Histoire de bien attaquer cette rentrée qui
malheureusement n’est pas que littéraire, je vous propose mes trois meilleures
lectures parmi plusieurs ouvrages que j’ai pour la plupart appréciés mais qui
ne rentrent pas forcément dans mon palmarès de bien être absolu, avant l’arrivée
des feuilles mortes. Dans le
désordre : "Fief", David Lopez (bien, ambiance jeunes de banlieue, écriture étonnante), "Le jardin secret" de Kate Morton (bien, atmosphère à la Daphné Du Maurier), "L’arménien" de Carl Pineau (sur Kindle, bon policier dans le
Nantes des années 80), "Changer l’eau des fleurs" de Valérie
Perrin (sympa malgré un sujet qui à tort
peut repousser), "Le premier jour du reste de ma vie" de Virginie
Grimaldi (bien mais pas le meilleur à mon avis), "Il est grand temps de
rallumer les étoiles" de Virginie Grimaldi (alors là d’accord).
Avant de vous parler de mes trois Best Of XXL,
laissez-moi vous annoncer que j’ai enfin fait l’acquisition d’une liseuse
Kindle début juillet et que je surkiffe l’objet. Alors oui, j’avoue que le
contact est différent et je me vois mal sentir ma liseuse comme je le fais
quasi systématiquement quand je suis en possession d’un ouvrage papier.
Les trois livres n’ont a priori rien à voir et pourtant,
un sujet commun pourrait être celui des occasions que la vie nous procure ou l’importance
des relations humaines.
UN MATIN ORDINAIRE - MARJORIE TIXIER
Un marathon vers la vie
Un marathon vers la vie
Ce livre, je ne l’aurais jamais acheté si petit 1, je n’avais pas eu ma liseuse, petit 2, je ne
m’intéressais pas à l’auto-édition et les concours réguliers proposés par
@LIBRINOVA.
Marjorie est la grande gagnante du concours lancé par LIBRINOVA sur le thème "Un merveilleux malheur" ou comment
rebondir après un événement catégorie insurmontable. Quand je pense que je ne
l’ai acheté que 0,99€ dans le cadre d’une opération promo, à peine le prix d’une
baguette festival, alors qu’il pourrait nourrir une armée de lecteurs affamés
qui dévorent sans complexe. Que les liseurs papier se rassurent, le livre est
également disponible dans son costume imprimé.
Quelle claque ! Quel talent ! L’histoire d’une femme qui au
cours d’un jogging fait une mauvaise rencontre…
Le lecteur progresse dans l’histoire, grâce aux
narrateurs qui diffèrent à chaque chapitre, tantôt la victime, son père, son mari, ses deux
filles, la voisine, le policier et sa
conjointe, l’agresseur lui-même, sa femme. Chacun y va de sa version, de sa perception, son interprétation. Le
procédé est génial : comme dans une pièce de théâtre, on découvre progressivement
le déroulé exact des évènements, le rôle de chacun et surtout ce que l’accident
de parcours aussi sordide soit-il, développe de positif et de bénéfique pour l’ensemble des protagonistes.
Et ce qu’il y a de plus fort, c’est la capacité de l’auteure à nous mettre
successivement dans la peau d’une femme violée et d’une mère vidée, d’une
voisine aigrie, un peu vulgaire, hyper commère, d’un mari introverti timide et
manquant d’initiatives, de deux filles aux caractères si opposés, d’un père et
grand-père fragile mais qui recolle les morceaux…
Ce livre est réellement bluffant par son intensité, son style, son
rythme et les ondes positives déposées délicatement au fil des pages. Je ne
serais pas étonnée que Marjorie Tixier revienne rapidement nous conter en tout
cas, c’est ce que je lui et nous souhaite.
MISSION HYGGE - CAROLINE FRANC
Roulés à la cannelle, bienveillance et plaids moelleux
Roulés à la cannelle, bienveillance et plaids moelleux
Alors quand ce nouveau livre est sorti, je n’avais
pas d’autres choix que de l’acheter, entièrement consciente de ce qu’il pouvait
représenter pour elle, une sorte d’aboutissement d’un rêve qui ne date sans
doute pas d’hier.
C’est l’histoire d’une reporter de guerre, une
baroudeuse qui ne vit que pour son travail et qui en matière de relations humaines
a beaucoup à apprendre tout simplement parce qu’elle refuse d’apprendre. Excédé
par son attitude agressive et condescendante vis-à-vis de ses collègues mais
également inquiet de la voir s’ignorer et passer à côté de sa vie, son patron
décide de la missionner sur un reportage un peu particulier : se rendre au
Danemark pour enquêter sur le village Gilleleje devenu depuis peu, le village où
les gens sont les plus heureux de monde. Nous partons donc avec Chloé au pays
de la bougie et assistons à la libération progressive de ses émotions depuis
trop longtemps prisonnières. A l’image des vélos sans cadenas dans les rues,
Chloé prend conscience des bénéfices de l’ouverture
aux autres dans un climat local de confiance absolue.
"Ca n’est pas parce
qu’on est triste qu’on est obligé d’être malheureux."
C’est drôle, touchant à l’image du Blog
penséebyCaro. Caroline François a ce don bien à elle de diffuser des ondes
positives dans tout ce qu’elle écrit, la reine du Carpe Diem.
C’est en refermant
ce livre que j’ai enfin compris ce que signifiait le terme
"feel-good book. Oui ce livre fait du bien, énormément de bien. Je m’imagine
déjà le reprendre cet hiver en cas de crise de grisaille ou d’averses
excessives.
Hygge, Hygge, Hygge hourra !
LES VESTIGES DU JOUR - KASUO ISHIGURO
Raffiné comme une tasse de thé
Raffiné comme une tasse de thé
Quel plaisir de relire ce livre 20 ans après ma
première lecture. Cet ouvrage me fait l’effet d’une gourmandise de style. Le
narrateur est un majordome anglais en fin de carrière, qui profite d’un voyage au fin fond de la campagne anglaise pour se remémorer les
évènements marquant de sa vie au service de "sa Seigneurerie", dans
la maison de Dalingthon Hall durant l’entre-deux guerres. Dit comme cela, ça
n’envoie pas du rêve mais je puis vous assurer quil s’agit d’une plus que
pépite. A commencer par le style : le narrateur n’est autre que le
majordome qui s’adresse au lecteur dans un style précieux, guindé comme le
sous-entend la profession. Pour vous donner une idée, je me suis surprise à
associer inconsciemment la voix de Jean Rochefort à la lecture du récit. Ce
livre est surprenant pour sa capacité à passer du rire, à la mélancolie, et
parfois même aux larmes. Stevens le majordome n’a qu’un objectif en tête, exercer
son métier selon deux principes fondamentaux : loyauté envers son maitre et dignité absolue quels que soient les évènements. On y découvre le rôle d’un
majordome dans ces grandes demeures britanniques aux effluves de cigares et de
Porto vieilli. Stevens explique qu’il est parfois plus simple d’avoir à
s’occuper d’une vingtaine de convives que de seulement deux personnes : "C’est lorsque deux personnes sont à table,
que l’on a le plus de mal à réaliser cet équilibre entre la prévenance et une
illusion d’absence qui caractérise un service de qualité."
Les échanges entre le majordome Mr Stevens et
l’intendante Miss Kenton sont savoureux. C’est une véritable compétition dans
l’art de la joute verbale en porcelaine.
Les deux se tirent la bourre pour être le plus efficace et n’hésitent à
dénoncer les erreurs observées telles que la présence d’une goutte au nez d’un
domestique apportant une collation :"il me semble que ce
style de service n’est peut-être pas de nature à stimuler l’appétit.",
autrement dit, comment peut-on servir avec la goute au
nez ?
Au fil des pages on découvre un majordome esclave
de sa mission, incapable d’une quelconque démonstration d’affection, de lâcher
prise, passant à côté de la mort de son père et des appels du pied de Miss
Kenton, amoureuse incomprise. Dévoué corps et âme à son maître, il en occulte
inconsciemment les tendances antisémites et pro hitleriennes.
La destination de son voyage n’est autre que de rendre
visite à Miss Kenton pour des retrouvailles incertaines, dignes d’une assiette
anglaise.
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