samedi 24 novembre 2018

Charlies aux fourneaux #3 : La tarte fine aux pommes




Difficulté : fastoche la brioche
Ingrédients :
- 4 pommes de votre choix, Golden, Pink Lady, Melrose, Royal Gala…Préférez des pommes à la taille  généreuse pour faciliter la séance de striptease d’épluchage.
- 80 grammes de beurre (salé cela va de soi, puisque le beurre par définition est forcément salé. Et c’est là que je créée la première polémique liée à ma recette).
- Cassonade que personnellement je préfère au sucre blanc pour ce qu’il apporte en notes de saveur caramélisée à la tarte et parce qu’il se fond sur les fruits comme sur la pâte avec une délicate onctuosité.
- Une pâte feuilletée et sa feuille de cuisson

Cuisson : au four thermostat 6 pendant 30 minutes environ

Il existe plusieurs moyens de lutter contre l’obésité du froid et sa robe de grisaille : s’emmitoufler dans un beau gros gilet (pas forcément jaune), et/ou se réconforter à coups de pâtisseries réconfortantes.
Laissez-moi vous proposer le remède de la tarte fine aux pommes. Oui j’ai bien dit "fine" car je crois au pouvoir des mots. Je suis en effet persuadée que notre inconscient résiste plus difficilement à la lecture de certains termes triés sur le volet de la gastronomie et qui déclenchent le réveil des papilles : "fine" en fait partie, comme "façon grand-mère", "au feu de bois", "velouté", "moelleux" etc…

La tarte fine inscrite sur la carte des desserts, permet sans doute au gourmand repu par ses plats précédents, de choisir en toute impunité une pâtisserie qui lui garantit une contestable légèreté calorique.
Mais il y a également dans cette appellation, la promesse d’un visuel élégant de par la finesse des lamelles de pommes délicatement déposées sur une pâte rendue pour l’occasion presque invisible.
Revenons-en à notre recette. Entre une tarte aux pommes dite "classique" et notre tarte fine, les ingrédients sont pourtant identiques mais c’est dans leur assemblage que ces deux desserts se distinguent.
Déroulez la pâte feuilletée de sa feuille de cuisson et déposez l’ensemble sur la plaque sortie du four. Nul besoin de quelque moule, l’idée étant de faire une tarte sans bordure appelée par certains "trottoir" mot qui vous en conviendrez, n’invite pas vraiment à la gourmandise.
En épluchant vos pommes, regardez, sentez, goûtez et écoutez. La pomme dévêtue de sa peau lisse et colorée, se retrouve à présent nue devant vous, la chair blafarde et légèrement humide au toucher. Son exposition à l’air la rend plus vulnérable ; il faut à présent faire vite avant que l’oxydation ne fasse son effet. Mais son doux parfum acidulé vient chatouiller à présent vos narines. Et même si ce fruit a toujours été défendu depuis des milliers d’années, impossible de ne pas croquer dans un quartier de pomme en préparant cette recette.
La pomme, un fruit tellement banal mais qui sait se faire remarquer : mordre dans une pomme en toute discrétion reste tout simplement infaisable et le son associé à sa mastication, fait de ce fruit le seul à détenir de puissantes cordes vocales.

Une fois le quartier de pomme dégusté, il est temps de passer à la confection de fines lamelles de fruits qu’il faudra ensuite coucher délicatement sur la pâte. N’hésitez pas à constituer des rangs serrés pour donner plus de générosité.
La pâte entièrement recouverte, faites pleuvoir deux à trois poignées de cassonade sur les pommes, Personnellement, je saupoudre à la main le sucre, pour une dispersion régulière et contrôlée sur l’ensemble de la tarte.
Il ne reste plus qu’à déposer des cubes de beurre sur les pommes endormies sur le matelas de pâte.
La tarte peut séjourner au four pour sa durée déterminée.
Admirez plus que surveillez la cuisson. Ecoutez le son du beurre qui mousse en fondant. Si le beurre a tendance à s’écouler au-delà de la pâte, pas d’inquiétude, le papier sulfurisé saura le  retenir et la pâte lui sera redevable de rajouter un goût de kouignamann.
La fin de la cuisson se caractérise par un coup de chaud sur les pommes qui ont toutes retrouvé un teint halé et dont la chaleur a fait souffler leurs chairs. Vérifiez que la pâte encore visible est dans le même état. Si tel est le cas, sortez votre plaque et laissez refroidir quelques instants.
Admirez votre œuvre et profitez des odeurs de pommes chaudes sucrées, caramélisées qui n’attendent plus qu’une chose, c’est d’être dégustées.

Délicieusement vôtre.

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