Occuper ou garder ses enfants l’été est toujours un
casse-tête asiatique (ça pète plus que chinois) pour nous pauvres parents (hyper)
actifs. La planification des vacances prend des allures de plan de table d’un
mariage que l’on refait une bonne douzaine de fois avant d’arriver au résultat
que l’on imagine parfait de notre point de vue (image du monde).
C’est un savant mélange de centres de loisirs,
activités sportives, gardes alternées en fonction des disponibilités des
parents, petits tours au bureau de Papa ou Maman, semaines à rallonge chez les
grands-parents en province ou formules colonies de vacances.
Alors cet été, je me suis lancée pour tester la
solution colonie ; je dis "je" parce que le sujet de
l’organisation des vacances s’invite quasi systématiquement à la Villa de la célèbrissime
Charge mentale.
Notre fils Watson, 11 ans avait rapidement accepté
la proposition d’autant plus que j’avais dégotté LA colonie stage de foot
intensif. La perspective de partir seul loin de nous, ne semblait lui poser
aucun trouble psychologique. Moi-même à quelques semaines du départ, je me
sentais plutôt sereine d’autant plus que mon capital patience avoisinait les
zéros à la vue d’un Watson dont la seule partie de son corps en mouvement
résidait dans ses mains littéralement collées à la manette de sa console ou ses
doigts à la recherche de la vidéo la plus insignifiante sur You Tube…
Tout a basculé le jour du départ, au moment de la préparation du sac. Munie de la liste envoyée par le club de colo, je m’affairai à rassembler les quantités excessives de certains vêtements demandés pour 5 jours : 5 serviettes de bain !! Nan mais pourquoi pas 2 serviettes par jour tant qu’on y est pour essuyer une vingtaine de kilos de peau tout mouillé ! Inquiète d’oublier quelque-chose, je relisai une bonne dizaine de fois la liste et fut obligée de tout ressortir pour m’assurer que les slips et chaussettes, je n’avais pas omis. La constitution du sac fut accompagnée de conseils donnés à un Watson non pas captivé par les propos de sa maman d’amour mais captif de sa tablette et pour qui, les recommandations ne faisaient manifestement que transiter par son cerveau :
- Watson, tu peux laisser cette tablette, je
voudrais te dire deux mots sur ce que je mets dans ton sac?
Aucune réaction. Moi excédée et rouge de chaleur du
fer à repasser resté allumé dans une pièce d’appartement foudroyée par
l’effet canicule :
- Watson tu m’écoutes !! Je t’ai mis un sac
pour ton linge sale ; tu mettras dedans tes affaires au fur et à mesure.
- Oui maman.
- Fais attention à tes vêtements ; tu as deux sweat alors tache de ne pas les
perdre
- Oui maman.
- Et n’oublie pas de changer de slip tous les
jours. Ne laisse pas ta serviette en boule après ta douche sinon elle ne
sèchera pas !
- Oui maman.
Et puis s’en est suivi le trajet de deux heures en voiture durant lequel à son grand désespoir, j’en profitai pour vérifier qu’il maîtrisait le contenu de son bagage. Petit cours pratique également du laçage de ses chaussures, la réalisation de la deuxième boucle n’étant que très peu maîtrisée, ce qui pour un footballeur était proche du carton rouge.
Et puis s’en est suivi le trajet de deux heures en voiture durant lequel à son grand désespoir, j’en profitai pour vérifier qu’il maîtrisait le contenu de son bagage. Petit cours pratique également du laçage de ses chaussures, la réalisation de la deuxième boucle n’étant que très peu maîtrisée, ce qui pour un footballeur était proche du carton rouge.
Alors que Watson à l’arrière de la voiture, exploitait
les derniers kilomètres pour admirer non sans une certaine nostalgie, sa
ma tablette, je sentais monter en moi le stress d’une séparation inévitable :
ma boule d’angoisse prenait à présent des allures de ballon. Une fois sur
place, la décontraction du bonhomme se
dégonfla à la vitesse d’un ballon de baudruche. On nous donna une copie du
planning et le numéro de téléphone du Directeur à utiliser pour joindre nos enfants "si besoin". Ne pouvant à peine parler, je
laissai mon mari Sherlock dribbler sur les dernières questions. On partit
ensuite installer Watson dans sa cellule chambre.
Moi faussement décontractée, la maman cool
quoi :
- Oh mais regarde Watson, tu as deux copains avec
toi. Bonjour les garçons vous vous appelez comment ?
Eux du bout des lèvres :
- Kevin et Mehdie
- Ah super ; ben lui c’est Watson. Et vous
venez d’où ?
- Du 9/3
- Ah génial ! Nous on vient du 7/8, vous
connaissez ? C’est là où s’entraine le PSG
- C’est bon Maman ça va aller.
Après une dernière embrassade que Watson écourta pour ne pas "se taper la honte", Sherlock et moi-même rejoignîmes la voiture pour regagner notre banlieue. Alors que Sherlock ne cessait de répéter en boucle que "cette semaine allait faire à Watson le plus grand bien", je listais intérieurement mes (quelques) points d’inquiétude : j’aurais dû lui mettre un autre pull, est-ce qu’il va réussir à s’endormir ? Je lui ai mis une casquette ou pas ? Dîner à 19h ? Il n’aura jamais faim à cette heure-là !
Après une dernière embrassade que Watson écourta pour ne pas "se taper la honte", Sherlock et moi-même rejoignîmes la voiture pour regagner notre banlieue. Alors que Sherlock ne cessait de répéter en boucle que "cette semaine allait faire à Watson le plus grand bien", je listais intérieurement mes (quelques) points d’inquiétude : j’aurais dû lui mettre un autre pull, est-ce qu’il va réussir à s’endormir ? Je lui ai mis une casquette ou pas ? Dîner à 19h ? Il n’aura jamais faim à cette heure-là !
Le lendemain après une matinée de torture au bureau à me demander s’il avait bien dormi, mangé, pissé, n’y tenant plus, je profitais du temps calme indiqué sur le planning pour l’appeler sur le téléphone du Directeur : n’avait-il pas précisé qu’on pouvait les joindre "si besoin" ? Après 18 heures de patience, besoin il y avait ! Watson était aux anges, tout se passait nickel. Du coup, je pris sur moi pour l’informer que je ne le contacterais plus de toute la semaine et que lui ne devait le faire qu’en cas de problème. Bizarrement, il sembla intégrer cette contrainte beaucoup plus facilement que moi.
Les jours de la semaine s’écoulèrent avec une
sérénité dépendant des photos mises à la disposition des parents au quotidien
sur Facebook. Je scrutais chaque photo en mode gros plan pour vérifier toutes
les expressions de visage de Watson. Voir Watson en arrière-plan complètement
flou, ou reconnaitre juste un bout de jambe d’une photo mal cadrée suscitait
chez moi des élans de félicité.
Et puis à la veille de le récupérer, alors que
j’étais à présent totalement sevrée de son absence et que je savourais presque
cette pause maternelle, un message laissé sur le répondeur de mon "marai"
vint troubler cette parenthèse idyllique. Comme dans tous les dossiers
administratifs liés à Watson, j’avais pris soin de renseigner sur la fiche d’inscription,
le numéro de téléphone de Sherlock pour les "en cas d’urgence", ne
mesurant que très difficilement ma capacité à conserver mon calme dans ce genre
de circonstances. A moins de 24 heures des retrouvailles, Watson avait jugé spirituel
de se fracturer le poignet en se prenant pour Hugo Lloris, ce qui lui valut un
petit tour aux urgences locales accompagné du Directeur du centre.
C’est donc
un Watson avec le bras droit plâtré que l’on récupéra le lendemain. Son statut
de "premier blessé de la saison" lui conféra une certaine célébrité aux yeux des
animateurs et de tous ses copains, ce qui manifestement lui procurait entière
satisfaction.
Je ne parlerai pas de l’état du sac récupéré :
un amas de choses sales mélangées avec le propre, un nombre étonnamment élevé
de slips non utilisés, un sweat en moins
et des serviettes encore humides. Bref j’étais ravie de constater que la
totalité des consignes données le jour de départ avait été scrupuleusement
ignorée.
Quant à moi, à peine un pied dans la voiture, sur le chemin du retour, mon état d’apaisement qui avait donc duré une paire de jours, fut intégralement remplacé par une invasion névralgique de questions et raisonnements à rallonge sur fond de scénarios catastrophes dont je suis experte : 3 semaines de plâtre ! Et comment il va faire pour écrire ? Et à la cantine ? Qui va lui porter son sac ? ? Et si son plâtre est prolongé ? Faudra peut-être l’opérer ? C’est sûr il va redoubler !
Cela étant, avant d’envisager cette rentrée "mal
à droite", il reste encore deux semaines et en quinze jours, il peut s’en
passer des choses non ?
Angoisseusement
vôtre.
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