dimanche 20 août 2023

Camping Paradise



Si l’on m’avait prédit il y a 4 ans que je deviendrais une habituée des vacances en village camping, je ne l’aurais bien sûr pas cru une seule seconde et aurais demandé sur le champs le remboursement de ma séance de boule de cristal. Je ne dénigre pas ce type de vacances mais il faut bien avouer que je suis davantage fan de semaines en maison de bord de mer en famille ou entre amis, blindés d’enfants pour notre tranquillité. Mais le divorce est passé par là et une fois épuisée la carte potes, parents, il reste souvent une semaine à occuper avec mon fils de 16 ans. Qui dit 16 ans, sous entend :
- ne pas avoir sur le dos sa daronne d’amour parfois un peu relou (wech). 
- ne pas dépendre des horaires de son fils pour démarrer des activités (wech aussi)

L’option camping s’est donc tout sauf naturellement proposée à ma réflexion. Par camping, il faut bien entendu comprendre bungalow ou cottage (termes manifestement plus vendeurs que simple mobil-home). J’ai passé l’âge de la tente Quechua que j’aurais de toute façon été incapable de déplier… Et puis soyons honnête, j’aspire à un minimum de confort d’où la formule impérative du fameux cottage où chacun dispose de sa chambre, ce qui m’évite d’être confrontée à la pyramide de fringues de tous genres, accumulées par terre de jour en jour…

J’en suis à ma troisième année consécutive mais pour autant je ne suis pas une adepte inconditionnelle. Cependant si j’y retourne, c’est qu’il répond à mon objectif premier, faire plaisir à mon fils ma bataille pour ceux qui ont la ref’ ; ce type de vacances permet avant tout d’avoir un ado content (bel oxymore) et qui n’attend qu’une chose, c’est de pouvoir retrouver sa tribu aux signes distinctifs des cheveux sur les yeux et des voix qui déraillent.

Revenons-en au commencement, la recherche sur internet… Ma première expérience sur la toile fut très formatrice ; je me souviens avoir été séduite par l’emplacement d’un camping face à la mer avec accès direct à la plage. Puis les photos du "Lodge, sweet home originale toute de bois vêtue" m’avaient littéralement conquises. J’avais été fort étonnée qu’un tel logement soit encore disponible sur le site. J'ai compris en arrivant sur place : je ne m’étais pas aperçue que les murs et le toit de cette charmante bicoque aux allures de cabanon pour Robinson Crusoe CSP+ , étaient en toiles de voile bateau. Imaginez la suite, ce Lodge face à l’océan atlantique, était en permanence en proie au vent et le niveau de décibels générés par la toile claquant sur la charpente était tout simplement intolérable de jour comme de nuit…Inutile de préciser que les années suivantes,  les locations ont été étudiées à la loupe double foyer, le critère numéro 1 étant la tranquillité. 

Oui parce que je ne suis pas une grande fan de ambiances type jeux apéro, choré dans la piscine et autres réjouissances de cet acabit. Alors quitte à payer un supplément à la réservation, j’indique que je souhaite être au calme. Je dois être depuis, répertoriée dans les fichiers onglet clients relous à tendance associable. Pourtant lors de ma première expérience, j’ai essayé de m’intégrer, de passer outre mes a priori. Je me suis donc rendue au pot de bienvenue : "Allez vas-y, tu vas peut-être rencontrer des gens sympas et qui sait tomber sur un père célibataire ." (parole bienveillante de mes amis qui suivent mes aventures à distance avec délectation). J’ai compris en récupérant auprès d’un gentil animateur mon verre en plastic de rosé chaud et en regardant autour de moi, que mon intégration serait compliquée : âge moyen 35 ans, 0 famille monoparentale, je constitue l’exception… Quand Gérard (Gégé pour les intimes) sur l’estrade déjà tout rouge de rosé, a commencé à vouloir garder le micro après avoir enchainé au karaoké 3 chansons de Johnny, je me suis dit qu’il était temps pour moi de retrouver mon tout sauf "sweet lodge"…

J’ai remplacé le rosé chaud par du vin blanc bien frais (en provenance de ma propre cave, une valeur sûre) que je me suis servie sur mon espace terrasse (en plein vent) dans un verre du type cantine, absolument incassable sur un lino de rigueur. Personnellement, côté équipement culinaire, j’embarque toujours dans mes valises un tire bouchon de chez moi pour éviter de me broyer les mains avec le limonadier local systématiquement proposé. J’emporte aussi un couteau qui coupe, puisque ceux mis à disposition ne remplissent que très rarement cette fonction. 

J’ai également appris au fil des années qu’il fallait prévoir un kit culinaire et ménager de premiers secours (sel, poivre, produit à vaisselle etc…) pour éviter de payer à la supérette du camping, 10 euros la petite bouteille de ketchup.


Mais me direz-vous que fais-tu de tes journées alors ? Je me rends à la piscine en horaire décalé pour éviter le bain de foule et le pédiluve associé. Le complexe piscine est également un critère de sélection du camping : obligation de la présence de toboggans multivirages insupportables qui drainent de l’ado en grappe et d’un bassin plus calme pour adultes consentants. J’ai d’ailleurs fini par céder à l’appel de la tongue qui, quel que soit le camping, règne en maître absolu à l’entrée de l’espace piscine.

Depuis ma chaise longue, je bouquine, j’observe les familles. Je me régale quand je vois cet homme qui après avoir fait quelques longueurs sans se soucier des baigneurs, sort de l’eau torse bombé, les muscles en avant puis, pour je ne sais quelle raison, perd l’équilibre en remontant sur le bord et retombe lourdement dans le bassin. Ressortir dignement dans ce cas,  est mission impossible et moi je pouffe ouvertement. Puis vient cet animateur qui se fige devant moi en me cachant le peu de soleil pour me proposer : "ça te dit une séance d’aquagym, allez viens ça va être sympa". Le tutoiement, surtout ne pas faire l’étonnée et juste lui répondre : "Non merci t’es sympa mais je viens de me faire un running de 15 km". En une phrase et au détour d’un court mensonge de 13 km,  je viens d’assoir mon statut de daronne stylée.


Côté destination, Je choisis généralement des endroits qui me permettent de visiter les alentours, pendant que mon ado dort. Cette année avec le temps exécrable, j’ai un peu regretté d’avoir opté pour les Sables-d’Olonnes, parce que la région n’a rien d’exceptionnel et je n’étais pas particulièrement tentée par le muséum du coquillage. 

J’avoue également passer un certain temps à me balader au sein des allées du camping pour admirer les  tentes palace des Hollandais, qui vont jusqu’a prévoir le canapé d’angle gonflable extérieur, les guirlandes lumineuses ou les pots de fleurs pour délimiter leur emplacement. 


Je retrouve généralement mon fils pour les repas qui ne durent jamais plus de 30 minutes parce qu’il a rendez-vous avec ses nouveaux amis et ne veut surtout pas être en retard.  Cette demi-heure est largement suffisante pour constater à quel point il est heureux. Je le sais d’avance, à la fin du séjour il me dira : "C’était trop stylé Maman, faudra revenir l’année prochaine." 

Mission accomplie.