J’ai passé mon premier janvier en
pyjama, l’œil bovin, le cheveu mou, à ne rien faire, si ce n’est me "balader"
sur Facebook et parcourir les souhaits 2017, lire, grignoter n’importe quoi, regarder la télé, dormir. Et j’ai aimé ça.
J’aurais pu enfiler ma running combi, me
jeter dans le froid pour commencer la chasse aux bourrelets et jouer
à "Gorilles STESER dans la brume".
Après une réflexion de très courte
durée, je me suis dit que non ; halte à la résolution répétitive de chaque
début d’année ; non pas que j’ai décidé de me laisser aller, mais je crois
que CARPE DIEM restera pour 2017 mon objectif numéro 1.
Je ne suis pas fan des nouvelles années,
ni des 31 qui s’apparentent souvent à des fêtes forcées. Mais j’aime les St
Sylvestre quand ils permettent de recevoir des gens qu’on aime, avec qui on est
heureux de passer le dernier jour d’une année lourde et vivante à la fois.
Je
ne suis pas très à l’aise avec les vœux non plus, dont la forme évolue mais le
fond reste identique : des messages pleins de bienveillance et
d’optimisme. Après la folie des SMS qui, pendant plusieurs 31, ont connu leurs
heures de gloire et de saturation, place aux réseaux sociaux et leurs palettes
de vœux, classiques ou atypiques:
- La photo de famille avec la phrase
incrustée, où tout le monde il est beau.
- Des phrases chargées d’optimisme et de
vie, construites avec des mots toniques et précieusement choisis : "Bonne
année 2017 ! Qu’elle soit
pétillante, festive et pleine de surprises et de succès."
- Les citations empruntées à des
personnalités disparues mais dont le sens est toujours d’actualité : "Je
vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser
quelques-uns…" Jacques Brel.
- la photo festive du réveillon et de
ses cotillons,
- Une phrase sublimée par la
calligraphie de l’artiste,
- un feu d’artifices aux couleurs qui
réchauffent,
- les vœux de nos marins et de nos
astronautes qui "jouent" autour du globe,
- la "Bonne année" tracée dans le sable
d’une plage désertée.
Ça, c’est pour la partie émergée de
l’iceberg des vœux ; celle où tu es sincère, joyeux, t’as envie de dire
des trucs sympas aux gens que tu apprécies.
Et puis, il y a les vœux au sein de
l’entreprise dans laquelle tu travailles ; je ne sais pas vous, mais je ne
supporte pas le jour de rentrée qui suit le 1er janvier. Vous ne
pouvez pas faire un pas sans prononcer devant chaque personne
rencontrée des phrases du style : "Bonne année", ou "Tous mes vœux", et/ou "la
santé d’abord, oh oui la santé". Et généralement s’en suivent de
navrantes banalités sur le fait que la santé ça prime sur tout. Ah bon ?
Bon à la limite ça, c’est le côté presque
marrant de cette journée où l’objectif pourrait être de décerner la palme des
vœux les plus originaux.
Mais quand il s’agit de souhaiter des
vœux à un collaborateur que tu ne peux pas encadrer, bein là, ça se complique parce
que tu ne peux pas faire autrement, c’est au supérieur hiérarchique de faire le
premier pas ; ça fait partie des règles "du politiquement correct".
Et alors quand le collaborateur en question sait que ça te coûte et te regarde
avec un sourire narquois l’air de dire : «T’as pas l’choix ma grosse, c’est
au chef de commencer, souhaite la moi cette bonne année », bein tu finis par lui serrer la main et formuler
ces putains de vœux ; mais tu croises les doigts de l’autre main derrière
ton dos, comme si ça pouvait annuler quoi que ce soit (limite tu fais un
doigt). Encore un collaborateur qu’il faudra que je vous conte. Ça n’est pas
Didier mais c’est du puissant également (cf "Working girl l'école du management")
Revenons-en aux vœux des réseaux
sociaux. J’ai lu avec attention toutes ces manifestations de souhaits
optimistes mais je ne peux m’empêcher de penser :
- à la disparition ou l’absence d’un
proche, qui reste inconsolable,
- à la maladie qui rôde autour d’un être
cher, tel un rapace autour de sa proie,
- aux victimes des attentats, des
guerres, des accidents de la vie,
- aux victimes des victimes, celles qui
restent et qui souffrent,
- à ceux qui luttent contre quelque
chose, contre quelqu’un ou eux-mêmes.
Je pense ensuite à mon entourage, et
j’imagine un souhait pour chacun, un souhait finalement unique, celui d’avoir la FORCE :
- De supporter l’absence.
- De sentir la présence invisible qui
questionne et rassure.
- D’accepter de vieillir tout en restant
vaillant.
- D’apprivoiser la douleur pour qu’elle
soit acceptable.
- De savoir lâcher prise et d’oser sans
retenue.
- D’exprimer ce qu’on est, ce qu’on
sent, ce qu’on veut.
- De trouver les mots qu’il faut pour apaiser
les conflits.
- De ne pas trop donner pour mieux se
préserver.
- De mettre fin à la solitude quand elle
enferme et détruit.
- De réussir à vivre sans, ou devoir
vivre avec.
- De garder de l’espoir même quand tout
semble noir.
- De croire en sa valeur, en ses capacités.
- De découvrir chaque jour ce qu’il y a
de nouveau.
- De rester positif en cas de négatif.
- De voir, toucher, sentir, et dire sans
retenue.
- De ne pas se blaser de ce qui nous entoure.
- De ne pas avoir peur de ce qu’on ne
connait pas.
- De profiter des siens, de construire
des projets.
- De rester en contact en cas
d’éloignement.
- De fêter toute victoire quel que soit
le combat.
- De construire chaque jour son cocon de
bien-être.
Pour
terminer, je vous livre la plus belle des phrases de vœux que j’ai lue sur
Facebook et que j’aimerais un jour, avoir le talent de rédiger :"Je vous souhaite de vous glisser dans les
interstices, de passer entre les gouttes, de vous faufiler ; et puis quand
vous vous sentirez prêts, d’affronter, de lever la tête, de marcher au milieu
de la route, de vivre une année secrète et éclatante, inattendue ;
j’espère votre enthousiasme, j’attends votre rayonnement." Edouard
Baer.