dimanche 24 novembre 2024

Les « bails » relous #1 : La notice des médicaments




Rangé à l’intérieur contre la paroi de la boite d’emballage ou plié en "U" autour des plaquettes de médicaments, aussi minuscule soit-il, ce petit bout de papier au grammage égoïstement avare, peut nous rendre grossiers voire hystériques. Le processus d’énervement est toujours le même et démarre à l’ouverture de la boite. La notice se trouve forcément à l’opposé de là où l’on a décidé d’ouvrir : une sorte de mauvais karma systématique, malvenu dans un contexte de recherche désespérée d’apaisement de symptômes. La notice est tellement planquée qu’elle n’est pas visible au premier coup d’oeil. C’est fâcheux parce que généralement si on souhaite la consulter, c’est que quel que soit le mal qui nous ronge à cet instant, le niveau de stress n’est pas particulièrement modéré. On a sans doute besoin de vérifier la posologie ou les effets secondaires. Ces effets indésirables, une fois lus et la gélule avalée, on les ressentira bien évidement comme tout spécimen hypocondriaque qui se respecte, même s’ils ne concernent qu’une personne sur 10 000. Mais revenons en à cette notice soigneusement pliée par je l’espère, une machine automatique et non des dizaines d’ouvriers à la chaine taylorienne, chacun responsable d’une des 50 nuances de pliage… 
Une fois le subtil document sorti, le son de ce feuillet qu’on déplie est presque satisfaisant (ASMR kiffance) même si à présent, il est proche du format A3 (j’exagère à peine). Comment peut on mentionner tant d’informations pour un comprimé à peine plus gros qu’une lentille verte ? Au passage, on se prend une nouvelle dose d’énervement de constater que la police d’écriture est réservée à des pilotes de chasse à la parfaite acuité visuelle, critère de sélection qui selon moi, semble être peu représentatif de la tranche d’âge dont je fais partie. Après avoir relu plusieurs fois les informations recherchées et intégré que la dose maximale n’était non pas 8 mais 3 fois par jour (il est vrai qu’en police 0,5, ces deux chiffres se ressemblent inévitablement), il est temps de re ranger dans sa boite ce délicat papier qui pourra peut-être nous servir à nouveau… C’est là que démarre la crise de démence : savoir replier cette feuille A3 en respectant tous les sens. C’était si simple à déplier, on aurait dit un accordéon (d'Yvette - désolée). Faut juste faire l’inverse, où est le problème ? Alors au départ, on est plein de bonne volonté et on essaie, parce qu’on est motivé ; et puis au bout de dix secondes on plie ce p… de bout de papier comme on peut et on l’enfonce de force dans la boite à présent toute gondolée. Sauf qu’on a oublié d’en sortir la plaquette de médicaments mais que si on l’extrait, elle entrainera dans son mouvement celui de la feuille démoniaque… Alors pour se calmer, il faudra peut être se saisir de l'autre boite de médicaments, celle de tranquillisants, en prenant soin de respecter la posologie visible sur la notice…

samedi 9 novembre 2024

L'île d'Yeu à la Toussaint, quel bol (d'air) !





Je reviens de cinq jours de vacances à l’île d’Yeu et l’expression "recharger ses batteries" est l’exact reflet de ce que j’ai ressenti durant cette (trop) courte semaine. 

C’est une période incomparable où les chanceux sur l’ile, ont le privilège de capter les quelques reliquats de l’été dans une ambiance fraîche et apaisée : malgré la présence de derniers vacanciers, Port-Joinville, les différents hameaux comme St Sauveur ou bien Ker Chauvineau, les plages et les chemins, commencent à se délecter d’une tranquillité bien méritée. 

Le port de la Meule est étonnamment vide mais permet d’apprécier la clarté de son eau, au repos, qui ne fait plus de vagues. 

Du côté des Sabias, le Château et les Ours veillent à présent sur une baie vierge de toute embarcation. 

Sur les plages des Vieilles, de Ker Daniau ou bien des Soux, les promeneurs qui l’été, doivent slalomer entre les serviettes pour progresser, s’en donnent à coeur joie comme des chiens à qui l’on vient de retirer la laisse : on marche, on court, on roule, on s’allonge où bon nous semble. L’étendue de sable nous appartient et sa couleur continue de nous surprendre, comme celle des Sables Rouis qui ressemble au bronzage. 

Dans l’eau, à quelques mètres du bord, on admire en frissonnant, cet unique baigneur qui, de retour au bureau, pourra se vanter auprès de ses collègues, de s’être tonifié dans une eau à moins de 15 degrés.

La lande est plus humide et dégage une senteur d’humus mais les queues de lièvres (ou chatons) même courbées et amaigries, nous rappellent que l’été n’est pas si loin. L’herbe vert chlorophylle contraste joliment avec le gris mystérieux du ciel de Toussaint. Au loin sur l’océan mystérieusement calme, on distingue une tâche de lumière déclenchée par le soleil qui joue les projecteurs de scène spectaculaire, pour l’artiste qu’est la mer. Au fond, la croix de la Pointe du Châtelet semble perdue dans un coton de brume. 

Dans les chemins de terre, les flaques plutôt fréquentes, constituent des challenges en vélo qui font davantage rire les enfants que les grands…Les fougères sont en mode automne alors que les ajoncs s’acharnent à conserver quelques rares fleurs jaunes de-ci de-là mais leur parfum d’huile de coco s’est malheureusement évaporé.   

Devant les maisons blanches aux volets souvent fermés, les hortensias semblent lutter pour nous offrir leur derniers soubresauts de couleurs framboise ou bleu pastel malgré une majorité de pétales vieillissant aux tempes grisonnantes. 

Sur le port, assis à l’Equateur, on se surprend à retirer son blouson pour profiter d’un soleil facétieux qui ne va pas durer. On retrouve ses repères : pour notre grand bonheur gourmand, la camionnette orange de Mousnier stationne sur le petit marché. 

Le snack Martin qui ne désemplit pas, vit ses deniers instants avant sa fermeture annuelle : le personnel comme sa pâte à crêpe légendaire ont besoin de se reposer. Tatie Bichon joue les prolongations pour les vacances scolaires.  

  

Les jours même raccourcis, affichent des jeux d’éclairage hors du commun dans une ambiance délavée. Le soleil n’est plus le même : il a perdu de l’énergie mais sa lumière est plus douce et offre sur la Pointe du But en fin d’après-midi, des spectacles de couleurs époustouflants : la fosse des Broches joue les miroirs pour permettre aux nuages d’interpréter une valse colorée où l’orange, le rose, et le grisé se mélangent harmonieusement. Ce décor féerique ravit petits et grands venus faire naviguer sur ce plan d’eau éphémère, leurs précieuses maquettes de thoniers.

A gauche de la balise des Chiens Perrins, l’horizon de la mer semble partir en feu grâce aux derniers rayons d’un jaune inédit, qui réussissent à percer les remparts des nuages anthracites. Alors que la nuit tombe, les champs se parent d’une couette de brouillard aux ambiances d’Halloween. De retour à vélo, l’humidité de la selle est plus que perceptible ; tout le long du trajet, la fraîcheur des soirées et l’odeur régulière du bois qui brûle dans les cheminées, témoignent de la saison en cours. Les journées sont plus courtes mais c’est l’équilibre parfait entre les sorties qui font rougir nos joues et cette fainéante envie de se caler auprès d’un joli feu qui crépite, avec un cafthé ainsi que son tout nouveau livre en provenance de l’incontournable Maison de La Presse.


Ainsi vont les journées des vacanciers de la Toussaint sur l’île d’Yeu : douces, paisibles où le rythme est donné par celui des sorties au gré de nos envies. On révise ses classiques en se baladant vers la Chapelle de la Meule, au Petit Port des Vieilles ou bien au Vieux Château. Et même si ces endroits n’ont plus aucun secret pour nous, on en prend plein les Yeu(x) : les décors en perpétuel mouvement que constituent la mer, l’éclairage de l’instant et l’aquarelle du ciel, font de ces virées de bol d’air, des moments d’exception ancrés dans nos pensées. 


Merve’YEUsement  vôtre