Si l’un d’entre vous croise Florence Foresti,
dites-lui que j’ai peut-être un sujet de sketch qui devrait lui plaire ;
le genre de sujet qu’on peut caricaturer sauf que dans le cas présent,
malheureusement peut-être pour moi, rien n’est inventé.
L’histoire commence par une simple dispute entre une maman
et son petit garçon de 10 ans. Pour faire simple appelons la maman Charlie, et
le fiston Watson…
Quelques éléments de contexte :
un vendredi soir Watson rentre du foot et
s’aperçoit en arrivant chez lui, que le blouson qu’il porte (à la main) n’est
pas le sien mais celui d’un de ses camarades qui avait exactement le même, à la
différence près qu’il a deux tailles en moins. A l’origine de cet échange,
l’ambiance vestiaire de fin de match, les chaussettes qui se mélangent, les
maillots qui volent les commentaires des plus belles actions qui fusent, on s’habille
en prenant les fringues du voisin et bim.
Alors, quand Watson s’en aperçoit, il juge préférable
de ne rien dire en tout cas, pas tout de suite mais le lendemain matin, juste
avant de partir avec sa maman chez le psychothérapeute. Oui parce que Watson ayant une carence en concentration,
des séances chez un psy ont été fortement recommandées par le corps enseignant.
Watson se rend généralement de bon cœur à ces rendez-vous mais ce matin-là, allez
savoir pourquoi, il traine un peu la patte :
-
Maman on est obligé d’y aller ? J’ai
rien à lui raconter là, je travaille mieux et en plus, c’est les vacances.
-
Ecoute
Watson, on ne peut pas annuler au dernier moment donc prends ton blouson et on
y va.
- Avant, faut que je te dise quelque chose
et je suis sûr que ça ne va pas te plaire. Malo, il avait le même blouson hier
et en fait, il a pris le mien et moi j’ai le sien.
- Attends une minute ; tu veux dire que
tu as le blouson de ton copain depuis hier soir ? Mais tu t’en es aperçu quand ? Demande
la maman qui commence à sentir l’énervement poindre son nez.
-
Hier en rentrant.
-
Et pourquoi tu n’as rien dit avant ?
Hein pourquoi tu ne nous as pas prévenus tout de suite ? Il s’appelle
comment ce garçon ? Bien sûr on ne le connait pas, on n’a pas son numéro
de téléphone ! On est le premier jour des vacances, on annonce un froid
polaire la semaine prochaine et tu es en train de me dire que ton blouson est
dans la nature ?!!! L’énervement a laissé rapidement sa place à
l’exaspération. T’avais pas de sujet pour ton rendez-vous et bien en voilà un tout trouvé !!
Watson et Charlie quittent l’appartement pour
rejoindre la voiture. Sur le chemin qui les conduit au parking, la maman est
devant et avance à grands pas, en jurant c’est mieux, alors que l’enfant suit
derrière presqu’en courant mais restant légèrement en retrait pour éviter la
confrontation.
Dans la voiture, la communication ne se résume qu’à
des échanges de regards via le rétroviseur : deux yeux injectés d’éclairs
contre une paire d’yeux, modèle chien soumis qui vient de faire pipi dans la
maison.
Lorsque le psy les accueille par un :
- Alors, comment ça va aujourd’hui ?
Charlie est déjà en mode pilotage
automatique défaillant.
- Et bien
Watson vient de nous en faire une superbe et je ne vous cache pas que je suis particulièrement
énervée. Mais je vais le laisser vous raconter.
Elle jette des regards
complice, entendus au psy, l’air de dire vous allez voir, vous n’allez pas être
déçu !
- Alors
Watson qu’est-ce qui s’est passé ? Demande le psy dont le ton calme et
le regard apaisé compensent avec le visage ravagé de furie de la mère.
Et Watson, penaud, la tête dans ses chaussures, raconte
l’histoire en expliquant qu’il n’en a pas parlé tout de suite pour ne pas se
faire gronder.
Le psy regarde la mère et lui demande :
- Et qu’est-ce
qui vous dérange ?
- Qu’est ce
qui me dérange ?! Mais enfin !! La vraie raison c’est qu’en rentrant
hier soir, il n’avait qu’un seul objectif c’était de retrouver sa put
foutue tablette et n’avait pas du tout envie d’être pollué par autre chose ou de devoir retourner chercher son blouson je ne sais où !!!
- Ok mais qu’est-ce
qui vous met dans cet état ? Essayez d’analyser.
A cet instant précis, Charlie sent qu’elle perd le
contrôle et que son supposé allié n’en est peut-être finalement pas un. Elle répond :
- Et bien on
dirait que c’est moi qui vais parler aujourd’hui (air faussement dégagé et
agacé).
- Peut-être
que parce que c’est vous qui en avez le plus besoin ? (Bim prends toi
ça dans la tronche). Alors en quoi ça
vous dérange son attitude ?
Charlie poursuit son raisonnement même si elle
commence à sentir que la partie lui échappe.
- Tout ça,
c’est une question de confiance ! Il m’a caché quelque chose !!
- Vous êtes
en train de dire qu’il vous a manipulée ?
- Oui c’est
exactement ça ! Charlie pense avoir retrouvé son allié.
- Et
pourquoi attachez-vous autant d’importance à la confiance ? Alors là
Charlie commence à en avoir marre avec ces questions à la…psy
- Parc’que,
parc’que, parce que j’ai des amies qui ont des enfants plus vieux que Watson,
bref qui sont adolescents et qui boivent et se droguent !
En lâchant
ces derniers mots à grande vitesse, Charlie sent qu’elle est allée peut être un
peu trop loin dans son raisonnement mais c’est trop tard. Watson la regarde
avec des yeux comme des soucoupes et lui demande sous le choc :
- En fait
t’as peur que je me drogue ?
- Oui, enfin
non, enfin c’est pas ce que je voulais dire.
Le psy se lève et poursuit :
- Ok, on va
faire un petit schéma sur le paperboard. Il écrit le mot blouson, dessine en
dessous une flèche qui descend et écrit au bout le mot drogue. Il
explique :
- Donc
résumons-nous, on part d’une histoire de blouson malencontreusement échangé.
Watson s’en aperçoit et ne dit rien parce qu’il a peur de se faire
gronder : comportement normal d’un enfant de 10 ans. Et on termine avec
une suspicion de consommations de drogue dans quelques années. Je ne dis pas
que Watson a eu raison de ne rien dire ; je dis juste que c’est une
attitude d’enfant et vous lui prêtez des comportements d’adulte en parlant de
manipulation. Je suppose que via le club
de foot vous allez avoir les coordonnées de ses parents non ? Donc
finalement le blouson n’est pas perdu. Madame Steser, vous ne seriez pas un peu
angoissée ? Vous ne seriez pas du genre à vous inventer des scénarios catastrophes ?
- Non
pourquoi ? Enfin si... peut-être… un peu.
- Et votre
mari il en dit quoi ?
- Mon mari,
mon mari… il dit que je suis hypocondriaque. Charlie se dit encore une fois
qu’elle aurait mieux fait de se taire. Sourire du psy qui s’adresse à Watson :
- Ok
Watson ; bon, il ne faut pas que tu en veuilles à ta maman c’est un peu Mouchi
dans "un éléphant ça trompe énormément", "mon fils, mon fils". Faut pas lui en vouloir, tu es son fils
unique. Il faut juste qu’elle apprenne à se détendre, à se relaxer.
Et
s’adressant à Charlie et Watson :
- Bon je
pense qu’on en a fini pour aujourd’hui. Voulez-vous qu’on fixe un autre
rendez-vous ?
Charlie : "c’est Watson qui décide.
Watson : Oh oui ! Ca fait du bien à Maman je crois et moi ça me va très bien."