lundi 1 mai 2017

Entre deux


Depuis quelques temps, je me dis qu’un petit billet politique s’impose. Loin de moi la volonté de prendre parti pour l’un ou pour l’autre mais plutôt de me placer en tant qu’observatrice de ce que nous vivons tous, depuis plusieurs semaines. C’est un véritable feuilleton avec chaque jour un rebondissement imprévu, que même les scénaristes de "House of Cards" n’auraient pu imaginer. Oui, la campagne présidentielle 2017 restera certainement dans les annales (ou anales comme on veut) et aura alimenté de nombreuses discussions chez les adultes comme les enfants. En tout cas chez nous, Watson suit à fond et nous menace de quitter le pays si MLP sort gagnante.
A l’origine de tout ce cirque, un seul mot : le Pouvoir. Bein oui, parce qu’il ne faut pas se leurrer, le but ultime de tous ces candidats, c’est d’accéder au pouvoir ou de le renverser. "De nos jours, la richesse c’est le pouvoir", disait Mitterrand…
Une chose est sûre, faire de la politique est un jeu d’acteurs admirable :
- affirmer blanc immaculé avec une détermination sans faille et militer pour le noir corbeau, le temps d’une pirouette (de costumes).
- adoucir son image par des sourires jusqu’aux tempes, en remettant une mèche blonde (aryenne) rebelle derrière l’oreille, le tout saupoudré de réponses, sous fond de fausse courtoisie.
- mettre en scène son couple à l’écart type étendu, au milieu de décors, dignes de Claude Lelouch.
- travailler sa patience, son mauvais caractère, pour donner une image d’un personnage apaisé.
La seule chose qui ne soit pas un jeu d’acteur, c'est la dose de mépris dont la plupart des candidats font preuve, avec pour cible principale leurs adversaires ou les médias, responsables des résultats du premier tour selon certains :"la démocratie, ça n’est pas le choix du système médiatique mais celui des français", expliquera Fillon aux journalistes. Chacun jugera…
Alors bien sûr, il y a les très bons acteurs et les moins bons ; prenons Hamon par exemple, qui manifestement ne pensait pas pouvoir remporter les primaires. Je n’ai pas l’impression qu’il ait lui-même voulu  et envisager un seul instant occuper la Présidence. Du coup, ses  discours, ses regards caliméro , ses hésitations n’ont pas fait mouche et la défaite du pauvre petit Benoît, ferait presque pitié. Dans le même genre, prenons Tonton Mélenchon, sevré jusqu’aux résultats du premier tour et qui part en live dès les chiffres annoncés. Chassez le naturel…
En guise de fond d’écran, Asselineau nous sort son rameau d’olivier, tandis que Cheminade se prend pour l’homme des cavernes  avec sa pierre silex. Poutou ignorant les radars, déblatère à 100 à l’heure en parlant avec le "nous", à la mode Alain Delon. Jean Lassale tente une percée, dans la salle des mots perdus.
Chose passionnante de cette campagne, le choix des mots dans la bouche de nos orateurs. "Peuple" prononcé une bonne centaine de fois par la blondasse. Pardon, j’avais dit que je ne me positionnerais pas mais là, trop c’est trop. J’avoue avoir du mal à comprendre que certains votants de droite ou de Mélenchon se posent la question du deuxième tour, pour sans doute une histoire de vengeance ou d’ego mal placé. De l’autre côté, notre jeune économiste aux cravates effilés, Grand gourou à ses heures, doté d'un sourcil gauche circonflexe. Lui parle "d’unité, de rassemblement", en se ruinant le gosier durant ses meetings aux allures américaines.
Et nous pauvre public dans l’histoire, comment réagit-on face à toutes ces prestations ?  On ne sait plus, on est dépassé. Tous les autres évènements de l’actualité passent malheureusement au second plan. Certains s’expriment "grâce" aux réseaux sociaux ; chaque jour, ils transfèrent des articles pour valoriser leur candidat ; ils se font le porte-parole de leur favori, espérant convaincre leurs "amis" sur la toile ou a contrario, publient des articles à charge contre l’un des adversaires.
Il y a également ceux qui commentent, qui expriment leur colère et qui, au fil des jours qui passent, se font de plus en plus virulents parce qu’écœurés, dégoutés et qui veulent le crier ;"la France c’est pas ça", "j’ai honte", "je vous en conjure, réagissez !!"
Certains ne font que "liker" (juste), parce qu’ils ne veulent pas s’engager ou tout simplement rentrer dans des débats sans fins, dont personne ne sortira gagnant.
Et puis, il y a ceux qui partagent des parodies, des montages, histoire d’apaiser les esprits qui s’échauffent d'heure en heure.
Chacun a ses idées et Facebook comme Twitter n’y changera rien, si ce n’est permettre à n’importe qui d’échanger sur ses positions, dans la plupart des cas, inflexibles.
Le point positif, c’est que les gens s’expriment d’une manière ou d’une autre : faut que ça sorte ! Ravie de voir que sur les réseaux sociaux, les mots sont  l’honneur : les mots des maux ou bien les maux des mots, à votre convenance Mesdames et Messieurs.
Encore une semaine à tenir dans cette atmosphère nauséabonde, tendue comme un string,  par une montée de Peggy la Cochonne (oups, mais avouez qu’elle lui ressemble ; elle va même jusqu’à montrer son jambonneau sur la dernière affiche), je disais donc, une montée de Peggy la Cochonne qui récupère des voix à coups de selfies et d’embrassades calculées. Parce que c’est aussi ça les élections, profiter de la détresse des gens pour les embrigader, leur faire croire que la seule solution pour contrer leur vie de merde, c’est de voter pour eux.
Pour couronner le tout, alors que nous pensions déjà avoir touché le fond, nous assistons à présent à des alliances improbables, à grands renfort de communication et de mises en scènes affligeantes, à la "Santa Barbara" : regards complices, sourires entendus, sous l'oeil affligé d’un Philippot abandonné, relégué au second rang, en deux temps trois mouvements.
 
Et dire qu’il y a quelques mois, je plaignais l’Amérique, de se retrouver gouvernée par un incapable roucmoute, imbu de sa personne, avide de…pouvoir. L’effet surprise avait été immense, tellement la bataille était soit disant acquise à Hillary. Pourvu que l’histoire  ne se répète pas. Tout va se jouer cette semaine ; il n’est même plus question d’idées mais d’opérations séduction. Mercredi soir, le moindre faux pas, la moindre erreur de langage, pourraient être fatales à l’un ou à l’autre. Espérons que ce soit plutôt à l’autre…
En attendant, en ce jour du 1er mai, profitez de ce temps réconfortant, de ces rafales de vent qui risquent de mettre à rude épreuve le brushing de la blondasse, détendez-vous, respirez du muguet, il parait que ça porte bonheur...


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