samedi 9 novembre 2024

L'île d'Yeu à la Toussaint, quel bol (d'air) !





Je reviens de cinq jours de vacances à l’île d’Yeu et l’expression "recharger ses batteries" est l’exact reflet de ce que j’ai ressenti durant cette (trop) courte semaine. 

C’est une période incomparable où les chanceux sur l’ile, ont le privilège de capter les quelques reliquats de l’été dans une ambiance fraîche et apaisée : malgré la présence de derniers vacanciers, Port-Joinville, les différents hameaux comme St Sauveur ou bien Ker Chauvineau, les plages et les chemins, commencent à se délecter d’une tranquillité bien méritée. 

Le port de la Meule est étonnamment vide mais permet d’apprécier la clarté de son eau, au repos, qui ne fait plus de vagues. 

Du côté des Sabias, le Château et les Ours veillent à présent sur une baie vierge de toute embarcation. 

Sur les plages des Vieilles, de Ker Daniau ou bien des Soux, les promeneurs qui l’été, doivent slalomer entre les serviettes pour progresser, s’en donnent à coeur joie comme des chiens à qui l’on vient de retirer la laisse : on marche, on court, on roule, on s’allonge où bon nous semble. L’étendue de sable nous appartient et sa couleur continue de nous surprendre, comme celle des Sables Rouis qui ressemble au bronzage. 

Dans l’eau, à quelques mètres du bord, on admire en frissonnant, cet unique baigneur qui, de retour au bureau, pourra se vanter auprès de ses collègues, de s’être tonifié dans une eau à moins de 15 degrés.

La lande est plus humide et dégage une senteur d’humus mais les queues de lièvres (ou chatons) même courbées et amaigries, nous rappellent que l’été n’est pas si loin. L’herbe vert chlorophylle contraste joliment avec le gris mystérieux du ciel de Toussaint. Au loin sur l’océan mystérieusement calme, on distingue une tâche de lumière déclenchée par le soleil qui joue les projecteurs de scène spectaculaire, pour l’artiste qu’est la mer. Au fond, la croix de la Pointe du Châtelet semble perdue dans un coton de brume. 

Dans les chemins de terre, les flaques plutôt fréquentes, constituent des challenges en vélo qui font davantage rire les enfants que les grands…Les fougères sont en mode automne alors que les ajoncs s’acharnent à conserver quelques rares fleurs jaunes de-ci de-là mais leur parfum d’huile de coco s’est malheureusement évaporé.   

Devant les maisons blanches aux volets souvent fermés, les hortensias semblent lutter pour nous offrir leur derniers soubresauts de couleurs framboise ou bleu pastel malgré une majorité de pétales vieillissant aux tempes grisonnantes. 

Sur le port, assis à l’Equateur, on se surprend à retirer son blouson pour profiter d’un soleil facétieux qui ne va pas durer. On retrouve ses repères : pour notre grand bonheur gourmand, la camionnette orange de Mousnier stationne sur le petit marché. 

Le snack Martin qui ne désemplit pas, vit ses deniers instants avant sa fermeture annuelle : le personnel comme sa pâte à crêpe légendaire ont besoin de se reposer. Tatie Bichon joue les prolongations pour les vacances scolaires.  

  

Les jours même raccourcis, affichent des jeux d’éclairage hors du commun dans une ambiance délavée. Le soleil n’est plus le même : il a perdu de l’énergie mais sa lumière est plus douce et offre sur la Pointe du But en fin d’après-midi, des spectacles de couleurs époustouflants : la fosse des Broches joue les miroirs pour permettre aux nuages d’interpréter une valse colorée où l’orange, le rose, et le grisé se mélangent harmonieusement. Ce décor féerique ravit petits et grands venus faire naviguer sur ce plan d’eau éphémère, leurs précieuses maquettes de thoniers.

A gauche de la balise des Chiens Perrins, l’horizon de la mer semble partir en feu grâce aux derniers rayons d’un jaune inédit, qui réussissent à percer les remparts des nuages anthracites. Alors que la nuit tombe, les champs se parent d’une couette de brouillard aux ambiances d’Halloween. De retour à vélo, l’humidité de la selle est plus que perceptible ; tout le long du trajet, la fraîcheur des soirées et l’odeur régulière du bois qui brûle dans les cheminées, témoignent de la saison en cours. Les journées sont plus courtes mais c’est l’équilibre parfait entre les sorties qui font rougir nos joues et cette fainéante envie de se caler auprès d’un joli feu qui crépite, avec un cafthé ainsi que son tout nouveau livre en provenance de l’incontournable Maison de La Presse.


Ainsi vont les journées des vacanciers de la Toussaint sur l’île d’Yeu : douces, paisibles où le rythme est donné par celui des sorties au gré de nos envies. On révise ses classiques en se baladant vers la Chapelle de la Meule, au Petit Port des Vieilles ou bien au Vieux Château. Et même si ces endroits n’ont plus aucun secret pour nous, on en prend plein les Yeu(x) : les décors en perpétuel mouvement que constituent la mer, l’éclairage de l’instant et l’aquarelle du ciel, font de ces virées de bol d’air, des moments d’exception ancrés dans nos pensées. 


Merve’YEUsement  vôtre 

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