Bon et bien c’est parti : sortez de vos
placards les plaids, les cocottes en fonte, les appareils à raclettes. Remplacez
votre rosé du week-end par un bourgogne qui réchauffe, retardez votre montre d’une
heure pour hiberner davantage, à la lueur d’un jour de plus en plus sombre, à la
limite de la dépression.
Appréciez ces instants, où confortablement installés
dans votre canapé, munis de vos lunettes si la presbytie est votre nouvelle
amie, vous vous emparez de votre livre qui vous embarque dans un voyage unique,
où l’inconnu côtoie l’inoubliable, au travers d’un océan de mots plus ou moins salés
ou bien de dunes de phrases parfois
perchées et sources de mirages. Ceci est le pouvoir du livre.
Plus les années défilent, plus ma consommation de
pages augmente. Je suis accroc, à tel point qu’oublier chez moi mon livre
qui occupe mon temps de transport quotidien, me pousse à m’en procurer un de
dépannage à la presse de la station RER. C’est de cette manière que j’ai acheté
le dernier de Gilles Legardinier, auteur que j’avais déjà lu ; il ne m’avait
pas laissé un souvenir grandiose mais je savais que je pouvais compter sur lui
pour qu’il fasse le job pendant quelques
heures de transport.
J’ai décidé de vous faire partager les quatre
dernière lectures récentes qui malgré leurs genres parfois opposés, ont toutes
été sources de découvertes surprenantes et d’intérêts différents.
LE RESTE DE LEUR VIE - JEAN-PAUL DIDIERLAURENT
Il existe des
livres qui, malgré leur anorexie de pages, sont plus que savoureux.
Je fais partie de ces lectrices qui sont attirées
par les "pavés", les bons gros livres qui pèsent une tonne dans le
sac à main mais qui durent comme une série qui ne s’arrête jamais, à la sauce
Santa Barbara. Alors autant vous dire que les livres de moins de
300 pages ne déclenchent pas chez moi, au premier abord, une attraction (fatale)
d’achat.
En lisant le pitch de la 4ème de couverture, je me
suis rendue compte que cet auteur ne m’était pas inconnue, puisque j’avais
dévoré son premier livre "le liseur de 6h27": "Didierlaurent transforme avec bonheur
l’essai : les lecteurs vont retrouver la même sensibilité, la même poésie,
le même humour que dans le liseur de 6h27" Bernard Lehur RTL. C‘est
à la lecture de cette phrase que je n’ai pas hésité à m’emparer de ce nouveau
livre armé de ses 250 pages. J’étais persuadée par avance qu’il trouverait sa place dans
notre courageuse bibliothèque, proche de l’indigestion, tellement gavée de
livres. Mais comme le dit l’une des héroïnes de ce livre : "une bibliothèque
sans livres, c’est comme une bouche sans dents".
"LE RESTE DE LEUR VIE" est ce genre d'ouvrages que l’on
souhaite conserver, avoir chez soi, pour pouvoir en disposer quand le besoin s’en
fera sentir.
Je ne vais pas vous raconter l’histoire, vous
pourriez prendre peur ; mais juste pour vous dire qu’il s’agit de
rencontres entre générations, de professions inconnues et tellement
respectables, d’échanges, de partages, avec en toile de fond une infinie
tendresse.
Si vous aimez l’auteur Foenkinos, achetez Didierlaurent ;
ces deux écrivains ont en commun cette passion des mots justes et des histoires
qui font du bien.
UNE FOIS DANS MA VIE- GILLES LEGARDINIER
J’ai donc acheté ce livre en désespoir de cause à
la librairie presse de ma station RER de départ. J’avais déjà lu "DEMAIN J’ARRETE",
livre qui m’avait été conseillé mais qui fait partie de ces ouvrages qui n’ont
pas gagné leur place dans la sacro-sainte bibliothèque. Hé oui, il faut
avoir de sérieuses références pour pouvoir y séjourner et même si je conserve
le souvenir d’une lecture distrayante, je suis à présent incapable de vous en
faire le résumé, signe qu’il ne m’a pas marqué.
J’ai tout de même acheté son nouveau roman pour lequel j’avais lu quelques articles sur les réseaux sociaux. Comme le
premier, j’ai passé un bon moment. Legardinier a de l’humour, et écrit pour
faire avancer ses lecteurs, pour les aider à oser, à croire en leurs capacités.
Legardiner est un jardinier du positif et des cultures simples mais dont les
récoltes sont rentables. Sous couvert d’une histoire qui peut paraitre
banale, il veut délivrer à son lecteur des clefs pour avancer de manière constructive
malgré les obstacles de la vie, croire en soit, en ses capacités, oser
pour ne pas regretter.
J’ai apprécié son livre même si parfois le style me
parait presque trop simple ; un choix sans doute de l’auteur pour pouvoir
être accessible à tous.
Et puis son dernier chapitre est surprenant puisque
l’auteur prend le temps de remercier ses lecteurs et se livrer (si je puis dire)
sans filtre.
EN ATTENDANT BOJANGLES - OLIVIER BOURDEAUT
C’est ce qui s’appelle se prendre une claque.
Je n’aurais jamais lu ce livre si une de mes amies
ne me l’avait pas conseillé (Merci Darling). Le résumé au dos n’est pas des plus vendeurs. En
revanche les 4 avis mentionnés, ajoutés aux prix décernés, laissent à penser que
l’ouvrage (de 170 pages) est une sorte d’ovni littéraire qu’il ne faut pas
négliger. A la lecture des premières pages, le lecteur sait par avance que le
récit n’aura pas forcément une fin très réjouissante.
C’est l’histoire d’une famille composée d’un papa, d’une
maman, d’un garçon. Jusque là, rien de très original me direz-vous. Mais les parents sont "un peu" fous, fous de tout : fous d’amour,
fous d’ivresses, fous de leur enfant. Le narrateur est principalment l’enfant avec sa
vision naïve, troublante dérangeante, face à l’irresponsabilité de ses parents.
Et puis parfois c’est le père qui parle, qui décrit son amour pour cette femme
hors du commun, qui le pousse à franchir
les limites du raisonnable et de l’acceptable. Il est lui-même entrainé dans un
tourbillon de folie où la lucidité n’existe plus.
C’est extrêmement troublant et Jerôme Garcin de l’Obs
le résume très bien : "Olivier
Bourdeaut fait sourire les larmes et pleurer l’allégresse. Il mérite le succès
qui va fondre sur cette fable extravagante et bouversante."
LE CLUB DES 5 EN VACANCES- ENID BLYTON
Non ce n’est pas une blague ; j’ai rapporté ce
livre de chez mes parents car j’en conservais un souvenir de dingue. Paradoxalement,
sans me rappeler du moindre détail de l’histoire, ma mémoire conservait la
trace d’un ouvrage que j’avais particulièrement apprécié à l’époque. J’étais
fan du "club des 5" qui selon moi surpassait les aventures du "clan des 7"
ou autres "6 compagnons".
Le livre est
en parfait état même si le rose de la bibliothèque est légèrement passé. Les feuilles jaunies sentent ce parfum inimitable des ouvrages trop
longtemps enfermés dans des armoires de sous-sols de maisons, qui regorgent de
multiples trésors d’enfance et de la vie qui passe.
J’ai profité de ces vacances pour me replonger une
quarantaine d’années en arrière. Je ne me voyais pas ouvrir le livre au milieu
de mes voisins de RER quoi que, à bien y réfléchir l’expérience aurait pu être
intéressante.
Je ne peux que vous recommander de vous plonger
dans un livre de votre enfance : quelle expérience et comme j’ai ri dès
les premières pages. Tenez, prenez le nom du père de Claude (le garçon manqué
de la bande) : "Monsieur Dorsel"; remplacez le "s" par le
"c" et faites une recherche internet… la narratrice (décédée en 1968) doit faire
des bonds dans sa tombe elle qui se sentait investie de la mission d’inculquer
à ses lecteurs, des valeurs morales solides… Et cette façon qu’elle a de
décrire les femmes : hormis Claude qui détient l’un des rôles principaux parce
que c’est un garçon manqué comme le répète une bonne douzaine de fois l’auteur,
Annie ne parle que très peu et ne fait que pleurer. Quant à la mère de Claude,
elle est dans l’incapacité de prendre la moindre décision suite à des dégâts
matériels causés par une tempête. Lisez plutôt la réflexion du père :
"ma femme a été tellement secouée par cet
accident qu’elle n’est pas en état de s’occuper elle-même des questions
matérielles ; c’est moi qui vais me charger de cela". Mme Dorsel ne le contredira pas, elle qui n’est
manifestement bonne qu’à préparer des repas et des tartelettes pour ses
enfants. On ne l’entendra d’ailleurs jamais s’exprimer. Si Claude et son chien
Dagobert sont au cœur des intrigues, son ami Mick saura lui rappeler : "Il serait vraiment temps que tu
cesses de croire que tu as autant de valeur qu’un garçon". On croit rêver.
Et puis il y a les références à des réflexes d’éducation
qui font froid dans le dos : on parle de "martinet", de "recevoir
une solide correction", de punitions "à l’eau et au pain sec"
Le vocabulaire employé est totalement dépassé : "chenapan", "garnement", "flute"
(le gros mot par excellence), "grabuge", "prendre la poudre d’escampette",
"vestibule", "on n’y voit goutte" etc…
Quant au style, il est parfois très lourd mais je me
suis imaginée Jean Rochefort en train de lire, ce qui m’a permis d’avoir le
courage d’aller jusqu’au bout d’une intrigue limitée. Ecoutez-le lire cette
phrase : « Une pénombre grise
et bleue descendit sur le rocher maudit estompant l’altière silhouette du Pic
du Corsaire ». Ca va tout de suite mieux non ?
Vous l’aurez compris "Le club des 5" a
mal vieilli mais c’est un trésor de références d’une époque révolue. Avant
de le relire, Je pensais que Watson apprécierait ces aventures mais finalement
je ne vais pas lui infliger cette correction ; il n’y comprendrait goutte.
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