Il y a pratiquement un an jour pour jour, je créais sur Facebook
la page "Le Blog de Charlie Steser". Depuis cette date,
33 sujets sortis de mon cortex ont emprunté le chemin de l’écriture et 238 mots
ou expressions ont ponctué mes semaines.
Pour tout vous dire, je ne pensais pas
pouvoir tenir le rythme mais mon activité professionnelle de l’époque n’étant
pas des plus prenantes, je disposais de plages étendues pour réfléchir,
convertir et écrire. Je suis consciente que le contenu et la qualité et de ma
prose sont similaires à n’importe quel fruit : parfois trop vert,
insipide, voire pourri et de temps en temps savoureux, juteux, délicieux. Le compteur
de lecteurs disponible sur mon blog, est à ce titre impitoyable : certains
sujets n’ont pas franchi la barre des 20 alors que d’autres se comptent par
centaines : le meilleur des meilleurs, "La recette inratable du week-end
réussi" qui culmine aujourd’hui à 669 ; allez savoir pourquoi…Et ce
compteur je le consulte un nombre incalculable de fois après chaque publication. Je suis comme un accusé dans son boxe qui attend le verdict du jury. Parfois je le trouve injuste,
non fondé, clément ou légitime. Mais de manière générale je fais confiance à la justice de mon pays…
Si j’écris, c’est avant tout pour moi. C’est un instant
d’exception où la notion du temps est paradoxalement hors du temps : et c’est
ainsi qu’en terminant un texte, je prends conscience que je viens de passer
tout un après-midi à composer et pianoter sur les touches noires de mon
clavier. L’écriture est une musique, le choix des mots donne le "LA",
la phrase construite doit être mélodie et la ponctuation impose le rythme.
C’est un moment d’isolement complet. Sherlock et
Waston peuvent mettre la maison à feu et à sang, je crois que je ne m’en
rendrais pas compte. Je suis dans une bulle de mots sans maux. J’aime les instants
où les phrases apparaissent sur l’écran comme par magie, guidées par mes doigts
qui prennent possession de mon cerveau. J’ai parfois l’impression de n’être
que spectateur.
Mais je ne vais pas le cacher, j’écris bien
évidemment pour être lue. Une nouvelle contradiction entre cette course aux
mots en solitaire et cette envie d’être vue par toujours un plus grand nombre.
Vous l’aurez compris, l’écriture est une passion ;
elle fait aujourd’hui partie de ma vie parce qu’elle m’aide à mieux respirer en
fonction de mon inspiration.
Parfois ça se veut drôle, en tout cas c’est mon
objectif, peut-être parce que le quotidien de chacun d’entre nous ne fait pas
toujours rire.
En fixant les mots sur l’écran, j’ai le sentiment de
détenir un super pouvoir, celui de faire une pause sur le temps qui défile, et
ainsi d’en profiter davantage. On vit des choses extraordinaires au quotidien
sans même sans rendre compte. Nous sommes des impatients du futur, toujours en
train d’attendre des vacances, une soirée, un évènement, une rencontre. Le présent
n’a plus sa place, à moins de le retenir au travers d’une page qui reprend des couleurs, grâce aux mots qui la
guérissent de sa pâleur.
Et pendant ce temps, la vie trace sa route avec des
choses au quotidien qui font du bien : une rencontre, un appel, une belle
journée, une bonne bouffe, un livre, une promenade, un effort, un running, une
douche, un fou rire, une discussion en famille ou entre amis, un réflexion d’un
enfant, un sourire, un message, s’endormir, une soirée, un verre dans un café
parisien, un petit déjeuner dans la Bar d’Amélie Poulain, une recette, un feu
de cheminée, un sourire, un spectacle, un projet à construire, regarder son
enfant dormir, observer, écouter la vie et en faire son amie.
Alors oui, cette année je vais continuer mon blog
malgré une activité professionnelle plus intense mais déjà source d’inspiration…
Je vais continuer parce que j’ai la prétention de croire
que peut-être ces "arrêts sur images" déclenchent un peu de joie,
un sourire, une émotion, une envie de faire une escale, de réfléchir sur soi ou
sur les autres, sur ce que l’on a malheureusement passé à la trappe, contaminé
par le virus de l’impatience.
Je vais continuer en essayant de me renouveler même
si j’ai parfois l’impression d’avoir épuisé tous les sujets. Ce n’est certainement
pas le cas ; des sujets, il en existe à la pelle au quotidien. Alors si parfois nous avons le sentiment que les évènements se répètent de jour en
jour ou d’année en année, tout est question de filtre comme une photo postée
sur Instagram.
Mais revenons sur mon futur que je repousse d’heure
en heure pour qu’il ne devienne pas présent : celui de couvrir les livres
de Watson et de remplir des formulaires qui ressemblent étrangement à ceux déjà
remplis dans un passé récent. Quelle perte de temps, me direz-vous. Par les temps
qui courent, il y a certainement meilleur passe-temps. Et comme dirait Irma : "Au temps en emporte le vent."
Copyright Véronique Gaudiot