L’année dernière à la même époque nous étions en
plein démarrage de la série "Fillon and the Penelope Gate". Cette
année, la tendance médiatique se situe sur un registre intégralement orienté
météorologie. Il faut dire qu’entre les inondations, les crues et décrues (qui
l’eut cru) et ensuite la neige, BFM a de quoi nourrir son info en continue avec
des tonnes de reportages plus
insignifiants les uns que les autres. Mais l’info en continue ça veut bien
dire ce que ça veut dire, l'important c'est de meubler, ce qui nous a permis de connaitre quart
d’heure après quart d’heure, le nombre de centimètres de neige à Paris et ses
environs, de savoir que le chauffeur de poids lourd
avait du chauffage dans sa cabine, que ça glissait sur les routes (ah
bon ?), que Martine a pris sa voiture mais qu’elle aurait peut-être pas dû
et qu’il a fallu que Robert abandonne sa caisse sur une nationale devenue
depuis, aussi célèbre que la route 66.
Alors si de surcroît, la localisation du phénomène
neigeux se situe sur la capitale et sa
banlieue, toute la rédaction de BFM s’est mobilisée car on ne plaisante pas avec la vigilance orange.
Cette semaine de début février a donc été pour bon
nombre de franciliens, un peu spéciale. A commencer pour moi puisque je me suis
enfilée 3 jours de télétravail pour éviter les glissades, retards des
transports, crises d’énervement inutiles et bénéficier de réveils à la limite
de la grasse matinée (entendez par là 7 heures au lieu de 5h45). Il faut dire
que pour cela je suis bien lotie puisque dès le premier jour de neige, tout le
personnel de l’entreprise avait reçu un mail nous incitant à rester chez nous,
moyennant bien sûr la possibilité de télé-travailler ou de poser des jours de
congés. Et puis le mail donnait également quelques conseils dont je ne peux m’empêcher
de vous livrer quelques morceaux. On ne sait jamais ça pourrait vous servir à
vous aussi.
Exraits :
"Pour les
voitures et 2 roues motorisées :
- Neige,
verglas, givre, brouillard… conduire en hiver nécessite d’adapter son
comportement de conduite, en plus de respecter les règles de sécurité routière
(port de la ceinture, limitation de vitesse…)."
Mais en été fait péter la ceinture et
lâche toi sur la vitesse.
- "Laisser
la priorité aux chasse-neiges et engins de salage : tout dépassement est
interdit."
Encore faut-il pouvoir s’arrêter, Monsieur l’agent.
- "Augmenter
les distances de sécurité : neige et verglas augmentent considérablement la distance
de freinage."
Nan j’te crois pas.
- "Éviter
toute manœuvre brutale, notamment sur route verglacée."
Tu es en
train de me dire que je ne peux même pas me faire un petit arrêt au frein à
main d’sa mère ?
- "Adapter
sa vitesse aux circonstances."
Et qu’entendez-vous par circonstances
exactement, c’est un peu freudien comme réflexion non ?
- "Anticiper
les risques et donc les freinages en repérant les zones à risques : ponts,
virages, descentes, sous-bois..."
Ah bein moi qui voulais me faire
un tout schuss au milieu des conifères
- "En
cas de violentes bourrasques de neige et de mauvaise visibilité, mieux vaut
s'arrêter sur le bas-côté, feux de détresse allumés et attendre les secours
dans la voiture."
Quand te reverrais-je, Pays merveilleux… Dans dix
minutes je nous considère comme définitivement perdus (Michel Blanc pour les incultes)
"Et pour les
piétons :
- Mettez
des chaussures de marche ou des bottes avec des semelles crantées."
Mais veux-tu ranger tes tropéziennes,
enfin voyons !
- "Marchez
très doucement, en vous assurant de la stabilité de vos pas."
Tu t’es vu quand t’as bu ?
- "A vélo,
mettez pied à terre pour franchir une zone dangereuse : pente, couche de neige,
passage d’un obstacle au sol (dos d’âne…)."
Quand tu dis "pied", ça veut dire que si t’es en vélo sous la neige, tu ne mets pas de chaussures ?
Il n’empêche qu’on en a pris pleins les yeux parce
que oui quand ça tombe, la neige, c’est beau. C’est tellement rare
qu’on refuse de sortir le parapluie pour mieux sentir les flocons se poser, s’accumuler
sur nos manteaux (neigeux) et humidifier délicatement notre brushing du matin.
Et puis pour beaucoup d’entre nous, cette neige provoque une avalanche de souvenirs :
- l’ambiance station de ski avec le son feutré en
mode boule de coton,
- le grincement inimitable et pour une fois agréable
de nos pas dans la poudreuse,
- L’émerveillement des enfants qui s’offrent enfin
des batailles autorisées,
- La lumière bleutée quand le jour se lève sur les
montagnes peintes en blanc,
- Le démarrage des remontes pente le matin, avec
le bruit des tirs fesses qui au retour se cognent les uns aux autres, les
coquins.
Cependant nous sommes bien dans la banlieue parisienne même
si c’est difficile à croire, tellement le paysage francilien a subi une
opération chirurgicale qui le rend méconnaissable mais amplement plus désirable :
- Les arbres qui exhibaient leur nudité anorexique,
sont à présent parés de robes voluptueusement meringuées ou de sculptures de
chantilly qui joue les équilibristes.
- Les voitures sur la route adoptent le mouvement
ralenti, dans un silence presqu’envoutant.
- le blanc immaculé de la neige fraichement tombée,
nous éblouit et nous fait oublier que le ciel reste gris.
Et puis, il y a le côté "pagaille", "galère" comme s’empressent
de titrer les quotidiens parisiens, quitte à se péter une jambe en haut de la piste
des mots. N’oublions pas les ronchonchons qui se plaignent de se retrouver
coincés sur la N118. Et puis ceux qui sont bien au chaud chez eux mais qui
cherchent des responsables forcément politiques, histoire de provoquer une bataille de boules…puantes.
Alors même si le Canada se moque de nous: "ils
déneigent quoi de la poussière ?",
que Michel Chevalet pousse une gueulante sur BFM : "c’est le bordel à la française ; ils se sont tous foutus dans la N118.", que Francis (nom d’emprunt) se retrouve en panne de
chauffage la nuit la plus froide de l’année, sans avoir la possibilité de se
faire dépanner pour cause de routes impraticables, on l’a aimé cette parenthèse
neigeuse parce qu’elle nous a émerveillés,
elle nous a changés du quotidien et maquillé nos environs, ternis par une météo en pleine dépression, à la limite du burn out.
Ce fut soudain, inattendu alors que pourtant, à bien y réfléchir, il ne s'agit que d'un vulgaire fait "d'hiver".