samedi 7 janvier 2017

"On vous souhaite tout le bonheur du monde" même si...


J’ai passé mon premier janvier en pyjama, l’œil bovin, le cheveu mou, à ne rien faire, si ce n’est me "balader" sur Facebook et parcourir les souhaits 2017, lire, grignoter n’importe quoi,  regarder la télé, dormir. Et j’ai aimé ça.
J’aurais pu enfiler ma running combi, me jeter dans le froid pour commencer la chasse aux bourrelets et jouer à "Gorilles STESER dans la brume".
Après une réflexion de très courte durée, je me suis dit que non ; halte à la résolution répétitive de chaque début d’année ; non pas que j’ai décidé de me laisser aller, mais je crois que CARPE DIEM restera pour 2017 mon objectif numéro 1.  
Je ne suis pas fan des nouvelles années, ni des 31 qui s’apparentent souvent à des fêtes forcées. Mais j’aime les St Sylvestre quand ils permettent de recevoir des gens qu’on aime, avec qui on est heureux de passer le dernier jour d’une année lourde et vivante à la fois.
Je ne suis pas très à l’aise avec les vœux non plus, dont la forme évolue mais le fond reste identique : des messages pleins de bienveillance et d’optimisme. Après la folie des SMS qui, pendant plusieurs 31, ont connu leurs heures de gloire et de saturation, place aux réseaux sociaux et leurs palettes de vœux, classiques ou atypiques:
- La photo de famille avec la phrase incrustée, où tout le monde il est beau.
- Des phrases chargées d’optimisme et de vie, construites avec des mots toniques et précieusement choisis : "Bonne année 2017 !  Qu’elle soit pétillante, festive et pleine de surprises et de succès."
- Les citations empruntées à des personnalités disparues mais dont le sens est toujours d’actualité : "Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns…" Jacques Brel.
- la photo festive du réveillon et de ses cotillons,
- Une phrase sublimée par la calligraphie de l’artiste,
- un feu d’artifices aux couleurs qui réchauffent,
- les vœux de nos marins et de nos astronautes qui  "jouent" autour du globe,
- la "Bonne année" tracée dans le sable d’une plage désertée.
Ça, c’est pour la partie émergée de l’iceberg des vœux ; celle où tu es sincère, joyeux, t’as envie de dire des trucs sympas aux gens que tu apprécies.
Et puis, il y a les vœux au sein de l’entreprise dans laquelle tu travailles ; je ne sais pas vous, mais je ne supporte pas le jour de rentrée qui suit le 1er janvier. Vous ne pouvez pas faire un pas sans prononcer devant chaque personne rencontrée des phrases du style : "Bonne année", ou  "Tous mes vœux", et/ou "la santé d’abord, oh oui la santé". Et généralement s’en suivent de navrantes banalités sur le fait que la santé ça prime sur tout. Ah bon ?
Bon à la limite ça, c’est le côté presque marrant de cette journée où l’objectif pourrait être de décerner la palme des vœux les plus originaux.
Mais quand il s’agit de souhaiter des vœux à un collaborateur que tu ne peux pas encadrer, bein là, ça se complique parce que tu ne peux pas faire autrement, c’est au supérieur hiérarchique de faire le premier pas ; ça fait partie des règles "du politiquement correct". Et alors quand le collaborateur en question sait que ça te coûte et te regarde avec un sourire narquois l’air de dire : «T’as pas l’choix ma grosse, c’est au chef de commencer, souhaite la moi cette bonne année », bein  tu finis par lui serrer la main et formuler ces putains de vœux ; mais tu croises les doigts de l’autre main derrière ton dos, comme si ça pouvait annuler quoi que ce soit (limite tu fais un doigt). Encore un collaborateur qu’il faudra que je vous conte. Ça n’est pas Didier mais c’est du puissant également (cf "Working girl l'école du management")
Revenons-en aux vœux des réseaux sociaux. J’ai lu avec attention toutes ces manifestations de souhaits optimistes mais je ne peux m’empêcher de penser :
- à la disparition ou l’absence d’un proche, qui reste inconsolable,
- à la maladie qui rôde autour d’un être cher, tel un rapace autour de sa proie,
- aux victimes des attentats, des guerres, des accidents de la vie,
- aux victimes des victimes, celles qui restent et qui souffrent,
- à ceux qui luttent contre quelque chose, contre quelqu’un ou eux-mêmes.
Je pense ensuite à mon entourage, et j’imagine un souhait pour chacun, un souhait finalement unique, celui d’avoir la FORCE :
- De supporter l’absence.
- De sentir la présence invisible qui questionne et rassure.
- D’accepter de vieillir tout en restant vaillant.
- D’apprivoiser la douleur pour qu’elle soit acceptable.
- De savoir lâcher prise et d’oser sans retenue.
- D’exprimer ce qu’on est, ce qu’on sent, ce qu’on veut.
- De trouver les mots qu’il faut pour apaiser les conflits.
- De ne pas trop donner pour mieux se préserver.
- De mettre fin à la solitude quand elle enferme et détruit.
- De réussir à vivre sans, ou devoir vivre avec.
- De garder de l’espoir même quand tout semble noir.
- De croire en sa valeur, en ses capacités.
- De découvrir chaque jour ce qu’il y a de nouveau.
- De rester positif en cas de négatif.
- De voir, toucher, sentir, et dire sans retenue.
- De ne pas se blaser de ce qui nous entoure.
- De ne pas avoir peur de ce qu’on ne connait pas.
- De profiter des siens, de construire des projets.
- De rester en contact en cas d’éloignement.
- De fêter toute victoire quel que soit le combat.
- De construire chaque jour son cocon de bien-être.
Pour terminer, je vous livre la plus belle des phrases de vœux que j’ai lue sur Facebook et que j’aimerais un jour, avoir le talent de rédiger :"Je vous souhaite de vous glisser dans les interstices, de passer entre les gouttes, de vous faufiler ; et puis quand vous vous sentirez prêts, d’affronter, de lever la tête, de marcher au milieu de la route, de vivre une année secrète et éclatante, inattendue ; j’espère votre enthousiasme, j’attends votre rayonnement." Edouard Baer.


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