lundi 31 juillet 2023

Port-Joinville, 7h30 un jour d'été




J’ai la chance depuis mon plus jeune âge, de passer une partie de mes vacances à l’Ile d’Yeu. J’y suis précieusement attachée et je puise chaque été, un stock de ressources en lumières, sons,  parfums, couleurs et paysages, dont je ne me lasserai jamais. Les années passant, j’ai l’impression que la folie touristique s’amplifie mais s’il est un moment qui reste préservé, c’est celui du matin, sur le port, alors que la plupart des vacanciers dorment encore.

Pour s’y rendre, le trajet à bicyclette est déjà un avant-goût délicieux. La fraîcheur du vent  discret du matin, agit sur le visage comme une lotion tonique. Les routes toutes désertes, sont bordées de maisons blanches, dont les volets colorés, lovés l’un contre l’autre, donnent aux façades immaculées, un air paisible de visage endormi.
A l’arrivée sur le port, la lumière est toute douce et le ciel nuageux peut admirer son reflet dans une mer reposée, disciplinée, qui n’a pas encore fait de vagues. L’eau dans le port est lisse et les seules rides observées, sont celles provoquées par les rares bateaux qui ont attendu le petit matin pour discrètement mettre les voiles

Port-Joinville n’est pas encore "habillé" ; on sort tout juste les premières tables et chaises des cafés qui ont veillé tard la nuit et qui frôlent la gueule de bois. Les pyramides roulantes de cartes postales sont en cours d’installation. Les stands du marché aimeraient faire la grasse matinée mais le poulet doit rôtir et les tartes aux pruneaux dans leur épais papier blanc crème, attendent d’être embarquées au-dessus des paniers à bicyclette.
Le Café du centre lui, est déjà animé par tous ses habitués venus prendre un remontant, échanger quelques mots avant d’embaucher pour la journée. Maryline (@marylineyeu) savoure sa boisson, face au port, après avoir posté sa photo de paysage islais et son message de bonne humeur du jour. 
Plus loin sur le quai, une courte file indienne s’est formée devant le petit chalutier qui vient d’accoster pour y débarquer son butin matinal, des sardines fraîchement pêchées.
Le port est silencieux à l’opposé des mouettes qui, en plus d’être rieuses, sont déjà très bavardes. 
Les parcs à vélo savourent leurs derniers instants de quiétude avant la proche colonisation. Dans une poignée de minutes, retrouver son deux-roues relèvera de la prouesse visuelle.
Le soleil donne à présent à la mer des reflets tout dorés, que mêmes les goélands de leurs regards agressifs, prennent le temps de contempler, avant de s’envoler vers les diverses destinations  de la côte sauvage.

Derrière, dans les ruelles du port, ça sent le croissant chaud et la brioche tressée. Il est temps de rentrer, la foule va débarquer. Port-Joinville est maintenant prête ;  Alain Duhamel ira dans la matinée s’installer comme à son habitude, pour lire sa presse, à une terrasse de café encore partiellement occupée. La Reine de la Gaufre ouvrira ses portes, et de là-haut, sur son nuage de chantilly, Tatie Bichon observera ce port en pleine activité jusqu’à la nuit tombée.

dimanche 16 juillet 2023

L'après post sur les sites de rencontre



Dimanche dernier le site internet d'actualités Le HuffPost a publié mon article  "Mythiques rencontres",  en prenant soin de lui attribuer un autre titre que le mien pour permettre "d’appeler un peu au clic". Résultat, "A 50 ans je découvre les sites de rencontre et c'est l'enfer", a généré 180 000 clics …

Pour répondre à une question qui m’a plusieurs fois été posée, non il ne m’ont pas volé mon article. N’importe qui peut envoyer par mail un témoignage de son choix (temoignage@huffingtonpost.fr) : c’est ce que j’avais fait une semaine plus tôt et avais été dans la foulée contactée pour apporter quelques précisions à mon texte, notamment développer mon ressenti au restaurant… Entre le texte publié sur mon blog et l’article paru, il existe à quelques endroits de très légères différences car ils se donnent le droit de modifier certaines tournures de phrases ou vocabulaire employé… Rien de bien méchant car l’idée que l’on souhaite exprimer est conservée.


On m’avait prévenue que l’article serait mis en ligne le dimanche à 7h30 ; inutile de vous préciser qu'au lieu d'être à ma rituelle salle de sport du dimanche pour les lèves tôt dont je fais partie,  j’étais figée devant mon écran à attendre sa sainte apparition. Alors oui, j’avoue, j’ai éprouvé un sentiment de fierté d’avoir été publiée et surtout d’avoir osé aborder un sujet ultra personnel qui a suscité de multiples réactions les jours qui ont suivi, preuve que le sujet questionne.

J’ai suivi les réactions toute la journée du dimanche, notamment sur le compte Facebook du HuffPost dont certains commentaires acides ne se sont pas faits attendre et j’y laisse la patte orthographique  :

« Elle découvre les sites de rencontre à 50 ballets et elle est devenue experte en la matière ». 

J’avoue qu’en lisant cela, je me suis dis que j’avais peut être eu tort et que l’on me prêtait de fausses intentions. Mais rapidement une lectrice est venue à ma rescousse en lui répondant ce que mot pour mot j’aurais voulu lui dire : « elle ne fait que relater son expérience. Vous êtes touché par le critère orthographe visiblement… Femme de 50 BALAIS et lucide sur les pauvres mecs qui peuplent ces sites ça doit vous chiffonner ! » . 

Puis vient une autre réponse : « Elle n’a pas dit qu’elle était experte. Elle apporte justement son témoignage de nouvelle arrivante. Pour moi qui n’ai jamais été sur ce genre de site, je trouve plus intéressant d’écouter un témoignage de noob (débutant dans un jeu)…d’autant plus que je la sens plus équilibrée que quelqu’un qui traine sur ces sites depuis 15 ans et donc je m’identifie mieux. » 


Eh ben voilà ! « Charlie STESER votre serviteur » (pour la rime) 


Mais laissez-moi vous retranscrire la palme d’or du machiste prétentieux et sans doute à ses longues heures perdues,  voyant tout sauf lucide: « Cette française de 50 ans a été traitée comme une princesse toute sa vie. Quand elle était jeune, elle suscitait l’attention des hommes, ensuite elle a pris le mur et après elle s’est séparée. Aujourd’hui, elle s’aperçoit qu’il faut maintenant travailler pour trouver un homme. C’est difficile lorsqu’on est pas habitué à cela. Il faut accepter de baisser ses critères de sélection et de descendre de l’olympe ».

Oh / My / God : « il faut maintenant travailler pour trouver un homme » « il faut accepter de baisser ses critères de sélection ». Mais on est où là ????? Non seulement tous ses propos sont surréalistes mais le mec connait manifestement ma vie passée mieux que moi…

Hormis deux ou trois commentaires un tantinet moqueurs ou agressifs, ce qui fait partie du jeu, les réactions ont été globalement bienveillantes et ont suscité sur mon blog personnel (en plus d’un pic de connexions 😍),  de nombreux commentaires (cf en bas de l’article "Mythique rencontres"). Tous sont très intéressants, surtout pour celles et ceux qui sont confrontés au sujet du parcours du combattant pour rencontrer quelqu’un. Que nous soyons hommes ou femmes, nous portons le même jugement : les profils masculins ou féminins sincères, équilibrés sont en minorité. Tomber sur l’un d’entre eux, relève de trouver la fameuse aiguille dans une botte de foin. Certains y parviennent, c’est comme au Loto et son slogan des années 2000 : "On n’est jamais sûr de ne pas gagner". 


Les réactions des proches après la publication ont été aussi diverses que variées : parfois des messages de  félicitations, d’autres me conseillent l’option chat (et je vais y réfléchir), d’autres encore y vont d’un pouce levé mécanique, et parfois zéro réaction. 

Je ne recherche pas les applaudissements loin de là mais j’ai le sentiment que ce sujet dérange. Est-ce parce qu’il est méconnu par la majorité de mon entourage ? Peut-être est-il tout simplement jugé inintéressant par ceux qui n’ont jamais eu à tenter l’expérience (et tant mieux pour eux). Ou est-il possible que certains estiment que c’est trop personnel pour en faire un article ? 

Permettez-moi de vous retranscrire le mail qu’une lectrice de 78 ans m’a envoyé suite à la sortie de l’article et qui m’a beaucoup touchée. Je sais qu’elle ne m’en voudra pas de la citer : "Je viens de lire certains de vos articles dont le dernier concernant les sites de rencontre. J’ai beaucoup apprécié votre style d’écriture très direct. Tout ce que vous écrivez m’interpelle beaucoup parce que justement vous écrivez sans fard, sans retenue alors que personnellement je me dresse des murs de bienséance, du genre "il ne faut pas dire ça ou ce n’est pas correct…" Bref j’aurais quantité de choses à raconter mais je n’arrive pas à les exprimer naturellement . Tout cela pour dire que je vous félicite pour vos articles et les conseils très avisés que vous y mettez avec tant d’humour".


Voilà exactement pourquoi j’écris, pour donner envie de le faire, ne pas se mettre de barrières,  pour que les sujets que j’aborde résonnent et/ou raisonnent chez les uns et les autres, pour tout simplement partager des tranches de vie, sans péremption d’humour.

Mots destement vôtre

dimanche 2 juillet 2023

Mythiques rencontres




Quand on est jeune divorcé(e) et que l’on frôle les 50 ans, la solitude interpelle surtout si, comme moi, on a passé plus de vingt ans en couple. Me retrouver seule m’a fait un bien immense et je ne suis pas forcément pressée de re partager ma vie avec une nouvelle personne. Mais c’est sans compter la pression sans doute involontaire de l’entourage bienveillant qui peut parfois glisser quelques rappels à l’ordre, sur le temps qui s’écoule :

 "T’es plus toute jeune, ce serait bien que tu rencontres quelqu’un rapidement." ou bien 
"Tu ne vas quand même pas finir ta vie seule !" ou encore l’inévitable question/réponse : 
 "Tu t’es mise sur des sites de rencontres ? Non parce que je connais quelqu’un qui connait un couple qui s’est rencontré comme ça et ils sont toujours ensemble. Comme quoi ça peut marcher."

Il m’a fallu quasi un an après mon divorce pour envisager de m’inscrire, sous les encouragements de mon jeune psy plus enthousiaste que moi à cette idée : "Mais oui allez-y lâchez-vous, faites des rencontres, amusez-vous, testez votre potentiel attractif ". Houla, tout doux le psy, on se calme ! C’est peut-être aussi ça le problème : tester son potentiel attractif et se rendre compte qu’on ne possède pas la caractéristique première d’un aimant ou que bien au contraire, on attire tout ce qu’on voudrait repousser…

Je totalise aujourd’hui 3 expérimentations de sites de rencontres distincts et donc commence à en maîtriser les ficelles. Une chose est certaine, c’est qu’il faut avoir le cœur comme les yeux bien accrochés et savoir aborder la chose avec beaucoup de recul et d’humour ; vous éviterez ainsi de tomber en dépression face à la bêtise et parfois la misère humaine. Loin de moi l’idée de vous faire un cours magistral sur le sujet mais plutôt de vous donner quelques indications sur la réalité de cet univers . Suivez-moi à présent, et comme dirait Sam de l’inoubliable émission ô combien culturelle "Y’a que la vérité qui compte", la vérité est au bout de cette phrase.

"Charlie, que vois-je là ? je dirais que votre père doit être fabricant de biscotte car franchement je dirais que vous être drôlement craquante" ou bien 
"Bonjour Charlie, besoin de votre aide : j’ai l’impression d’avoir commandé trop de sushis pour ce midi et je n’arriverai jamais à les finir tout seul" et autres "Bonsoir Charlie si t’es célibataire, tas besoin de passé un moment inoubliable, accompagné d’un homme respectueux, éduqué, costaud, musclé et bien juteux, discutons nous". 

Bienvenues dans cette « planet » ou le choix des mots, l’ortograf, le souvent mauvais goût et les punchlines sont les maîtres du jeu. Quel que soit le site choisi, il vous faudra passer par la case description,  en répondant à des questions pas forcément toutes très intelligentes du style "quel objet vous suit partout ?" Inutile de vous préciser que la plupart des répondants aussi originaux soient-ils, se sentent obligés de répondre "ma brosse à dents". Waouh, tellement drôle et sexy !

Écrire quelques lignes sur soi est également impératif pour se démarquer dans le rayon des profils visités. C’est un exercice compliqué mais qui doit avant tout donner envie de liker et d’entamer pourquoi pas, une discussion par textos. Eh bien figurez-vous que beaucoup n’ont pas l’air de l’avoir compris et y vont de leur états d’âme en toute franchise ; jugez plutôt (les noms ont été changés mais la syntaxe et l’orthographe sont d’origine) : 

"Jacques, 48 deprissif, alcoolique mais de bonne composition.hésiter pas a me draguer si je vous plait on ne sait jamais peut être le feeling"
"Les femmes qui vivent dans le passé, indécises, accros de leur canapé, obsédées de la balance, intolérantes et les femmes enfants, passez votre chemin…merci
PS : hystérique ou en voie de mémérisation avancée s’abstenir."

À quel moment peut-on imaginer séduire avec ce type de propos ?! Suis-je la seule à rechercher une relation saine, épanouissante et non me coller avec un cas social qui comptera sur mon soutien pour l’aider à rester en surface ? Quant aux propos machistes, peut-être finalement qu’ils attirent un certain public féminin dont je ne fais pas partie…

Dans les descriptifs de profils, s’il est une expression qui revient régulièrement dans ce que recherche la gente masculine, c’est "une relation sans prise de tête". C’est bien simple, la lire me fait systématiquement swiper vers la gauche pour visualiser le prochain "produit" proposé. 

2 explications qui justifient mon rejet automatique : la première, c’est que le mec en question, s’il n’a pas envie de "se prendre la tête", serait en revanche tout à fait ok pour prendre autre chose…La seconde, je ne peux pas m’empêcher de penser que s’il mentionne ce sujet, c’est qu’il est lui-même source de prise de tête.

On ne compte pas non plus les "Carpe diem". Si Horace savait que sa prose, au- delà d’être souvent tatouée, est également utilisée comme une arme de séduction qui fonctionne ou pas… 

Pour compléter un profil, il est plus que conseillé d’y mettre plusieurs photos.  Se prendre en photo dans un miroir est le défi masculin et pour peu que l’éclairage soit tout sauf chaleureux, on tombe sur l’imperfection photogénique. En tête des arrières plans, des portes d’ascenseur ou des distributeurs de serviettes que l’on trouve dans les toilettes publiques (type aires d’autoroutes) ou d’entreprises. Faire un selfie au volant de sa voiture la tête légèrement penchée, c’est sensé nous faire vibrer ? Poser devant sa moto est aussi un grand classique, sans doute l’expression de la testostérone la plus puissante… Est-ce que les modérateurs des sites pourraient interdire les photos de paysages floues, les couchers de soleils mal cadrés et les assiettes censées nous faire saliver ? Décidément, certains ne semblent pas comprendre que nous ne cherchons pas une destination touristique mais plutôt un destinataire final.

Quand le "match" opère , vient le temps des échanges par textos ou appel vocal. Là encore, si j’ai un conseil à donner en la matière, c’est de ne pas faire durer ces échanges trop longtemps. Mes expériences m’ont appris que l’on ne peut juger qu’en face à face :  la gestuelle, la façon de s’exprimer, la voix et le regard forment LE tout qui permet de se faire réellement une idée de ce que l’on ressent. Mais par pitié, refusez le restaurant en guise de première "date" ou vous risquez de passer le repas le plus long de votre existence et je sais de quoi je parle : en rentrant dans le restaurant, j’ai tout de suite compris que ça n’allait pas être possible. J’aurais pu partir en courant mais mon éducation m’a rattrapée : de nature plutôt réservée, j’ai tout de même essayé de poser des questions, de trouver des sujets de conversations parce que l’autre en face était en mode "avion" dès les premières minutes, avec des bâillements au bout de la demie-heure : tellement classe…Difficile de faire plus malaisant.
Privilégiez donc plutôt le verre dans un café qui peut se transformer d’un commun accord en dîner. L’option balade dans un parc est celle que personnellement je préfère : à défaut du crush attendu, un peu d’exercice ne fait pas de mal et l’on peut y mettre fin quand bon nous semble.

Voilà pour le tour d’horizon ; mon devoir de réserve m’oblige à ne pas nommer les sites testés mais qu’il s’agisse de rencontres soit disant mythiques, ou d’une plateforme qui rassemble l’élite, le résultat est pour l’instant similaire : aucune palpitation digne de ce nom ou déclenchement de flamme. On se refait un point dans quelques temps ? Disons demain ?

PS: si cet article vous a plu, je vous invite à lire celui intitulé « l’après post sur les sites de rencontre » et pourquoi pas aussi « et l’amour dans tout ça ? »