Il y a quelques jours, je vous vous annonçais sur Facebook, non sans
une immense fierté, avoir participé à un concours d’écriture organisé par ELLE
et les éditions 12-21. Le règlement était le suivant :
- Ecrire une nouvelle autour du chiffre 5.
- Entre 18 000 et 30 000 caractères maximum.
- Une ou plusieurs héroïnes.
- Il faut qu’il y ait de la surprise.
- Le déposer en ligne sur le site internet dédié,
avant le 5 avril minuit.
C’est une collègue et amie qui, en février m’envoya le lien qui
présentait le concours et m’encouragea
fortement à participer. Ma première réaction fut de me dire que ce genre d’exercice
n’était pas pour moi ; autant je suis à l’aise lorsqu’il s’agit de
raconter un évènement que j’ai vécu, autant imaginer une histoire, me paraissait
hors de ma portée. Poussée par cette amie, l’idée commença à faire son chemin
dans ma tête (de moineau).
Je passai toutes les vacances de février à imaginer mon histoire, mes
personnages, les lieux : au bord de la piscine de notre hôtel SPA, je
prenais des notes sur un cahier, effectuais des schémas sans doute uniquement
compréhensibles par moi, bref j’étais lancée.
Pendant les deux mois qui suivirent, il n’y eut pas un seul jour sans
que j’y pense : tous les week-ends étaient dédiés à de longues séances d’écriture.
Finalement je me rendais compte qu’une fois le contour de l’histoire défini, l’inspiration
venait progressivement, naturellement. Pour construire mes personnages, je
puisai autour de moi, un sourire, un regard d’une tante qui m’avait marqué, un
trait de caractère d’une amie ou d’un parent. Bref, J’y ai mis un peu de moi et
certainement beaucoup de vous.
J’ai passé toute une journée à Paris à repérer des endroits que je
comptais décrire, à rentrer dans des cafés pour voler des idées et les utiliser
pour le "zinc"de ma nouvelle, "le 5 sur V". J’ai voulu intégrer des
lieux et endroits qui me sont chers ou qui m’ont toujours questionnés :
Brou par exemple, où habite l’une de mes héroïnes, je n’y ai strictement jamais
mis les pieds mais cette sortie d’autoroute m’a toujours interpellée :
Brou, quel nom débile et les habitants, on les appelle comment ? Les
brouteurs et brouteuses ?
Ces deux mois ont été intenses mais j’ai adoré l’exercice ; aussi
bizarre que cela puisse paraître lorsque j’ai rédigée ma dernière phrase, j’étais
triste de me séparer de mes héroïnes.
Une fois ma nouvelle publiée, je me suis intéressée à celles de mes
concurrents toutes visibles depuis le site et c’est là que le doute fit son
apparition…
Bizarrement la majeur partie des histoires n’avaient que 9 ou 10 pages
alors que la mienne 30. Vous commencez à voir où je veux en venir ?
Pourtant, prétentieuse que je suis, ma première réaction fut de me dire :
"Eh bein, y’a un paquet de
candidats pas suffisamment motivés qui ne sont pas allés au bout de l’exercice ! ».
La deuxième hypothèse que je me formulais était encore pire : « hors sujet les gars les filles, vous
n’avez pas le bon nombre de caractères ! Disqualifiés direct."
"LE BON NOMBRE DE CARACTERES"…On en parle tout de suite ou
on attend un peu ?
Pendant toute la durée du concours je me répétais régulièrement :
"Alors je réponds bien au cahier des charges ?
- Le thème est bien le chiffre 5 ? Oui.
- Mes héroïnes sont bien des femmes.
- Il y a des effets de surprises ? Oui, enfin
je crois.
- Je suis dans la fourchette de caractères
autorisés. Ah bein ça oui, j’ai fait le calcul avec Word, si je veux faire 18 000
signes il me faut trente pages recto-verso."
Malgré cette vérification que j’ai dû faire dans ma tête une bonne
demi-douzaine de fois, je restais néanmoins sur un sentiment de malaise, le
même que l’on ressent quand en rendant une copie, on a le sentiment que quelque
chose cloche sans savoir vraiment quoi.
C’est en reprenant Watson un soir, qu’une petite lumière rouge s’est
allumée dans mon piètre cerveau : "Enfin Watson, est-ce tu as lu clairement
l’énoncé ? Ne te lance pas dans un exercice sans bien le lire, enfin !".
En même temps que je prononçai cette phrase, je venais de comprendre. Et si le
compteur de Word s’exprimait en mots et non en caractères ? Je me
précipitai donc sur mon ordinateur pour vérifier mon incroyable boulette :
c’est pourtant pas compliqué, il suffit de lire en bas à gauche de l’écran :
"Mots : 19 536", oui il s’agit bien de mots. Prenant mon
courage à deux mains gauches, je cliquai pour connaître la conversion en caractères :
111 258 pour un maximum de 30 000 autorisés…
Inutile de vous dire que ce que vous être en train de penser, je me le
suis infligée avant vous : mais quelle conne, pétasse, gourdasse et j’en
passe et des pires.
Dans un élan de courage j’ai envoyé un message à Sophie, celle qui m’avait
convaincu de faire ce concours, elle qui se voyait déjà mon attachée de presse
et qui en plus, s’était farcie les 31 pages !
Alors oui, j’ai versé une ou deux larmes de colère.
Par la suite, avec Sherlock mon mari, pour détendre l’atmosphère, on a
essayé d’imaginer la réaction du jury :
- Version 1 : "Nan mais regardez la pouffe qui écrit plus de 100 000 signes
et qui se prend pour Zola !"
- Version 2 : "Elle est con ou elle est con cette Charlie Steser ? En tout
cas elle sait pas compter !"
- Version 3 (sans doute la plus improbable) :
"Ouais ok, elle n’est pas dans les
clous mais on va quand même la lire ; elle s’est fait chier la pauvre."
Oui je sais, ça n’est pas possible, lâchez-vous traitez moi de tout ce
que vous voulez, je suis une m…
J’essaie d’en tirer néanmoins du positif et j’en ai trouvé :
- j’ai adoré le challenge et essayé de me mettre dans la peau d’un
écrivain.
- j’ai été capable de pondre 30 pages dans un environnement parfois
bruyant généré par les blabloutages de Sherlock et de Watson.
- j’ai envie de recommencer l’expérience.
Je suis, depuis, la cible de mon entourage et comme je le
comprends :
- "Ne
demandez pas à Charlie de s’occuper de la location de cet été ; elle
serait capable de vous louer une maison pour 30 alors que vous n’êtes que 3".(Merci la Baronne)
-"Non
Charlie, tu n’arriveras pas à verser le contenu d’une bouteille de 1,5 litre
dans une de 50 centilitres."(Merci Sherlock)
Et vous savez ce qu’il y a de plus drôle, c’est qu’avant de publier la
nouvelle, je devais me présenter en quelques lignes sur le site et expliquer ma
motivation ; et bien je crois pouvoir dire que je dois détenir un certain
talent pour les prémonitions : je termine mon petit speech avec la phrase
suivante : "…Je me suis donc dit qu’il
fallait que je tente cet exercice pour le meilleur et pour le pire."
Dommage que la Cérémonie des Boulets d’or n’existe pas car je l’aurais
remporté haut la main.
Et pour votre information, le billet que je viens d’écrire fait 1 254
mots soit 6 730 caractères.
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