Oui je sais ça fait
bien longtemps que je n’ai pas pointé ma face de clavier et pourtant, ce n’est
pas l’envie qui m’en manque. Je dois avouer que l’écriture de ma "Nouvelle"
a laissé quelques traces de déception ainsi que d’amertume : une sorte de
dépression des mots et le sentiment d’avoir épuisé tous les sujets, bref du
grand n’importe quoi.
Chaque jour
qui s’écoule est un torrent d’inspiration, à condition de faire un arrêt sur
images, sur la cascade du temps.
S’il est une
période qui mérite d’être décryptée, c’est celle que nous vivons depuis
quelques semaines, depuis le Festival de Connes Cannes exactement. Je ne
sais pas vous mais l’ouverture de ce Festival déclenche dans mon horloge du
cortex une vague d’ondes positives. Je me fous éperdument de l’évènement même
si je ne peux m’empêcher de jeter un œil distrait sur la montée des marches des
célébrités : j’attends que l’une d’entre elles se pète la tronche ou
déchire sa robe. Plus sérieusement je me délecte des tenues féminines qui même
si elles proviennent des créateurs les plus en vogue, ne sont pas forcément en
adéquation avec le sujet qui les porte. Mais la recherche de l’originalité
dépasse parfois la lucidité et l’on se retrouve souvent avec des robes boudins.
En fait ce n’est
pas le Festival qui me fait vibrer mais le fait qu’il soit synonyme du démarrage
des "estivités" : qui dit Festival, dit le début des beaux
jours. Vas-y sors le barbecue, ce soir c’est l'bon. Les brochettes imposantes
et pas forcément ragoûtantes, prennent le leadership dans le rayon boucherie ; le rosé et le coca frôlent la rupture de stock en permanence.
Watson et
Sherlock pourraient se nourrir de saucisses au quotidien, juste pour les voir s’abandonner
à une séance de bronzage odorante sur la plaque du barbecue électrique. Sauf
que moi, après la première saucisse de la saison, je frôle le "gras le
bol". Alors cette année, c'est décidé, ce sera la saison de la marinade pour
éviter l’overdose de chipos aux parfums de plus en plus diversifiés :
tomates, oignons, piment d’Espelette, roquefort. A quand la saucisse au Spritz ?
Il n’empêche que rentrer le soir dans sa résidence et ressentir l’ambiance des
balcons, entendre le son des barbecues et celui des verres qui se côtoient, c’est
excellent pour le moral. Le temps d’une saison, la pièce principale des
appartements se délocalise à l’extérieur ; peu importe la surface, chacun
veut profiter de la moindre occasion pour vivre dehors, quitte à se retrouver
et c’est bien là tout le paradoxe, autour d’une table de jardin, serrés comme des
sardines.
Pendant ce
temps-là, les bacs à glaçons démarrent leur travail saisonnier et enchaînent
les trois huit pour ne jamais être vides ; quoi de plus frustrant que de
rêver d’un Ricard ou d’un Coca glacé et de se retrouver confronté à la négligence
du dernier utilisateur. Oui je dis bien "du dernier utilisateur"
car cette négligence ne peut être que masculine…
C’est aussi la
période où les climatisations des bureaux ont du mal à trouver leur marque :
les locataires en font les frais et sont alternativement transformés en éponge
dégoulinante ou en lapons frigorifiés.
Au même moment, chez Roland, c’est le début de l’effervescence : comme chaque année
Perrier, Lacoste, Peugeot et BNP font leur show aux abords des courts de
tennis. Les bacheliers révisent, un œil rivé sur la télé. Cette année, Roland
subit un tempête de ciel bleu, ce qui rend l’évènement encore plus majestueux :
- les ombres des joueurs en mouvement sur la page
orange du cours, sont une succession d’œuvres d’art éphémère.
- La terre n’en finit plus d’être battue pour
notre plus grand plaisir : les traces de coups et les impacts des balles
soulèvent une poussière aux allures de curcuma.
- Les joueurs et les joueuses poussent des cris de
plus en plus puissants à la limite du râle animal mais ça n’étonne personne.
- Les ramasseurs des balles se battent pour subir
l’esclavagisme des joueurs et de leurs caprices : collecteurs de
balles mais aussi de serviettes, porteurs de parapluie, fournisseurs de boissons, le tout en silence et au pas de
course. Chez Roland,
le spectacle est aussi dans les gradins. Alors que certains bossent en semaine,
d’autres s’offrent le luxe de journées Porte d’Auteuil. Mais pour faire "genre
je bosse", les hommes d’affaires ne quittent pas leur cravate et se retrouvent
en chemise auréolée de sueur : c’est Môman qui ne va pas être contente ce
soir.
Au défilé des couvre-chefs, c’est le canotier qui remporte la première
place : 90 euros l’chapeau, disponible dans toutes les boutiques du
"Village à Roland". Mais si je vous assure, le Tennis se popularise…
Dans les
tribunes, Nelson Montfort fait son show en arborant fièrement ses implants
capillaires de plus en plus fournis.
Vous l’aurez
compris, je suis fan de tennis même si je suis nostalgique de l’époque où les
joueurs se permettaient de l’excentricité dans les paroles et les tenues :
les blagues de Connors, la mauvaise foi de Mc Enroe, la perruque d’Agassi et je
ne plaisant pas ; séquence "le saviez-vous" : complexé
par sa perte de cheveux anticipée, la tignasse d’Agassi n’était en fait qu’une
postiche. Comme
souvent, chez Roland comme au Festival de Cannes, la France ne fait qu’accueillir
les évènements de façon impériale mais éprouve quelques difficultés à
décrocher la palme de la coupe.
Eh bien voilà, j’avais
juste envie de faire un arrêt sur cette période de l’année qui donne un avant-goût
de vacances, que nous attendons tous. Il ne reste plus qu’à débroussailler les yétis
qui sommeillent en nous, prendre soin de nos corps en s’hydratant d’une manière
ou d’une autre et profiter des soirées rallongées en familles ou entre amis.
Excellente semaine à tous !