façon et contre toute attente, ça finira par aller. La reprise du boulot et son stress associé, le départ de la maison d’un ou plusieurs enfants devenus étudiants, le changement de lycée, une envie de bouger, de changer de fonction,  tous ces projets et pensées qui nous traversent l’esprit et qui nous font réaliser que nous sommes bien en vie.

Rentrez bien.

dimanche 20 août 2023

Camping Paradise



Si l’on m’avait prédit il y a 4 ans que je deviendrais une habituée des vacances en village camping, je ne l’aurais bien sûr pas cru une seule seconde et aurais demandé sur le champs le remboursement de ma séance de boule de cristal. Je ne dénigre pas ce type de vacances mais il faut bien avouer que je suis davantage fan de semaines en maison de bord de mer en famille ou entre amis, blindés d’enfants pour notre tranquillité. Mais le divorce est passé par là et une fois épuisée la carte potes, parents, il reste souvent une semaine à occuper avec mon fils de 16 ans. Qui dit 16 ans, sous entend :
- ne pas avoir sur le dos sa daronne d’amour parfois un peu relou (wech). 
- ne pas dépendre des horaires de son fils pour démarrer des activités (wech aussi)

L’option camping s’est donc tout sauf naturellement proposée à ma réflexion. Par camping, il faut bien entendu comprendre bungalow ou cottage (termes manifestement plus vendeurs que simple mobil-home). J’ai passé l’âge de la tente Quechua que j’aurais de toute façon été incapable de déplier… Et puis soyons honnête, j’aspire à un minimum de confort d’où la formule impérative du fameux cottage où chacun dispose de sa chambre, ce qui m’évite d’être confrontée à la pyramide de fringues de tous genres, accumulées par terre de jour en jour…

J’en suis à ma troisième année consécutive mais pour autant je ne suis pas une adepte inconditionnelle. Cependant si j’y retourne, c’est qu’il répond à mon objectif premier, faire plaisir à mon fils ma bataille pour ceux qui ont la ref’ ; ce type de vacances permet avant tout d’avoir un ado content (bel oxymore) et qui n’attend qu’une chose, c’est de pouvoir retrouver sa tribu aux signes distinctifs des cheveux sur les yeux et des voix qui déraillent.

Revenons-en au commencement, la recherche sur internet… Ma première expérience sur la toile fut très formatrice ; je me souviens avoir été séduite par l’emplacement d’un camping face à la mer avec accès direct à la plage. Puis les photos du "Lodge, sweet home originale toute de bois vêtue" m’avaient littéralement conquises. J’avais été fort étonnée qu’un tel logement soit encore disponible sur le site. J'ai compris en arrivant sur place : je ne m’étais pas aperçue que les murs et le toit de cette charmante bicoque aux allures de cabanon pour Robinson Crusoe CSP+ , étaient en toiles de voile bateau. Imaginez la suite, ce Lodge face à l’océan atlantique, était en permanence en proie au vent et le niveau de décibels générés par la toile claquant sur la charpente était tout simplement intolérable de jour comme de nuit…Inutile de préciser que les années suivantes,  les locations ont été étudiées à la loupe double foyer, le critère numéro 1 étant la tranquillité. 

Oui parce que je ne suis pas une grande fan de ambiances type jeux apéro, choré dans la piscine et autres réjouissances de cet acabit. Alors quitte à payer un supplément à la réservation, j’indique que je souhaite être au calme. Je dois être depuis, répertoriée dans les fichiers onglet clients relous à tendance associable. Pourtant lors de ma première expérience, j’ai essayé de m’intégrer, de passer outre mes a priori. Je me suis donc rendue au pot de bienvenue : "Allez vas-y, tu vas peut-être rencontrer des gens sympas et qui sait tomber sur un père célibataire ." (parole bienveillante de mes amis qui suivent mes aventures à distance avec délectation). J’ai compris en récupérant auprès d’un gentil animateur mon verre en plastic de rosé chaud et en regardant autour de moi, que mon intégration serait compliquée : âge moyen 35 ans, 0 famille monoparentale, je constitue l’exception… Quand Gérard (Gégé pour les intimes) sur l’estrade déjà tout rouge de rosé, a commencé à vouloir garder le micro après avoir enchainé au karaoké 3 chansons de Johnny, je me suis dit qu’il était temps pour moi de retrouver mon tout sauf "sweet lodge"…

J’ai remplacé le rosé chaud par du vin blanc bien frais (en provenance de ma propre cave, une valeur sûre) que je me suis servie sur mon espace terrasse (en plein vent) dans un verre du type cantine, absolument incassable sur un lino de rigueur. Personnellement, côté équipement culinaire, j’embarque toujours dans mes valises un tire bouchon de chez moi pour éviter de me broyer les mains avec le limonadier local systématiquement proposé. J’emporte aussi un couteau qui coupe, puisque ceux mis à disposition ne remplissent que très rarement cette fonction. 

J’ai également appris au fil des années qu’il fallait prévoir un kit culinaire et ménager de premiers secours (sel, poivre, produit à vaisselle etc…) pour éviter de payer à la supérette du camping, 10 euros la petite bouteille de ketchup.


Mais me direz-vous que fais-tu de tes journées alors ? Je me rends à la piscine en horaire décalé pour éviter le bain de foule et le pédiluve associé. Le complexe piscine est également un critère de sélection du camping : obligation de la présence de toboggans multivirages insupportables qui drainent de l’ado en grappe et d’un bassin plus calme pour adultes consentants. J’ai d’ailleurs fini par céder à l’appel de la tongue qui, quel que soit le camping, règne en maître absolu à l’entrée de l’espace piscine.

Depuis ma chaise longue, je bouquine, j’observe les familles. Je me régale quand je vois cet homme qui après avoir fait quelques longueurs sans se soucier des baigneurs, sort de l’eau torse bombé, les muscles en avant puis, pour je ne sais quelle raison, perd l’équilibre en remontant sur le bord et retombe lourdement dans le bassin. Ressortir dignement dans ce cas,  est mission impossible et moi je pouffe ouvertement. Puis vient cet animateur qui se fige devant moi en me cachant le peu de soleil pour me proposer : "ça te dit une séance d’aquagym, allez viens ça va être sympa". Le tutoiement, surtout ne pas faire l’étonnée et juste lui répondre : "Non merci t’es sympa mais je viens de me faire un running de 15 km". En une phrase et au détour d’un court mensonge de 13 km,  je viens d’assoir mon statut de daronne stylée.


Côté destination, Je choisis généralement des endroits qui me permettent de visiter les alentours, pendant que mon ado dort. Cette année avec le temps exécrable, j’ai un peu regretté d’avoir opté pour les Sables-d’Olonnes, parce que la région n’a rien d’exceptionnel et je n’étais pas particulièrement tentée par le muséum du coquillage. 

J’avoue également passer un certain temps à me balader au sein des allées du camping pour admirer les  tentes palace des Hollandais, qui vont jusqu’a prévoir le canapé d’angle gonflable extérieur, les guirlandes lumineuses ou les pots de fleurs pour délimiter leur emplacement. 


Je retrouve généralement mon fils pour les repas qui ne durent jamais plus de 30 minutes parce qu’il a rendez-vous avec ses nouveaux amis et ne veut surtout pas être en retard.  Cette demi-heure est largement suffisante pour constater à quel point il est heureux. Je le sais d’avance, à la fin du séjour il me dira : "C’était trop stylé Maman, faudra revenir l’année prochaine." 

Mission accomplie.


lundi 31 juillet 2023

Port-Joinville, 7h30 un jour d'été




J’ai la chance depuis mon plus jeune âge, de passer une partie de mes vacances à l’Ile d’Yeu. J’y suis précieusement attachée et je puise chaque été, un stock de ressources en lumières, sons,  parfums, couleurs et paysages, dont je ne me lasserai jamais. Les années passant, j’ai l’impression que la folie touristique s’amplifie mais s’il est un moment qui reste préservé, c’est celui du matin, sur le port, alors que la plupart des vacanciers dorment encore.

Pour s’y rendre, le trajet à bicyclette est déjà un avant-goût délicieux. La fraîcheur du vent  discret du matin, agit sur le visage comme une lotion tonique. Les routes toutes désertes, sont bordées de maisons blanches, dont les volets colorés, lovés l’un contre l’autre, donnent aux façades immaculées, un air paisible de visage endormi.
A l’arrivée sur le port, la lumière est toute douce et le ciel nuageux peut admirer son reflet dans une mer reposée, disciplinée, qui n’a pas encore fait de vagues. L’eau dans le port est lisse et les seules rides observées, sont celles provoquées par les rares bateaux qui ont attendu le petit matin pour discrètement mettre les voiles

Port-Joinville n’est pas encore "habillé" ; on sort tout juste les premières tables et chaises des cafés qui ont veillé tard la nuit et qui frôlent la gueule de bois. Les pyramides roulantes de cartes postales sont en cours d’installation. Les stands du marché aimeraient faire la grasse matinée mais le poulet doit rôtir et les tartes aux pruneaux dans leur épais papier blanc crème, attendent d’être embarquées au-dessus des paniers à bicyclette.
Le Café du centre lui, est déjà animé par tous ses habitués venus prendre un remontant, échanger quelques mots avant d’embaucher pour la journée. Maryline (@marylineyeu) savoure sa boisson, face au port, après avoir posté sa photo de paysage islais et son message de bonne humeur du jour. 
Plus loin sur le quai, une courte file indienne s’est formée devant le petit chalutier qui vient d’accoster pour y débarquer son butin matinal, des sardines fraîchement pêchées.
Le port est silencieux à l’opposé des mouettes qui, en plus d’être rieuses, sont déjà très bavardes. 
Les parcs à vélo savourent leurs derniers instants de quiétude avant la proche colonisation. Dans une poignée de minutes, retrouver son deux-roues relèvera de la prouesse visuelle.
Le soleil donne à présent à la mer des reflets tout dorés, que mêmes les goélands de leurs regards agressifs, prennent le temps de contempler, avant de s’envoler vers les diverses destinations  de la côte sauvage.

Derrière, dans les ruelles du port, ça sent le croissant chaud et la brioche tressée. Il est temps de rentrer, la foule va débarquer. Port-Joinville est maintenant prête ;  Alain Duhamel ira dans la matinée s’installer comme à son habitude, pour lire sa presse, à une terrasse de café encore partiellement occupée. La Reine de la Gaufre ouvrira ses portes, et de là-haut, sur son nuage de chantilly, Tatie Bichon observera ce port en pleine activité jusqu’à la nuit tombée.

dimanche 16 juillet 2023

L'après post sur les sites de rencontre



Dimanche dernier le site internet d'actualités Le HuffPost a publié mon article  "Mythiques rencontres",  en prenant soin de lui attribuer un autre titre que le mien pour permettre "d’appeler un peu au clic". Résultat, "A 50 ans je découvre les sites de rencontre et c'est l'enfer", a généré 180 000 clics …

Pour répondre à une question qui m’a plusieurs fois été posée, non il ne m’ont pas volé mon article. N’importe qui peut envoyer par mail un témoignage de son choix (temoignage@huffingtonpost.fr) : c’est ce que j’avais fait une semaine plus tôt et avais été dans la foulée contactée pour apporter quelques précisions à mon texte, notamment développer mon ressenti au restaurant… Entre le texte publié sur mon blog et l’article paru, il existe à quelques endroits de très légères différences car ils se donnent le droit de modifier certaines tournures de phrases ou vocabulaire employé… Rien de bien méchant car l’idée que l’on souhaite exprimer est conservée.


On m’avait prévenue que l’article serait mis en ligne le dimanche à 7h30 ; inutile de vous préciser qu'au lieu d'être à ma rituelle salle de sport du dimanche pour les lèves tôt dont je fais partie,  j’étais figée devant mon écran à attendre sa sainte apparition. Alors oui, j’avoue, j’ai éprouvé un sentiment de fierté d’avoir été publiée et surtout d’avoir osé aborder un sujet ultra personnel qui a suscité de multiples réactions les jours qui ont suivi, preuve que le sujet questionne.

J’ai suivi les réactions toute la journée du dimanche, notamment sur le compte Facebook du HuffPost dont certains commentaires acides ne se sont pas faits attendre et j’y laisse la patte orthographique  :

« Elle découvre les sites de rencontre à 50 ballets et elle est devenue experte en la matière ». 

J’avoue qu’en lisant cela, je me suis dis que j’avais peut être eu tort et que l’on me prêtait de fausses intentions. Mais rapidement une lectrice est venue à ma rescousse en lui répondant ce que mot pour mot j’aurais voulu lui dire : « elle ne fait que relater son expérience. Vous êtes touché par le critère orthographe visiblement… Femme de 50 BALAIS et lucide sur les pauvres mecs qui peuplent ces sites ça doit vous chiffonner ! » . 

Puis vient une autre réponse : « Elle n’a pas dit qu’elle était experte. Elle apporte justement son témoignage de nouvelle arrivante. Pour moi qui n’ai jamais été sur ce genre de site, je trouve plus intéressant d’écouter un témoignage de noob (débutant dans un jeu)…d’autant plus que je la sens plus équilibrée que quelqu’un qui traine sur ces sites depuis 15 ans et donc je m’identifie mieux. » 


Eh ben voilà ! « Charlie STESER votre serviteur » (pour la rime) 


Mais laissez-moi vous retranscrire la palme d’or du machiste prétentieux et sans doute à ses longues heures perdues,  voyant tout sauf lucide: « Cette française de 50 ans a été traitée comme une princesse toute sa vie. Quand elle était jeune, elle suscitait l’attention des hommes, ensuite elle a pris le mur et après elle s’est séparée. Aujourd’hui, elle s’aperçoit qu’il faut maintenant travailler pour trouver un homme. C’est difficile lorsqu’on est pas habitué à cela. Il faut accepter de baisser ses critères de sélection et de descendre de l’olympe ».

Oh / My / God : « il faut maintenant travailler pour trouver un homme » « il faut accepter de baisser ses critères de sélection ». Mais on est où là ????? Non seulement tous ses propos sont surréalistes mais le mec connait manifestement ma vie passée mieux que moi…

Hormis deux ou trois commentaires un tantinet moqueurs ou agressifs, ce qui fait partie du jeu, les réactions ont été globalement bienveillantes et ont suscité sur mon blog personnel (en plus d’un pic de connexions 😍),  de nombreux commentaires (cf en bas de l’article "Mythique rencontres"). Tous sont très intéressants, surtout pour celles et ceux qui sont confrontés au sujet du parcours du combattant pour rencontrer quelqu’un. Que nous soyons hommes ou femmes, nous portons le même jugement : les profils masculins ou féminins sincères, équilibrés sont en minorité. Tomber sur l’un d’entre eux, relève de trouver la fameuse aiguille dans une botte de foin. Certains y parviennent, c’est comme au Loto et son slogan des années 2000 : "On n’est jamais sûr de ne pas gagner". 


Les réactions des proches après la publication ont été aussi diverses que variées : parfois des messages de  félicitations, d’autres me conseillent l’option chat (et je vais y réfléchir), d’autres encore y vont d’un pouce levé mécanique, et parfois zéro réaction. 

Je ne recherche pas les applaudissements loin de là mais j’ai le sentiment que ce sujet dérange. Est-ce parce qu’il est méconnu par la majorité de mon entourage ? Peut-être est-il tout simplement jugé inintéressant par ceux qui n’ont jamais eu à tenter l’expérience (et tant mieux pour eux). Ou est-il possible que certains estiment que c’est trop personnel pour en faire un article ? 

Permettez-moi de vous retranscrire le mail qu’une lectrice de 78 ans m’a envoyé suite à la sortie de l’article et qui m’a beaucoup touchée. Je sais qu’elle ne m’en voudra pas de la citer : "Je viens de lire certains de vos articles dont le dernier concernant les sites de rencontre. J’ai beaucoup apprécié votre style d’écriture très direct. Tout ce que vous écrivez m’interpelle beaucoup parce que justement vous écrivez sans fard, sans retenue alors que personnellement je me dresse des murs de bienséance, du genre "il ne faut pas dire ça ou ce n’est pas correct…" Bref j’aurais quantité de choses à raconter mais je n’arrive pas à les exprimer naturellement . Tout cela pour dire que je vous félicite pour vos articles et les conseils très avisés que vous y mettez avec tant d’humour".


Voilà exactement pourquoi j’écris, pour donner envie de le faire, ne pas se mettre de barrières,  pour que les sujets que j’aborde résonnent et/ou raisonnent chez les uns et les autres, pour tout simplement partager des tranches de vie, sans péremption d’humour.

Mots destement vôtre

dimanche 2 juillet 2023

Mythiques rencontres




Quand on est jeune divorcé(e) et que l’on frôle les 50 ans, la solitude interpelle surtout si, comme moi, on a passé plus de vingt ans en couple. Me retrouver seule m’a fait un bien immense et je ne suis pas forcément pressée de re partager ma vie avec une nouvelle personne. Mais c’est sans compter la pression sans doute involontaire de l’entourage bienveillant qui peut parfois glisser quelques rappels à l’ordre, sur le temps qui s’écoule :

 "T’es plus toute jeune, ce serait bien que tu rencontres quelqu’un rapidement." ou bien 
"Tu ne vas quand même pas finir ta vie seule !" ou encore l’inévitable question/réponse : 
 "Tu t’es mise sur des sites de rencontres ? Non parce que je connais quelqu’un qui connait un couple qui s’est rencontré comme ça et ils sont toujours ensemble. Comme quoi ça peut marcher."

Il m’a fallu quasi un an après mon divorce pour envisager de m’inscrire, sous les encouragements de mon jeune psy plus enthousiaste que moi à cette idée : "Mais oui allez-y lâchez-vous, faites des rencontres, amusez-vous, testez votre potentiel attractif ". Houla, tout doux le psy, on se calme ! C’est peut-être aussi ça le problème : tester son potentiel attractif et se rendre compte qu’on ne possède pas la caractéristique première d’un aimant ou que bien au contraire, on attire tout ce qu’on voudrait repousser…

Je totalise aujourd’hui 3 expérimentations de sites de rencontres distincts et donc commence à en maîtriser les ficelles. Une chose est certaine, c’est qu’il faut avoir le cœur comme les yeux bien accrochés et savoir aborder la chose avec beaucoup de recul et d’humour ; vous éviterez ainsi de tomber en dépression face à la bêtise et parfois la misère humaine. Loin de moi l’idée de vous faire un cours magistral sur le sujet mais plutôt de vous donner quelques indications sur la réalité de cet univers . Suivez-moi à présent, et comme dirait Sam de l’inoubliable émission ô combien culturelle "Y’a que la vérité qui compte", la vérité est au bout de cette phrase.

"Charlie, que vois-je là ? je dirais que votre père doit être fabricant de biscotte car franchement je dirais que vous être drôlement craquante" ou bien 
"Bonjour Charlie, besoin de votre aide : j’ai l’impression d’avoir commandé trop de sushis pour ce midi et je n’arriverai jamais à les finir tout seul" et autres "Bonsoir Charlie si t’es célibataire, tas besoin de passé un moment inoubliable, accompagné d’un homme respectueux, éduqué, costaud, musclé et bien juteux, discutons nous". 

Bienvenues dans cette « planet » ou le choix des mots, l’ortograf, le souvent mauvais goût et les punchlines sont les maîtres du jeu. Quel que soit le site choisi, il vous faudra passer par la case description,  en répondant à des questions pas forcément toutes très intelligentes du style "quel objet vous suit partout ?" Inutile de vous préciser que la plupart des répondants aussi originaux soient-ils, se sentent obligés de répondre "ma brosse à dents". Waouh, tellement drôle et sexy !

Écrire quelques lignes sur soi est également impératif pour se démarquer dans le rayon des profils visités. C’est un exercice compliqué mais qui doit avant tout donner envie de liker et d’entamer pourquoi pas, une discussion par textos. Eh bien figurez-vous que beaucoup n’ont pas l’air de l’avoir compris et y vont de leur états d’âme en toute franchise ; jugez plutôt (les noms ont été changés mais la syntaxe et l’orthographe sont d’origine) : 

"Jacques, 48 deprissif, alcoolique mais de bonne composition.hésiter pas a me draguer si je vous plait on ne sait jamais peut être le feeling"
"Les femmes qui vivent dans le passé, indécises, accros de leur canapé, obsédées de la balance, intolérantes et les femmes enfants, passez votre chemin…merci
PS : hystérique ou en voie de mémérisation avancée s’abstenir."

À quel moment peut-on imaginer séduire avec ce type de propos ?! Suis-je la seule à rechercher une relation saine, épanouissante et non me coller avec un cas social qui comptera sur mon soutien pour l’aider à rester en surface ? Quant aux propos machistes, peut-être finalement qu’ils attirent un certain public féminin dont je ne fais pas partie…

Dans les descriptifs de profils, s’il est une expression qui revient régulièrement dans ce que recherche la gente masculine, c’est "une relation sans prise de tête". C’est bien simple, la lire me fait systématiquement swiper vers la gauche pour visualiser le prochain "produit" proposé. 

2 explications qui justifient mon rejet automatique : la première, c’est que le mec en question, s’il n’a pas envie de "se prendre la tête", serait en revanche tout à fait ok pour prendre autre chose…La seconde, je ne peux pas m’empêcher de penser que s’il mentionne ce sujet, c’est qu’il est lui-même source de prise de tête.

On ne compte pas non plus les "Carpe diem". Si Horace savait que sa prose, au- delà d’être souvent tatouée, est également utilisée comme une arme de séduction qui fonctionne ou pas… 

Pour compléter un profil, il est plus que conseillé d’y mettre plusieurs photos.  Se prendre en photo dans un miroir est le défi masculin et pour peu que l’éclairage soit tout sauf chaleureux, on tombe sur l’imperfection photogénique. En tête des arrières plans, des portes d’ascenseur ou des distributeurs de serviettes que l’on trouve dans les toilettes publiques (type aires d’autoroutes) ou d’entreprises. Faire un selfie au volant de sa voiture la tête légèrement penchée, c’est sensé nous faire vibrer ? Poser devant sa moto est aussi un grand classique, sans doute l’expression de la testostérone la plus puissante… Est-ce que les modérateurs des sites pourraient interdire les photos de paysages floues, les couchers de soleils mal cadrés et les assiettes censées nous faire saliver ? Décidément, certains ne semblent pas comprendre que nous ne cherchons pas une destination touristique mais plutôt un destinataire final.

Quand le "match" opère , vient le temps des échanges par textos ou appel vocal. Là encore, si j’ai un conseil à donner en la matière, c’est de ne pas faire durer ces échanges trop longtemps. Mes expériences m’ont appris que l’on ne peut juger qu’en face à face :  la gestuelle, la façon de s’exprimer, la voix et le regard forment LE tout qui permet de se faire réellement une idée de ce que l’on ressent. Mais par pitié, refusez le restaurant en guise de première "date" ou vous risquez de passer le repas le plus long de votre existence et je sais de quoi je parle : en rentrant dans le restaurant, j’ai tout de suite compris que ça n’allait pas être possible. J’aurais pu partir en courant mais mon éducation m’a rattrapée : de nature plutôt réservée, j’ai tout de même essayé de poser des questions, de trouver des sujets de conversations parce que l’autre en face était en mode "avion" dès les premières minutes, avec des bâillements au bout de la demie-heure : tellement classe…Difficile de faire plus malaisant.
Privilégiez donc plutôt le verre dans un café qui peut se transformer d’un commun accord en dîner. L’option balade dans un parc est celle que personnellement je préfère : à défaut du crush attendu, un peu d’exercice ne fait pas de mal et l’on peut y mettre fin quand bon nous semble.

Voilà pour le tour d’horizon ; mon devoir de réserve m’oblige à ne pas nommer les sites testés mais qu’il s’agisse de rencontres soit disant mythiques, ou d’une plateforme qui rassemble l’élite, le résultat est pour l’instant similaire : aucune palpitation digne de ce nom ou déclenchement de flamme. On se refait un point dans quelques temps ? Disons demain ?

mardi 21 février 2023

Speed reading ou jamais sans mon livre #7





"A l'encre rouge" - Marjorie Tixier
Un jet d'encre inimitable

Admirative du style littéraire inimitable de Marjorie Tixier, j'attendais avec une impatience débordante ce nouveau roman qui nous plonge dans une histoire de famille complexe où les sentiments et les rapports humains voient rouge...
Une nouvelle fois et pour le plus grand bonheur du lecteur, l'autrice nous invite à faire la connaissance de personnalités aussi attachantes que déroutantes : 
- Lysiane, une femme devenue mère contre son gré, dont l'immaturité, la rancoeur et la jalousie sont les socles de sa personnalité. Au fil des pages, on lui en veut autant qu'on souhaiterait l'aider à se défaire de ses fausses croyances et à extraire toute la violence qu'elle inflige à son entourage, à commencer par sa fille. Cette femme qui souhaitait au départ avorter "pour qu'un médecin vide son ventre et la libère"...
- Les parents de Lysiane, un couple simple, discret, dépassés par l'attitude de leur fille, qui lui proposent leur aide pour éviter l'avortement et se retrouvent au coeur et dans un choeur de haine et d'amour confondus.
- Jolene, la fille de Lysiane d'une maturité exceptionnelle pour préserver les siens "dans le mépris de ses propres émotions" ... "Les larmes, c'était la perle qu'elle n'offrait qu'aux êtres chers, à ceux qui savaient l'écouter et l'accompagner sans lui reprocher d'exister."

La musique a dans cette histoire un des rôles principaux : rien d'étonnant puisque Marjorie Tixier compose avec les mots comme le musicien dépose sur les lignes de portée de sa partition, ses notes successives, pour obtenir la mélodie parfaite alliant délicatesse, justesse, équilibre et puis parfois rupture...
L'autrice sait trouver les mots pour décrire les maux et rendre le lecteur envoûté par cette symphonie de failles psychologiques.  
Pour notre plus grand plaisir, elle manie les mots et les champs lexicaux "avec la régularité d'un métronome" : "le silence se mela aux copeaux de bois et Pierre prit la parole d'une voix posée, rabotée de toute rancune".

On dit parfois d'un musicien qu'il est doté de "l'oreille absolue". En ce qui concerne Marjorie Tixier, c'est selon moi "l'écriture absolue".


dimanche 1 janvier 2023

Bonne année 2023 !



Pour cette année 2023, je vous souhaite :

De vous aimer tel que vous êtes,
De comprendre votre valeur,
De savoir vous entourer,
De compter pour quelqu’un,
De savourer la quiétude des matins,
De ne pas DÉJÀ penser à demain, 
D’apprécier chaque journée,
De partager des excès de fous rires,
De ne pas juste voir mais savoir regarder,
De découvrir avec, de s’extasier toujours,
D’aimer SANS s’oublier,
De prendre soin de vous,
De libérer vos émotions, 
D’inspirer vos envies,
De ne pas vous limiter,
D’imaginer, rêver, oser,
De passer à l’action,
De ne pas regretter,
De surmonter les épreuves,
De vous enrichir de nouveautés,
De rencontrer, aimer, aider,
De respirer la vie au gré de vos envies.