"Bonjour à tous ; nous accueillons
aujourd’hui Charlie qui rejoint votre groupe de parole. Charlie tu veux te
présenter ?"
Moi : "Bonjour je m’appelle Charlie Steser,
j’ai 47 ans, c’est ma première venue dans ce type de réunion ; je suis nomophobe depuis quelques années et j’ai
décidé de m’en sortir."
L’assembée : "Bienvenue Charlie, on t’aime
Charlie."
Nomophobie : contraction anglophone de
"no-mobile phone phobia" ; il désigne la phobie de se
retrouver sans téléphone mobile ou smartphone.
Fiction ou réalité ? Je dois bien avouer
qu’étant capable de retourner chez moi quitte à louper mon bus si je m’aperçois
que j’ai oublié mon téléphone, alors oui je pense être "légèrement"
dépendante.
Qu’elle semble loin l’époque du téléphone fixe,
vous savez le modèle gris avec le combiné en forme de mini haltère, le cadran
rond avec les trous pour les doigts (boudinés ou pas), l’écouteur fixé à
l’arrière et son fil trop court. Quand
on y repense, c’est dingue le temps que ça prenait entre la composition du numéro (pour peu que le doigt rippe, il fallait recommencer) et l’attente de la tonalité de la sonnerie !!
A cette époque (quand les répondeurs n’étaient pas
encore nés), filtrer les appels était impossible : décrocher et se
retrouver avec la vieille tante Odette qui pique et qui avait besoin de parler,
était chose courante. Aujourd’hui on peut éviter Odette par pleins de
moyens : l’affichage du nom de celui ou celle qui cherche à nous joindre, la
bascule automatique ou pas sur le répondeur, le coup du tunnel : "je
t’..ends très mal O..ette je… dans … t..nnel",
le double appel : "Odette, je
dois te laisser, j’ai l’école qui m’appelle, Watson a dû avoir un
problème".
Bref c’est tellement facile aujourd’hui de
"non communiquer" avec son téléphone : y'a aussi la technique
intermédiaire : le SMS qui permet d’écrire en TSF (Tout Sauf Français) et d’ajouter tous pleins de petits visages
jaunis, censés représenter nos émotions basiques. Généralement, comme son nom
l’indique, le SMS a pour vocation d’être court ; à mon humble avis,
la plupart des SMS prennent plus de temps à rédiger qu’un appel direct ; sans
compter le correcteur orthographique de mes deux qui se permet régulièrement de
transformer nos mots et de rendre notre message totalement incompréhensible ; du coup on passe du temps supplémentaire à le corriger….
Faut se méfier des SMS : tapez sur internet "SMS
Rachida Dati à Brice Hortefeux" ; c’est là qu’on découvre une facette
surprise (mais finalement pas tant que cela) de ce petit bout de femme à
l’allure plutôt élégante : "Salut
le facho… alors maintenant je te préviens très fermement : tu me fous la
paix je ne te lâcherai pas espèce de voyou". La classe non ? Et
oui, "les paroles s’envolent, les écrits restent". Enfin les
paroles s’envolent, pas tout le temps non plus : quand on pense avoir bien
raccroché, qu’on se met à déblatérer plus ou moins sympathiquement sur la
conversation téléphonique que l’on vient d’avoir.
Exemple :"Non mais comme elle m’a saoulée avec
ses problèmes de pré ménopause ; faut qu’elle assume bordel, moi chuis pas
doc gyneco ; c’est pas d’ma faute si elle a ses hormones dans l’chignon ;
en même temps elle a toujours fait plus vieille que son âge, d’ailleurs elle a
jamais été très fun ; finalement je ne comprends pas comment on a pu
devenir amie"… Oups. Toute ressemblance avec des personnes existant
serait purement fortuite.
Au moins, à l’époque du fameux téléphone gris, on n’avait pas ce problème : le côté massif
de l’appareil faisait qu’on se rendait tout de suite compte si c’était bien
raccroché ; sauf Thierry Lhermitte dans "Le père Noël est une
ordure": " ...Le téléphone est bien raccroché oui parce que
forcément quand il est mal raccroché ça ne sonne pas… "
Bon j’exagère un peu, la fonction SMS peut aussi permettre
de prendre des news, de se manifester à l’autre ; tenez par exemple mon "marai"
Sherlock prend le soin tous les jours en fin de journée, de m’envoyer un petit
SMS bourré d’amour et d’attention : "Pain", que je déchiffre
par : "Mon amour, peux-tu, si tu as le courage, passer prendre du
pain avant de rentrer ? Je t'aime plus qu'hier et moins que demain".
Vous allez finir par croire que je suis nostalgique
de cette époque où les cabines téléphoniques poussaient comme des champignons
même dans les endroits les plus paumés de la terre. Aaah les cabines
téléphoniques grises, cet endroit exigü qui sentait bon le tabac froid (entre
autre) où il était aussi compliqué d’y rentrer que d’en sortir avec ce système
de porte à la noix.
En fait aujourd’hui dans nos mentalités
d’ultra-connexion, on ne supporte plus d'être injoignable et ce, quel que soit le lieu où l'on se trouve. Ca me rappelle Sherlock, il y a une quinzaine
d’années qui, lors d’un voyage d’agrément au Maroc, avait pris l’option
international, chose que je trouvais totalement superflue ; le jour où son
téléphone a sonné en plein désert, comme il était fier en décrochant ;
sauf que la personne s’était plantée de numéro et l’avait appelé par
erreur ; c’te honte ; il n'y a pas
eu un seul autre appel de toutes les vacances dis-donc.
Pour en revenir à l’addiction même de l’objet, ça
n’est pas que pour la fonction téléphone en elle-même mais pour tout le
reste : recevoir ses mails, consulter internet, les réseaux sociaux,
recevoir ses alertes, surfer sur ses applications, écouter de la musique,
etc…J’ai vu récemment qu’en moyenne on consulte 200 fois son portable par
jour…ça fout un peu les jetons quand même non ? C’est comme un doudou, on
a besoin de le savoir dans notre poche ou notre sac à main ; parlons-en du
sac à main où il faut dix plombes pour retrouver l’objet quand il sonne et que
du coup tu loupes l’appel que tu ne devais justement pas manquer ; et quand
tu cherches le casque audio dans ton sac et que tu le retrouves dans un renfoncement, avec des miettes dessus de ché pas quoi et tout
emberlificoté, ça énerve aussi sa race.
Alors parfois, on éteint son téléphone et paradoxalement
on dit qu’on essaie de…décrocher. Mais quand tu t’aperçois que dans la maison
que tu as louée un bras, la couverture n’est pas bonne, alors là c’est le
drame ! Enfin, au début on essaie de se rassurer comme on peut : "Nan
mais ça va nous faire du bien d’être un peu coupé du monde". Sauf qu’au
bout d’une heure de sevrage, on est tous en train de rechercher le point unique
dans le jardin où le réseau est à peu près correct ; et qu’il faille se mettre
en équilibre dans une barque ou sur une branche d’un arbre pour mieux capter,
on est prêt à tout pour avoir a minima deux barres de réseau.
Bon pour conclure, faut vraiment faire quelque
chose pour diminuer cette dépendance ; certains le font déjà et lors des
dîners demandent aux invités de laisser tous les portables à l’entrée. C’est un
bon début mais je crois que j’ai encore une meilleure idée : à quand l’application
qui permettra à tout un chacun de mettre fin à cette addiction des temps "mobile"?😉😜😲
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