samedi 28 janvier 2017

Jamais sans mon smartphone


"Bonjour à tous ; nous accueillons aujourd’hui Charlie qui rejoint votre groupe de parole. Charlie tu veux te présenter ?"
Moi : "Bonjour je m’appelle Charlie Steser, j’ai 47 ans, c’est ma première venue dans ce type de réunion ; je suis nomophobe depuis quelques années et j’ai décidé de m’en sortir."
L’assembée : "Bienvenue Charlie, on t’aime Charlie."
Nomophobie : contraction anglophone de "no-mobile phone phobia" ; il désigne la phobie de se retrouver sans téléphone mobile ou smartphone.
Fiction ou réalité ? Je dois bien avouer qu’étant capable de retourner chez moi quitte à louper mon bus si je m’aperçois que j’ai oublié mon téléphone, alors oui je pense être "légèrement" dépendante.

Qu’elle semble loin l’époque du téléphone fixe, vous savez le modèle gris avec le combiné en forme de mini haltère, le cadran rond avec les trous pour les doigts (boudinés ou pas), l’écouteur fixé à l’arrière et son fil trop court. Quand on y repense, c’est dingue le temps que ça prenait entre la composition du  numéro (pour peu que le doigt rippe,  il fallait recommencer)  et l’attente de la tonalité de la sonnerie !!
A cette époque (quand les répondeurs n’étaient pas encore nés), filtrer les appels était impossible : décrocher et se retrouver avec la vieille tante Odette qui pique et qui avait besoin de parler, était chose courante. Aujourd’hui on peut éviter Odette par pleins de moyens : l’affichage du nom  de  celui ou celle qui cherche à nous joindre, la bascule automatique ou pas sur le répondeur, le coup du tunnel : "je t’..ends très mal  O..ette je… dans … t..nnel", le double appel : "Odette, je  dois te laisser, j’ai l’école qui m’appelle, Watson a dû avoir un problème".
Bref c’est tellement facile aujourd’hui de "non communiquer" avec son téléphone : y'a aussi la technique intermédiaire : le SMS qui permet d’écrire en TSF (Tout Sauf Français) et d’ajouter tous pleins de petits visages jaunis, censés représenter nos émotions basiques. Généralement, comme son nom l’indique, le SMS a pour vocation d’être court ; à mon humble avis, la plupart des SMS prennent plus de temps à rédiger qu’un appel direct ; sans compter le correcteur orthographique de mes deux qui se permet régulièrement de transformer nos mots et de rendre notre message totalement incompréhensible ; du coup on passe du temps supplémentaire à le corriger….
Faut se méfier des SMS : tapez sur internet "SMS Rachida Dati à Brice Hortefeux" ; c’est là qu’on découvre une facette surprise (mais finalement pas tant que cela) de ce petit bout de femme à l’allure plutôt élégante : "Salut le facho… alors maintenant je te préviens très fermement : tu me fous la paix je ne te lâcherai pas espèce de voyou". La classe non ? Et oui, "les paroles s’envolent, les écrits restent". Enfin les paroles s’envolent, pas tout le temps non plus : quand on pense avoir bien raccroché, qu’on se met à déblatérer plus ou moins sympathiquement sur la conversation téléphonique que l’on vient d’avoir.
Exemple :"Non mais comme elle m’a saoulée avec ses problèmes de pré ménopause ; faut qu’elle assume bordel, moi chuis pas doc gyneco ; c’est pas d’ma faute si elle a ses hormones dans l’chignon ; en même temps elle a toujours fait plus vieille que son âge, d’ailleurs elle a jamais été très fun ; finalement je ne comprends pas comment on a pu devenir amie"…  Oups. Toute ressemblance avec des personnes existant serait purement fortuite.
Au moins, à l’époque du fameux téléphone gris, on  n’avait pas ce problème : le côté massif de l’appareil faisait qu’on se rendait tout de suite compte si c’était bien raccroché ; sauf Thierry Lhermitte dans "Le père Noël est une ordure": " ...Le téléphone est bien raccroché oui parce que forcément quand il est mal raccroché ça ne sonne pas… "
Bon j’exagère un peu, la fonction SMS peut aussi permettre de prendre des news, de se manifester à l’autre ; tenez par exemple mon "marai" Sherlock prend le soin tous les jours en fin de journée, de m’envoyer un petit SMS bourré d’amour et d’attention : "Pain", que je déchiffre par : "Mon amour, peux-tu, si tu as le courage, passer prendre du pain avant de rentrer ? Je t'aime plus qu'hier et moins que demain".
Vous allez finir par croire que je suis nostalgique de cette époque où les cabines téléphoniques poussaient comme des champignons même dans les endroits les plus paumés de la terre. Aaah les cabines téléphoniques grises, cet endroit exigü qui sentait bon le tabac froid (entre autre) où il était aussi compliqué d’y rentrer que d’en sortir avec ce système de porte à la noix.
En fait aujourd’hui dans nos mentalités d’ultra-connexion, on ne supporte plus d'être injoignable et ce, quel que soit le lieu où l'on se trouve. Ca me rappelle Sherlock, il y a une quinzaine d’années qui, lors d’un voyage d’agrément au Maroc, avait pris l’option international, chose que je trouvais totalement superflue ; le jour où son téléphone a sonné en plein désert, comme il était fier en décrochant ; sauf que la personne s’était plantée de numéro et l’avait appelé par erreur ; c’te honte ;  il n'y a pas eu un seul autre appel de toutes les vacances dis-donc.
Pour en revenir à l’addiction même de l’objet, ça n’est pas que pour la fonction téléphone en elle-même mais pour tout le reste : recevoir ses mails, consulter internet, les réseaux sociaux, recevoir ses alertes, surfer sur ses applications, écouter de la musique, etc…J’ai vu récemment qu’en moyenne on consulte 200 fois son portable par jour…ça fout un peu les jetons quand même non ? C’est comme un doudou, on a besoin de le savoir dans notre poche ou notre sac à main ; parlons-en du sac à main où il faut dix plombes pour retrouver l’objet quand il sonne et que du coup tu loupes l’appel que tu ne devais justement pas manquer ; et quand tu cherches le casque audio dans ton sac et que tu le retrouves dans un renfoncement, avec des miettes dessus de ché pas quoi et tout emberlificoté, ça énerve aussi sa race.
Alors parfois, on éteint son téléphone et paradoxalement on dit qu’on essaie de…décrocher. Mais quand tu t’aperçois que dans la maison que tu as louée un bras, la couverture n’est pas bonne, alors là c’est le drame ! Enfin, au début on essaie de se rassurer comme on peut : "Nan mais ça va nous faire du bien d’être un peu coupé du monde". Sauf qu’au bout d’une heure de sevrage, on est tous en train de rechercher le point unique dans le jardin où le réseau est à peu près correct ; et qu’il faille se mettre en équilibre dans une barque ou sur une branche d’un arbre pour mieux capter, on est prêt à tout pour avoir a minima deux barres de réseau.

Bon pour conclure, faut vraiment faire quelque chose pour diminuer cette dépendance ; certains le font déjà et lors des dîners demandent aux invités de laisser tous les portables à l’entrée. C’est un bon début mais je crois que j’ai encore une meilleure idée : à quand l’application qui permettra à tout un chacun de mettre fin à cette addiction des temps "mobile"?😉😜😲


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