dimanche 10 septembre 2017

Mais Charlie pourquoi t'écris ?


Il y a pratiquement un an jour pour jour, je créais sur Facebook la page "Le Blog de Charlie Steser". Depuis cette date, 33 sujets sortis de mon cortex ont emprunté le chemin de l’écriture et 238 mots ou expressions ont ponctué mes semaines.
Pour tout vous dire, je ne pensais pas pouvoir tenir le rythme mais mon activité professionnelle de l’époque n’étant pas des plus prenantes, je disposais de plages étendues pour réfléchir, convertir et écrire. Je suis consciente que le contenu et la qualité et de ma prose sont similaires à n’importe quel fruit : parfois trop vert, insipide, voire pourri et de temps en temps savoureux, juteux, délicieux. Le compteur de lecteurs disponible sur mon blog, est à ce titre impitoyable : certains sujets n’ont pas franchi la barre des 20 alors que d’autres se comptent par centaines : le meilleur des meilleurs, "La recette inratable du week-end réussi" qui culmine aujourd’hui à 669 ; allez savoir pourquoi…Et ce compteur je le consulte un nombre incalculable de fois après chaque publication. Je suis comme un accusé dans son boxe qui attend le verdict du jury. Parfois je le trouve injuste, non fondé, clément ou légitime. Mais de manière générale je fais confiance à la justice de mon pays…

Si j’écris, c’est avant tout pour moi. C’est un instant d’exception où la notion du temps est paradoxalement hors du temps : et c’est ainsi qu’en terminant un texte, je prends conscience que je viens de passer tout un après-midi à composer et pianoter sur les touches noires de mon clavier. L’écriture est une musique, le choix des mots donne le "LA", la phrase construite doit être mélodie et la ponctuation impose le rythme.
C’est un moment d’isolement complet. Sherlock et Waston peuvent mettre la maison à feu et à sang, je crois que je ne m’en rendrais pas compte. Je suis dans une bulle de mots sans maux. J’aime les instants où les phrases apparaissent sur l’écran comme par magie, guidées par mes doigts qui prennent possession de mon cerveau. J’ai parfois l’impression de n’être que spectateur.
Mais je ne vais pas le cacher, j’écris bien évidemment pour être lue. Une nouvelle contradiction entre cette course aux mots en solitaire et cette envie d’être vue par toujours un plus grand nombre.
Vous l’aurez compris, l’écriture est une passion ; elle fait aujourd’hui partie de ma vie parce qu’elle m’aide à mieux respirer en fonction de mon inspiration.  
Parfois ça se veut drôle, en tout cas c’est mon objectif, peut-être parce que le quotidien de chacun d’entre nous ne fait pas toujours rire.
En fixant les mots sur l’écran, j’ai le sentiment de détenir un super pouvoir, celui de faire une pause sur le temps qui défile, et ainsi d’en profiter davantage. On vit des choses extraordinaires au quotidien sans même sans rendre compte. Nous sommes des impatients du futur, toujours en train d’attendre des vacances, une soirée, un évènement, une rencontre. Le présent n’a plus sa place, à moins de le retenir au travers d’une page  qui reprend des couleurs, grâce aux mots qui la guérissent de sa pâleur.
Et pendant ce temps, la vie trace sa route avec des choses au quotidien qui font du bien : une rencontre, un appel, une belle journée, une bonne bouffe, un livre, une promenade, un effort, un running, une douche, un fou rire, une discussion en famille ou entre amis, un réflexion d’un enfant, un sourire, un message, s’endormir, une soirée, un verre dans un café parisien, un petit déjeuner dans la Bar d’Amélie Poulain, une recette, un feu de cheminée, un sourire, un spectacle, un projet à construire, regarder son enfant dormir, observer, écouter la vie et en faire son amie.
Alors oui, cette année je vais continuer mon blog malgré une activité professionnelle plus intense mais déjà source d’inspiration…
Je vais continuer parce que j’ai la prétention de croire que peut-être ces "arrêts sur images" déclenchent un peu de joie, un sourire, une émotion, une envie de faire une escale, de réfléchir sur soi ou sur les autres, sur ce que l’on a malheureusement passé à la trappe, contaminé par le virus de l’impatience.
Je vais continuer en essayant de me renouveler même si j’ai parfois l’impression d’avoir épuisé tous les sujets. Ce n’est certainement pas le cas ; des sujets, il en existe à la pelle au quotidien. Alors si parfois nous avons le sentiment que les évènements se répètent de jour en jour ou d’année en année, tout est question de filtre comme une photo postée sur Instagram.
Mais revenons sur mon futur que je repousse d’heure en heure pour qu’il ne devienne pas présent : celui de couvrir les livres de Watson et de remplir des formulaires qui ressemblent étrangement à ceux déjà remplis dans un passé récent. Quelle perte de temps, me direz-vous. Par les temps qui courent, il y a certainement meilleur passe-temps. Et comme dirait Irma : "Au temps en emporte le vent."

Copyright Véronique Gaudiot

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