Depuis quelques temps, je me dis qu’un petit billet
politique s’impose. Loin de moi la volonté de prendre parti pour l’un ou pour
l’autre mais plutôt de me placer en tant qu’observatrice de ce que nous vivons
tous, depuis plusieurs semaines. C’est un véritable feuilleton avec chaque jour
un rebondissement imprévu, que même les scénaristes de "House of Cards"
n’auraient pu imaginer. Oui, la campagne présidentielle 2017 restera
certainement dans les annales (ou anales comme on veut) et aura alimenté de
nombreuses discussions chez les adultes comme les enfants. En tout cas chez
nous, Watson suit à fond et nous menace de quitter le pays si MLP sort
gagnante.
A l’origine de tout ce cirque, un seul mot :
le Pouvoir. Bein oui, parce qu’il ne faut pas se leurrer, le but ultime de tous
ces candidats, c’est d’accéder au pouvoir ou de le renverser. "De nos
jours, la richesse c’est le pouvoir", disait Mitterrand…
Une chose est sûre, faire de la politique est un
jeu d’acteurs admirable :
- affirmer blanc immaculé avec une détermination
sans faille et militer pour le noir corbeau, le temps d’une pirouette (de
costumes).
- adoucir son image par des sourires jusqu’aux
tempes, en remettant une mèche blonde (aryenne) rebelle derrière l’oreille, le
tout saupoudré de réponses, sous fond de fausse courtoisie.
- mettre en scène son couple à l’écart type étendu,
au milieu de décors, dignes de Claude Lelouch.
- travailler sa patience, son mauvais caractère,
pour donner une image d’un personnage apaisé.
La seule chose qui ne soit pas un jeu d’acteur, c'est
la dose de mépris dont la plupart des candidats font preuve, avec pour cible
principale leurs adversaires ou les médias, responsables des résultats du
premier tour selon certains :"la démocratie, ça n’est pas le choix
du système médiatique mais celui des français", expliquera Fillon aux
journalistes. Chacun jugera…
Alors bien sûr, il y a les très bons acteurs et les
moins bons ; prenons Hamon par exemple, qui manifestement ne pensait pas
pouvoir remporter les primaires. Je n’ai pas l’impression qu’il ait lui-même
voulu et envisager un seul instant occuper la Présidence. Du coup, ses discours, ses
regards caliméro , ses hésitations n’ont pas fait mouche et la défaite du
pauvre petit Benoît, ferait presque pitié. Dans le même genre, prenons Tonton Mélenchon,
sevré jusqu’aux résultats du premier tour et qui part en live dès les chiffres
annoncés. Chassez le naturel…
En guise de fond d’écran, Asselineau nous sort son
rameau d’olivier, tandis que Cheminade se prend pour l’homme des cavernes avec sa pierre silex. Poutou ignorant les radars, déblatère à 100 à l’heure
en parlant avec le "nous", à la mode Alain Delon. Jean Lassale
tente une percée, dans la salle des mots perdus.
Chose passionnante de cette campagne, le choix des
mots dans la bouche de nos orateurs. "Peuple" prononcé une bonne
centaine de fois par la blondasse. Pardon, j’avais dit que je ne me
positionnerais pas mais là, trop c’est trop. J’avoue avoir du mal à comprendre
que certains votants de droite ou de Mélenchon se posent la question du
deuxième tour, pour sans doute une histoire de vengeance ou d’ego mal placé. De
l’autre côté, notre jeune économiste aux cravates effilés, Grand gourou à ses heures, doté d'un sourcil gauche circonflexe. Lui parle "d’unité, de rassemblement", en se
ruinant le gosier durant ses meetings aux allures américaines.
Et nous pauvre public dans l’histoire, comment
réagit-on face à toutes ces prestations ? On ne sait plus, on est dépassé. Tous les autres
évènements de l’actualité passent malheureusement au second plan. Certains s’expriment "grâce" aux réseaux sociaux ; chaque
jour, ils transfèrent des articles pour valoriser leur candidat ; ils se
font le porte-parole de leur favori, espérant convaincre leurs
"amis" sur la toile ou a contrario, publient des articles à charge contre
l’un des adversaires.
Il y a également ceux qui commentent, qui expriment
leur colère et qui, au fil des jours qui passent, se font de plus en plus virulents
parce qu’écœurés, dégoutés et qui veulent le crier ;"la France c’est pas ça", "j’ai
honte", "je vous en conjure, réagissez !!"
Certains ne font que "liker" (juste), parce
qu’ils ne veulent pas s’engager ou tout simplement rentrer dans des débats sans
fins, dont personne ne sortira gagnant.
Et puis, il y a ceux qui partagent des parodies,
des montages, histoire d’apaiser les esprits qui s’échauffent d'heure en heure.
Chacun a ses idées et Facebook comme Twitter n’y
changera rien, si ce n’est permettre à n’importe qui d’échanger sur ses
positions, dans la plupart des cas, inflexibles.
Le point positif, c’est que les gens s’expriment
d’une manière ou d’une autre : faut que ça sorte ! Ravie de voir que
sur les réseaux sociaux, les mots sont
l’honneur : les mots des maux ou bien les maux des mots, à votre convenance
Mesdames et Messieurs.
Encore une semaine à tenir dans cette atmosphère nauséabonde, tendue
comme un string, par une montée de Peggy
la Cochonne (oups, mais avouez qu’elle lui ressemble ; elle va même jusqu’à
montrer son jambonneau sur la dernière affiche), je disais donc, une montée de
Peggy la Cochonne qui récupère des voix à coups de selfies et d’embrassades
calculées. Parce que c’est aussi ça les élections, profiter de la détresse des
gens pour les embrigader, leur faire croire que la seule solution pour contrer
leur vie de merde, c’est de voter pour eux.
Pour couronner le tout, alors que nous pensions déjà avoir touché le
fond, nous assistons à présent à des alliances improbables, à grands renfort de
communication et de mises en scènes affligeantes, à la "Santa Barbara" :
regards complices, sourires entendus, sous l'oeil affligé d’un Philippot
abandonné, relégué au second rang, en deux temps trois mouvements.
Et dire qu’il y a quelques mois, je plaignais l’Amérique, de se
retrouver gouvernée par un incapable roucmoute, imbu de sa personne, avide
de…pouvoir. L’effet surprise avait été immense, tellement la bataille était soit
disant acquise à Hillary. Pourvu que l’histoire
ne se répète pas. Tout va se jouer cette semaine ; il n’est même plus
question d’idées mais d’opérations séduction. Mercredi soir, le moindre faux pas,
la moindre erreur de langage, pourraient être fatales à l’un ou à l’autre. Espérons
que ce soit plutôt à l’autre…
En attendant, en ce jour du 1er mai, profitez de ce temps
réconfortant, de ces rafales de vent qui risquent de mettre à rude épreuve le
brushing de la blondasse, détendez-vous, respirez
du muguet, il parait que ça porte bonheur...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour publiez un commentaire, vous n'êtes pas obligés de vous connecter à l'aide d'un des comptes listés dans le menu déroulant ; il vous suffit de sélectionner "Anonyme" à la fin de ce menu.