Alors que l’automne défait ses valises pour une
installation longue durée, même si le soleil nous fait l’honneur de prolonger chaleureusement sa présence dans des tenues de
soirée aux dégradés rouge flamboyant, je suis prise d’une douce nostalgie en
repensant à notre séjour estival au hameau de Queytival.
Je m’étais fait la promesse de ne pas dévoiler ce
lieu magique par pur égoïsme de ma part j’en conviens mais je ne résiste pas à
l’envie de vous faire partager cette découverte qui nous a tellement ressourcés,
séduits, de par une propriété à couper le souffle et la rencontre de nos hôtes
hors normes Virginie et Xavier, amoureux de la pierre et du bois, à la
recherche du simplement beau, à l’écoute bienveillante de la nature et de ses
locataires.
C’est donc près de Sarlat que se situe ce morceau
d’éden, cette planète de verdure de vingt-sept hectares, accessible par un chemin en
côte, défoncé ou plutôt cabossé, maltraité par les accès de colère
incontrôlable d’une pluie printanière particulièrement virulente cette année. La
montée du chemin se fait sur la pointe des roues ou devrais-je dire sur la
courbe des roues, pour éviter la rencontre d’une pierre un peu trop polie ou le
dérapage incontrôlé aux fortes nuisances sonores. La voie est sans issue et c’est un
pur mensonge puisqu’au bout du chemin, la quiétude nous ouvre ses portes simplement
mais sûrement avec son sourire en portes de grange et sa baie de convivialité.
Je suis fan des voies dites sans issue lorsqu’on loue des maisons : ces voies sont comme des sas de décompression qui précèdent l’isolement, la tranquillité que l’on vient chercher. Quel bonheur de tomber au dernier moment sur la propriété, cachée, dissimulée derrière ses arbres gardes du corps soucieux de sa sécurité vingt-quatre heures sur vingt-quatre, face aux agressions du goudron trop largement fréquenté par des véhicules excessivement pressés.
L'accès à cette maison s'effectue par une large terrasse en pierres, qui longe toute la façade. Elle surplombe une cour régentée par un tilleul sans doute centenaire, aux allures de souverain, illuminé, doré tous les matins par un soleil, dont la générosité attire le coq maître des lieux et ses sujettes les poules. Face à tant de beauté, les petits déjeuners sont des parenthèses de pains grillés enchantés comme dans l’ami Ricoré.
Je suis fan des voies dites sans issue lorsqu’on loue des maisons : ces voies sont comme des sas de décompression qui précèdent l’isolement, la tranquillité que l’on vient chercher. Quel bonheur de tomber au dernier moment sur la propriété, cachée, dissimulée derrière ses arbres gardes du corps soucieux de sa sécurité vingt-quatre heures sur vingt-quatre, face aux agressions du goudron trop largement fréquenté par des véhicules excessivement pressés.
L'accès à cette maison s'effectue par une large terrasse en pierres, qui longe toute la façade. Elle surplombe une cour régentée par un tilleul sans doute centenaire, aux allures de souverain, illuminé, doré tous les matins par un soleil, dont la générosité attire le coq maître des lieux et ses sujettes les poules. Face à tant de beauté, les petits déjeuners sont des parenthèses de pains grillés enchantés comme dans l’ami Ricoré.
Mais à présent entrons : dès les
premiers instants, on s’y sent déjà bien, on imagine les grandes tablées
familiales, les rires et les copains. Si les murs et le plancher pouvaient causer,
ils sauraient nous en conter. Les pièces du bas sont généreuses de lumière et
d’espace : la cuisine dans son jus, avec sa grande table en formica,
recouverte d’une toile cirée qui n’en finit pas d’en baver, ses placards à
volets incrustés dans les murs, son poêle sans doute utile l’hiver, son vieil
évier émaillé rectangulaire positionné juste sous la fenêtre, offrant comme un
écran, une vue trois D, dégagée sur la partie pigeonnier/potager de cet immense domaine.
Traversons la cuisine, et entrons dans le salon
dont le plancher fredonne notre arrivée. Eclairé par trois ouvertures aux
orientations distinctes, ses deux canapés moelleux sont des tentations à la
somnolence ou la lecture en face d’un second poêle au chômage technique durant
l’été.
A l’étage, le plancher poursuit par endroit ses
notes mélodieuses. Les trois chambres comme celle du bas sont paisibles, décorées
simplement mais tout en élégance : poutres inclinées sur ses murs blancs, quelques
meubles en bois si précieux à notre propriétaire, couettes aux motifs fleuris,
l’ensemble est une invitation à se laisser aller, rêvasser, s’endormir fenêtres
ouvertes, bercé par les multiples sons de la faune insomniaque ou noctambule, en
quête de fraîcheur étoilée.
Poursuivons notre visite extra-muros : la périgourdine
est un délice, l’extérieur une pure merveille. C'est une petite planète de
bonheur dont la maison est située au centre d’une propriété soigneusement
délimitée par une couronne forestière protectrice. Le terrain qui dévale derrière la piscine à
débordements et sa plage immergée, est une succession de vallons aux courbes plus
que parfaites à l’instar du générique de La petite maison dans la prairie.
Imaginez. Vous sortez tout juste d’une
baignade rafraichissante sous un soleil boulimique. Après quelques mouvements
de brasse dans cette magnifique piscine où la couleur de l’eau se confond avec
le vert des vallons, vous avez élu domicile sous un large figuier parasol, pour
envisager dans les meilleures conditions, votre activité de lecture. Allongé sur
votre chaise longue, protégé par les feuilles de figuiers imperméables aux
rayons d’un soleil trop intrusif, vous vous emparez de votre livre. Fermez les
yeux pour savourer l’instant, écoutez l’eau de la piscine qui s’écoule dans la
rigole et le bourdonnement des insectes qui, malheureusement pour eux, ne
savent jamais s’arrêter. Lorsque le vent tente une expiration, les feuilles se
cognent entre elles dans un bruit de mobile en bois flotté.
Imaginez encore, nous sommes en fin d’après-midi et
le soleil commence à fatiguer d’avoir trop rayonné. Pendant qu’il revêt son
pyjama rouge, marchez vers la piscine. Près de la terrasse, les fleurs jaunes
délivrent leurs effluves sucrées de réglisse. C’est ensuite la lavande qui
prendra le relais, suivi par les aiguilles de pin qui nous livrent leur plus
doux des parfums, celui propre aux vacances, essentiel comme une huile. Et puis
là, sous vos pieds, l’herbe encore presque tiède, grillée par un soleil trop
généreux, dégage une haleine chaude de foin coupé.
Approchez-vous doucement de la piscine, ne
bougez-plus et observez : c’est le quart d’heure colonial des hirondelles
qui profitent de l’absence des baigneurs pour jouer les canadairs. Au bord de
la plage immergée, le couple de tourterelles trempe prudemment ses pattes et
semble savourer l’instant, à l'abri de toute présence humaine.
Et puis tout en bas à environ cents mètres en lisière
de forêt, si vous êtes attentifs, vous
pourrez peut-être distinguer les sorties timides et réservées de quelques
paires de chevreuils, soucieux de conserver une distance de sécurité, qu’eux
seuls jugent raisonnable.
Vous l’aurez compris, cette merveilleuse planète
est accessible à ceux qui savent prendre le temps, le temps de regarder,
écouter, sentir, capables d’accepter cet unique vis-à-vis, celui de la nature. Il y
aurait tant encore à décrire. J’aurais pu vous parler :
- de la couleur de l’aube qui m’a fait me lever
sans la moindre difficulté,
- des soirées chamallows à la lueur des braises du barbecue,
- des baignades éclairées par une lune impudique,
- des séances dédicacées des étoiles montantes et
filantes,
- de ce trésor doré d'été qu'est l'ocre de la pierre,
- de nos paisibles échanges avec Xavier et
Virginie,
- de la joie des enfants découvrant la cabane,
- de mes
séances d’écriture inspirée, à l’ombre du préau des kiwis.
Queytival, quietudo vallis, vallée de la quiétude pour qui sait profiter.