Note : à vous d'juger
Difficulté : facile voire simplissime si
t'as pleins d'amis
Coût : on s'en fout on est content d'se voir
Ingrédients :
- une douzaine de potes saoulés
par leur semaine de boulot et qui ne rêvent que de se détendre.
- quelques enfants petits ou
grands ; ça peut donner un peu de piquant surtout quand c'est pas les siens.
- une grande maison confortable,
qui ne craint pas les débordements (au sens propre comme au figuré), à une distance
raisonnable de Paris, pour que la fête ne soit pas gâchée par le temps passé à
rentrer le dimanche soir.
- une cheminée, élément
indispensable pour faire cuire la viandasse.
- une playlist de compétition
contenant même le titre des "Sardines" de Patrick Sébastien,
des L5 et leur "étincelle" : oui, je sais on touche le fond mais sur
un malentendu, on pourra les passer.
- quelques breuvages avec et sans
bulles, rouge, blanc, ça dépend, ça dépasse.
- de la bonne pitance.
- des objets de décoration pouvant
servir lors des chorégraphies ; chapeaux, bougies, tulipes en bois...
Il est des week-ends entre amis, que l'on ne peut oublier tellement les 24 heures passés ensemble, n'auront été qu'une succession d'éclats de rire, de partages, de bêtises, de discussions plus ou moins sérieuses, bref des week-ends "que quand" on arrive le lundi matin au bureau, on se surprend à rire tout seul en se r'faisant le film. C’est vrai qu’on ne peut pas dire que ce type de week-end soit du genre reposant mais le bénéfice est tel, que la fatigue ressentie au boulot le lundi, est rapidement balayée par les souvenirs et flashes de ces 2 jours au vert ou même rouge pour certains..
Nous ferons démarrer notre week-end
le samedi midi ce qui permet à notre Hôtesse, arrivée la veille, d'ouvrir en toute
sérénité la maison, et aux invités d'éviter la surexcitation du vendredi soir
(sorties des écoles, dossiers à rendre à son chef impérativement avant d'partir, bouchons parisiens...). Pour plus de simplicité, nous appellerons la
Maîtresse des lieux, "la Baronne".
La route a été bonne, le temps est plutôt clément. C’est
un week-end d’automne comme on les aime, il fait encore beau et la chaleur est
suffisante pour que l’on puisse fêter notre arrivée dehors. Les ¾ des invités
triés sur le volet ou plutôt selon le débit de connerie, sont arrivés et
savourent le panier campagnard apéritif servi dehors : toast de rillettes,
pâtés en tout genre, de tout poil, Chinon tête de con ou cidre de Loïc sans
Raison) ; la Baronne s'affaire déjà pour griller ses vilaines saucisses
dans l'immense cheminée.
Les enfants déjeuneront à l’écart des adultes, ce qui
est un prérequis pour laisser libre court à toute discussion qui
dans le cas contraire, aurait pu faire l’objet d’une censure ; La patronne a
tout prévu : la table est installée devant la cheminée pour les rejetons soignés à coup d'coca, saucisses, chips et petits suisses.
Pour les adultes : un repas léger à base de salades,
merguez, fromage et moelleux délicieux. Rentrés à l’intérieur pour le déjeuner,
certains convives ressortent pour le café car ont un peu plus chaud (à cause
que l’Morgon, c’est bon). Ce sont ceux-là même qui privilégieront la sieste à
la balade digestive champêtre proposée par la Baronne. C’est plutôt un truc de
filles ce genre de balade et d’ailleurs, quand un mec se greffe à une promenade,
ça nous arrange pas forcément…
On incite les enfants à venir pour éviter une
surconsommation de tablette ; y en a toujours un sur le tas qu’est pas
ravi et qui aura envie d'faire caca au bout de 10 minutes. Et puis, dans ce
genre de balade, y’a souvent des sous-groupes qui se forment : les filles
qui racontent des trucs de filles, les enfants qui courent devant (pour
l’instant), le couple in love qui peut pas se séparer (grand bien lui fasse, qu’il
en profite), le chieur (c’est l'cas d'le dire) qui est à la traine derrière et
qui finira par comprendre que sa stratégie du caca ne marchera pas. J’vous
passe les sujets de discussions, ça n’intéresse personne ; quoi que dans un
week-end réussi, il y a toujours un moment entre meufs, pour des échanges plus ou
moins sérieux et quelques secrets de femmes à faire pâlir les mecs tellement
ils aimeraient être là ; ce qu’ils ne savent pas, c’est que généralement on
parle de nous et pas forcément d’eux !! De nos fringues, de nos envies, de
nos emmerdes, de notre boulot, de notre palmarès de mecs (passés j’entends)… On
rencontre des tracteurs avec des conducteurs trop jeunes pour participer à
"l’amour est dans l’pré" ; dans le village qu’on traverse, on tombe sur
l’affiche du concert local organisé à la salle des fêtes pour le chanteur
Bernard Toush, ce qui peut donner lieu à multiples commentaires ; le cherchez pas sur Internet, il a dû avoir une carrière "éphémère". Après deux
heures de marche, pour ceux qui n’en peuvent plus, direction la maison et visite
de la ferme d’à côté pour les plus courageux, histoire de faire un peu
d’enseignement aux enfants qui ne se sont pas échappés, pour retrouver leurs
tablettes.
Retour à la
maison. Les derniers invités viennent d’arriver avec leurs enfants. Oui parce
que dans un week-end, y'a toujours des personnes qui arrivent en décalé mais qui pour
autant, se mettront vite dans l’ambiance.
C’est le
moment où certaines lisent des magazines hautement intellectuels achetés pour
l’occasion. Pour peu qu’il y ait un test dans l’un d’entre eux, on a beau toutes
dire que c’est vraiment débile, on finira par toutes (et parfois tous) le faire…
C’est l’instant sieste pour d'autres, bain pour les enfants, préparation de la braise et des amuse
bouches. Une fois les enfants gavés de jambon coquillettes, la soirée peut
enfin commencer. Le feu crépite avec fougue, petite musique d’ambiance toute
douce, les flutes de champagne se vident et
se remplissent instantanément par un pouvoir surnaturel. Les conversations sont
encore intelligentes ou presque.
Les côtes de
bœufs sont maintenant prêtes ; le gratin dauphinois concocté par la
Baronne n’attend plus que d’être dégusté. Mais pourquoi parle-t-on plus
fort tout à coup ? Tiens, ça y est, Laurence (on l’appellera Laurence) a la voix qui déraille, c’est le signe que la
soirée commence à vriller.
Et cette
musique , quelqu’un a monté l'son ? on est passé de Charles Aznavour à
David Guetta en l’espace de quelques gorgées de Bordeaux !! Et c’est toujours la même chose, personne ne
touchera aux fromages et les 3/4 des convives se retrouvent à danser comme des oufs, sous l’œil amusé
des enfants qui devraient être couchés depuis longtemps. Allez c’est pas
grave, ce soir c’est la fête. Les ados, eux, sont consternés de voir leurs parents
se trémousser bizarrement sans aucune retenue et préfèrent s’isoler. Les titres
s’enchainent grâce à notre DJ, appelons le Xavier ; les chorégraphies les
plus débiles se poursuivent (et je sais de quoi je parle).
Et puis tout à coup,
bim, c’est comme un coup d'bambou, les 2/3 n’en peuvent plus et montent direct
se coucher. Le tiers restant est généralement pris d’une fringalite aigüe et
donc passe par la case cuisine, histoire d’ingurgiter un petit casse-dalle avant
la nuit bien entamée.
Pendant que
tout l’monde ronfle, y' en a forcément un ou une qui ne se sent pas très bien
et pour qui la nuit tanguera.
Le lendemain
matin, on plaint ceux qui sont venus avec leurs enfants, lesquels n’ont pas
encore intégré dans leur construction cérébrale, les bienfaits de la grasse ou grâce
matinée.
La maisonnée
se réveille au compte-goutte (de je ne sais quel liquide), les regards sont
bovins, les cheveux plats et les voix plus que rauques ; je vous fais
grâce des haleines… L’énergie de la veille a fait place à une sorte de mollesse
plus que vaseuse. La matinée se poursuit avec des gestes ralentis pour beaucoup,
surtout quand il s’agit de ranger les vestiges de la soirée.
Le soleil
permet à plusieurs de sortir pour une balade réparatrice, certains prolongent
leur nuit sur un transat car le soleil nous fait l’honneur de sa
visite.
On partage
tous un dernier déjeuner avec les restes de pitance qui sont généralement copieux. On rit pour un rien mais ça fait du bien et c’est tellement typique du
manque de sommeil de lendemains de soirée agitée.
On n’a pas
vraiment envie de se quitter et en même temps, on a presque hâte de rentrer chez
soi pour s’avachir sur l'canapé...Le dimanche se termine au ralenti ; ce soir,
on se contentera d’une soupe et d’un yaourt. En vous couchant, en repensant au
week-end et comme toute bonne recette qui se respecte, vous vous promettez de
la refaire rapidement.
Voilà,
j’espère que vous vous êtes délectés à la lecture de cette recette. En tout cas
moi, j’ai pris beaucoup de plaisir à vous la restituer, en essayant d'en conserver
toutes les saveurs d’origine.
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