samedi 24 novembre 2018

Charlies aux fourneaux #3 : La tarte fine aux pommes




Difficulté : fastoche la brioche
Ingrédients :
- 4 pommes de votre choix, Golden, Pink Lady, Melrose, Royal Gala…Préférez des pommes à la taille  généreuse pour faciliter la séance de striptease d’épluchage.
- 80 grammes de beurre (salé cela va de soi, puisque le beurre par définition est forcément salé. Et c’est là que je créée la première polémique liée à ma recette).
- Cassonade que personnellement je préfère au sucre blanc pour ce qu’il apporte en notes de saveur caramélisée à la tarte et parce qu’il se fond sur les fruits comme sur la pâte avec une délicate onctuosité.
- Une pâte feuilletée et sa feuille de cuisson

Cuisson : au four thermostat 6 pendant 30 minutes environ

Il existe plusieurs moyens de lutter contre l’obésité du froid et sa robe de grisaille : s’emmitoufler dans un beau gros gilet (pas forcément jaune), et/ou se réconforter à coups de pâtisseries réconfortantes.
Laissez-moi vous proposer le remède de la tarte fine aux pommes. Oui j’ai bien dit "fine" car je crois au pouvoir des mots. Je suis en effet persuadée que notre inconscient résiste plus difficilement à la lecture de certains termes triés sur le volet de la gastronomie et qui déclenchent le réveil des papilles : "fine" en fait partie, comme "façon grand-mère", "au feu de bois", "velouté", "moelleux" etc…

La tarte fine inscrite sur la carte des desserts, permet sans doute au gourmand repu par ses plats précédents, de choisir en toute impunité une pâtisserie qui lui garantit une contestable légèreté calorique.
Mais il y a également dans cette appellation, la promesse d’un visuel élégant de par la finesse des lamelles de pommes délicatement déposées sur une pâte rendue pour l’occasion presque invisible.
Revenons-en à notre recette. Entre une tarte aux pommes dite "classique" et notre tarte fine, les ingrédients sont pourtant identiques mais c’est dans leur assemblage que ces deux desserts se distinguent.
Déroulez la pâte feuilletée de sa feuille de cuisson et déposez l’ensemble sur la plaque sortie du four. Nul besoin de quelque moule, l’idée étant de faire une tarte sans bordure appelée par certains "trottoir" mot qui vous en conviendrez, n’invite pas vraiment à la gourmandise.
En épluchant vos pommes, regardez, sentez, goûtez et écoutez. La pomme dévêtue de sa peau lisse et colorée, se retrouve à présent nue devant vous, la chair blafarde et légèrement humide au toucher. Son exposition à l’air la rend plus vulnérable ; il faut à présent faire vite avant que l’oxydation ne fasse son effet. Mais son doux parfum acidulé vient chatouiller à présent vos narines. Et même si ce fruit a toujours été défendu depuis des milliers d’années, impossible de ne pas croquer dans un quartier de pomme en préparant cette recette.
La pomme, un fruit tellement banal mais qui sait se faire remarquer : mordre dans une pomme en toute discrétion reste tout simplement infaisable et le son associé à sa mastication, fait de ce fruit le seul à détenir de puissantes cordes vocales.

Une fois le quartier de pomme dégusté, il est temps de passer à la confection de fines lamelles de fruits qu’il faudra ensuite coucher délicatement sur la pâte. N’hésitez pas à constituer des rangs serrés pour donner plus de générosité.
La pâte entièrement recouverte, faites pleuvoir deux à trois poignées de cassonade sur les pommes, Personnellement, je saupoudre à la main le sucre, pour une dispersion régulière et contrôlée sur l’ensemble de la tarte.
Il ne reste plus qu’à déposer des cubes de beurre sur les pommes endormies sur le matelas de pâte.
La tarte peut séjourner au four pour sa durée déterminée.
Admirez plus que surveillez la cuisson. Ecoutez le son du beurre qui mousse en fondant. Si le beurre a tendance à s’écouler au-delà de la pâte, pas d’inquiétude, le papier sulfurisé saura le  retenir et la pâte lui sera redevable de rajouter un goût de kouignamann.
La fin de la cuisson se caractérise par un coup de chaud sur les pommes qui ont toutes retrouvé un teint halé et dont la chaleur a fait souffler leurs chairs. Vérifiez que la pâte encore visible est dans le même état. Si tel est le cas, sortez votre plaque et laissez refroidir quelques instants.
Admirez votre œuvre et profitez des odeurs de pommes chaudes sucrées, caramélisées qui n’attendent plus qu’une chose, c’est d’être dégustées.

Délicieusement vôtre.

dimanche 11 novembre 2018

Dans la peau de Donald Trump


Dans le cadre d'une masterclass d'écriture que je poursuis actuellement, l'un des exercices consiste à se mettre dans la peau d'une personne que l'on déteste. J'ai choisi...

Salut journal de mes deux,

Je te préviens tout de suite, je ne suis pas d’humeur aujourd’hui. Je sors d’une conférence de presse où ce miteux correspondant de CNN m’a totalement manqué de respect. Je lui ai demandé à plusieurs reprises de se taire, ce qu’il a délibérément refusé de faire. Et cette potiche d’employée n’a même pas été foutue de lui enlever le micro ! Encore une qu’il va falloir que je vire fissa. J’aurais bien passé mes nerfs sur cette gourdasse de Melania mais personne n’est en capacité de me la dénicher. Pour une fois qu’elle pouvait m’être utile…

Je peux te dire qu’il n’est pas prêt de refoutre les pieds à la maison Blanche ce minable de journaliste. Il m’a pris pour qui ce tocard ? Il sait qui je suis ? On ne s’adresse pas de cette manière au Président.  Je ne suis n’importe qui : je suis LA  référence des présidents des Etats-Unis d’Amérique. Parce que j’ai tout, absolument tout, à commencer par mes dollars qui coulent à flot comme mes milliards de  globules dans mes veines. Et si j’ai envie d’étaler mon pognon aux yeux du monde que je domine, rien ne m’en empêche et « je ne crois pas que les gens aient envie de voir le Président porter lui-même sa valise, en sortant d’Air Force one. C’est comme ça. »* Time Magazine.


J’ai l’argent mais pas seulement. J’ai la Puissance. Je suis un putain d’homme d’affaires. Le nom TRUMP est connu dans tous les secteurs d’activité depuis des décennies. J’ai même mon étoile sur Hollywood Boulevard. Et je suis BLANC. C’est ça l’Amérique, retour aux sources. Fini l’Obama show, fini la présidence à la sauce empathique. On me trouve antipathique et méprisant ? Je ne suis pas là pour me faire des amis et d’ailleurs je n’en ai  pas besoin. Je suis là pour régner, pour gouverner, pour imposer MES idées, pour rendre l’’Amérique aux citoyens américains. Regarde comme je suis acclamé quand je débarque dans l’Amérique profonde chez les péquenauds. Moi je sais leur parler, avec des mots simples. Il faut être direct avec eux, pas la peine de  faire des longs discours, de toute façon ils ne comprendraient rien ces bouseux.  Au moins eux, ils n’osent pas me critiquer, ils me vénèrent ; peut-être parce qu’ils ont peur ?! Ils ne sont sans doute pas les seuls. Je veux faire peur, je veux qu’on me craigne car oui, je suis capable de tout pour me faire remarquer, pour que l’on parle de moi dans le monde entier. Je ne suis pas du genre à me débiner et je ne fais pas dans le politiquement correct. Oui je suis impulsif et si quelque chose ne me plait pas, je ne me gêne pas pour le montrer. Je ne suis pas une lopette moi. J’en ai dans le calbut. J’ai des couilles en or massif ; dommage que Melania n’en prenne pas soin. LOL je suis trop drôle ce soir !
A propos de Melania, il faut vraiment qu’elle se reprenne. Son attitude distante vis-à-vis de moi lors de nos apparitions en public risque de me desservir. Dès que je lui prends la main, elle se raidit comme un coup de trique. Mais qu’est-ce qu’elle veut de plus cette greluche ? Elle est mariée avec l’homme le plus puissant du monde, elle pourrait faire un minimum d’efforts et me remercier de l’avoir choisie !  Va peut-être falloir que j’augmente son agent de poche histoire de la calmer. Les gonzesses sont vraiment toutes des ingrates et des incompétentes. Sur la durée, elles ne tiennent pas la route.  Au moins, grâce mon élection, j’ai sauvé l’Amérique d’une présidence féminine vouée au chaos.

Bon, allez, suis crevé,  faut que j’aille mettre la viande dans le torchon, j’ai encore une grosse semaine de déplacements en perspective. J’aime assez ces moments où je suis seul sur scène face à ces milliers de regards pleins d’espoirs et de reconnaissance. Je fais mon show, je suis leur Dieu. J’ai enfin l’impression d’être aimé. Mais qu’est ce qui me prend ?! Je fais dans le sentiment maintenant ?! C’est à cause de toi sale journal de mes deux. Tu te prends pour mon psy ? Allez bouge de là, je vais me coucher,  mais je signe histoire de laisser ma trace.











samedi 13 octobre 2018

Quelque part près de Sarlat





Alors que l’automne défait ses valises pour une installation longue durée, même si le soleil nous fait l’honneur de prolonger chaleureusement sa présence dans des tenues de soirée aux dégradés rouge flamboyant, je suis prise d’une douce nostalgie en repensant à notre séjour estival au hameau de Queytival.
Je m’étais fait la promesse de ne pas dévoiler ce lieu magique par pur égoïsme de ma part j’en conviens mais je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager cette découverte qui nous a tellement ressourcés, séduits, de par une propriété à couper le souffle et la rencontre de nos hôtes hors normes Virginie et Xavier, amoureux de la pierre et du bois, à la recherche du simplement beau, à l’écoute bienveillante de la nature et de ses locataires.
C’est donc près de Sarlat que se situe ce morceau d’éden, cette planète de verdure de vingt-sept hectares, accessible par un chemin en côte, défoncé ou plutôt cabossé, maltraité par les accès de colère incontrôlable d’une pluie printanière particulièrement virulente cette année. La montée du chemin se fait sur la pointe des roues ou devrais-je dire sur la courbe des roues, pour éviter la rencontre d’une pierre un peu trop polie ou le dérapage incontrôlé aux fortes nuisances sonores. La voie est sans issue et c’est un pur mensonge puisqu’au bout du chemin, la quiétude nous ouvre ses portes simplement mais sûrement avec son sourire en portes de grange et sa baie de convivialité.
Je suis fan des voies dites sans issue lorsqu’on loue des maisons : ces voies sont comme des sas de décompression qui précèdent l’isolement, la tranquillité que l’on vient chercher. Quel bonheur de tomber au dernier moment sur la propriété, cachée, dissimulée derrière ses arbres gardes du corps soucieux de sa sécurité vingt-quatre heures sur vingt-quatre, face aux agressions du goudron trop largement fréquenté par des véhicules excessivement pressés.
L'accès à cette maison s'effectue par une large terrasse en pierres, qui longe toute la façade. Elle surplombe une cour régentée par un tilleul sans doute centenaire, aux allures de souverain, illuminé, doré tous les matins par un soleil, dont la générosité attire le coq maître des lieux et ses sujettes les poules. Face à tant de beauté, les petits déjeuners sont des parenthèses de pains grillés enchantés comme dans l’ami Ricoré.
Mais à présent entrons : dès les premiers instants, on s’y sent déjà bien, on imagine les grandes tablées familiales, les rires et les copains. Si les murs et le plancher pouvaient causer, ils sauraient nous en conter. Les pièces du bas sont généreuses de lumière et d’espace : la cuisine dans son jus, avec sa grande table en formica, recouverte d’une toile cirée qui n’en finit pas d’en baver, ses placards à volets incrustés dans les murs, son poêle sans doute utile l’hiver, son vieil évier émaillé rectangulaire positionné juste sous la fenêtre, offrant comme un écran, une vue trois D, dégagée sur la partie pigeonnier/potager de cet immense domaine.

Traversons la cuisine, et entrons dans le salon dont le plancher fredonne notre arrivée. Eclairé par trois ouvertures aux orientations distinctes, ses deux canapés moelleux sont des tentations à la somnolence ou la lecture en face d’un second poêle au chômage technique durant l’été.
A l’étage, le plancher poursuit par endroit ses notes mélodieuses. Les trois chambres comme celle du bas sont paisibles, décorées simplement mais tout en élégance : poutres inclinées sur ses murs blancs, quelques meubles en bois si précieux à notre propriétaire, couettes aux motifs fleuris, l’ensemble est une invitation à se laisser aller, rêvasser, s’endormir fenêtres ouvertes, bercé par les multiples sons de la faune insomniaque ou noctambule, en quête de fraîcheur étoilée.

Poursuivons notre visite extra-muros : la périgourdine est un délice, l’extérieur une pure merveille. C'est une petite planète de bonheur dont la maison est située au centre d’une propriété soigneusement délimitée par une couronne forestière protectrice.  Le terrain qui dévale derrière la piscine à débordements et sa plage immergée, est une succession de vallons aux courbes plus que parfaites à l’instar du générique de La petite maison dans la prairie.


Imaginez. Vous sortez tout juste d’une baignade rafraichissante sous un soleil boulimique. Après quelques mouvements de brasse dans cette magnifique piscine où la couleur de l’eau se confond avec le vert des vallons, vous avez élu domicile sous un large figuier parasol, pour envisager dans les meilleures conditions, votre activité de lecture. Allongé sur votre chaise longue, protégé par les feuilles de figuiers imperméables aux rayons d’un soleil trop intrusif, vous vous emparez de votre livre. Fermez les yeux pour savourer l’instant, écoutez l’eau de la piscine qui s’écoule dans la rigole et le bourdonnement des insectes qui, malheureusement pour eux, ne savent jamais s’arrêter. Lorsque le vent tente une expiration, les feuilles se cognent entre elles dans un bruit de mobile en bois flotté.
Imaginez encore, nous sommes en fin d’après-midi et le soleil commence à fatiguer d’avoir trop rayonné. Pendant qu’il revêt son pyjama rouge, marchez vers la piscine. Près de la terrasse, les fleurs jaunes délivrent leurs effluves sucrées de réglisse. C’est ensuite la lavande qui prendra le relais, suivi par les aiguilles de pin qui nous livrent leur plus doux des parfums, celui propre aux vacances, essentiel comme une huile. Et puis là, sous vos pieds, l’herbe encore presque tiède, grillée par un soleil trop généreux, dégage une haleine chaude de foin coupé. 
Approchez-vous doucement de la piscine, ne bougez-plus et observez : c’est le quart d’heure colonial des hirondelles qui profitent de l’absence des baigneurs pour jouer les canadairs. Au bord de la plage immergée, le couple de tourterelles trempe prudemment ses pattes et semble savourer l’instant, à l'abri de toute présence humaine.
Et puis tout en bas à environ cents mètres en lisière de forêt, si vous êtes attentifs, vous  pourrez peut-être distinguer les sorties timides et réservées de quelques paires de chevreuils, soucieux de conserver une distance de sécurité, qu’eux seuls jugent raisonnable.


Vous l’aurez compris, cette merveilleuse planète est accessible à ceux qui savent prendre le temps, le temps de regarder, écouter, sentir, capables d’accepter cet unique vis-à-vis, celui de la nature. Il y aurait tant encore à décrire. J’aurais pu vous parler :
- de la couleur de l’aube qui m’a fait me lever sans la moindre difficulté,
- des soirées chamallows à la lueur des braises du barbecue,
- des baignades éclairées par une lune impudique,
- des séances dédicacées des étoiles montantes et filantes,
- de ce trésor doré d'été qu'est l'ocre de la pierre,
- de nos paisibles échanges avec Xavier et Virginie,
- de la joie des enfants découvrant la cabane,
- de mes séances d’écriture inspirée, à l’ombre du préau des kiwis.

Queytival, quietudo vallis, vallée de la quiétude pour qui sait profiter.



dimanche 16 septembre 2018

la rentrée en 6ème dans tous ses états (d'âme)


"Alors cette rentrée, ça s’est bien passé ? "
Ne me dîtes pas que vous n’avez pas dans votre entourage a minima une personne forcément bienveillante qui vous a posé cette question saisonnière, comme s’il s’agissait d’un évènement catégorie examens de fin d’études supérieures ou d’obtention du permis de conduire ?
Personnellement, à l’heure où je rédige ce post, je me considère encore en période d’examens parce que cette foutue rentrée à tendance à prendre ses aises et s’imposer au-delà d’une simple journée.
Je dirais même que la rentrée, finalement elle se déclenche quand tu franchis la porte du magasin Bureau Vallée (de la fourniture scolaire), ou que tu essaies de slalomer avec ton caddie dans les 3 ou 4 rayons Carrefour dédiés à cette p… de rentrée ! "Fourniture", Rien que d’écrire ce mot, j’ai envie de fuir, loin très loin, au-delà du rapporteur à double lecture ou du protège cahier 24x32 à rabat transparent.

Tout a commencé par un beau samedi matin de fin août, à deux semaines de la rentrée. Record battu pour moi qui jusqu’à présent, effectuai les courses le dernier week-end des vacances. Mais là, "on ne joue plus dans la même cour", expression fort à propos vous en conviendrez ; mon fils Watson rentre en 6ème Mesdames Messieurs ! Et qui dit cycle collège, signifie liste de f….ures à rallonge. En pénétrant chez Bureau Vallée, je fus prise par une sensation d’étouffement, de cahierophobie à me retrouver dans un espace entièrement consacré à l’univers classérale. Très vite je me précipitai vers un vendeur, maton de la canson 220 g et de la boite de pastel sec ou gras, qui tout de suite me proposa ses sévices services :
- Oh oui bien sûr que vous pouvez m’aider. Si je vous confie ma liste, vous  pouvez vous en charger et je repasse dans une heure ?
Manifestement, j’avais franchi la marge rouge et me retrouvai seule en compagnie de ma liste écrite dans une  police minimaliste. Non seulement la liste état à la Prévert mais en plus, elle était illisible pour toute population originaire de la presbytie. Constatant ma perdition, le maton de la canson me suggéra de ne pas raisonner par matière mais plutôt de faire des regroupements par typologie de f…ures, avant de me lancer dans des achats désordonnés voire déraisonnés. Son conseil me fit sans doute gagner un temps certain, même si je sortai de l’enseigne au bout d’une bonne heure, épuisée avec comme qui dirait, une mine de papier maché.

Cette première étape franchie, il restait encore beaucoup à faire à commencer par identifier chaque f…ure à sa matière, histoire d’aider Watson à se repérer dans cette profusion de cahier grands carreaux, aux formats et nombres de pages hétérogènes et de crayons aux mines pas encore fatiguées. Je me lançai donc dans une grande opération "balance ton post it" sur les cahiers et classeurs, en vue dénoncer leur anonymat et permettre à Watson d’apprivoiser son bulletin  butin scolaire.
L’étape suivante eu lieu le week-end précédant la rentrée ; l’achat de tenues vestimentaires correctes. Contrairement aux années précédentes, Watson, à sa demande, m’accompagna dans les boutiques. Jusqu’à présent j’avais carte blanche, Watson n’étant que très peu intéressé par l’étoffe (des héros). Ce jour-là fut le jour le plus long  de la réflexion du pantalon, sans compter  les tentatives pour obtenir une typologie de vêtements aux antipodes de ma conception (sans doute un poil trop relou à son goût), tels que le survêt’ à capuche ou la chaussure Air Nike planant totalement au niveau du tarif... Après quelques heures de shopping, je rentrai à la maison non plus accompagnée de mon petit garçon mais de mon fils qui sur le plan vestimentaire, commençait à me donner du fil à retordre...

Et puis vint le jour J, celui de LA rentrée ! Watson, pour le premier matin de sa vie, mit les petits pieds dans les grands : il se para de ses nouvelles chaussures "trop stylées", ajusta sa mèche à l’aide d’ablutions raisonnées et chargea sur son dos l’inévitable "East Pack", cartable hautement tendance comme sans doute le "sac US" de notre génération.
Mon mari Sherlock et moi-même l’accompagnâmes histoire de faire le deuil de 8 années de primaire avec ses récréations à répétition et ses superfétatoires TAPS (temps d’apprentissage périscolaire) dont l’objectif pédagogique reste à ce jour un grand mystère…
300 élèves furent appelés nominativement ; Watson fut le tout dernier de la liste… Mais ne dit-on pas que les derniers seront les premiers ? En tous cas, j’en ai la foi…
Faut-il parler de la phase remplissage de papiers administratifs qui se répète d’année en année, avec cette piquante sensation de redonner inlassablement les mêmes informations, à l’époque ou le stockage de données n’est un secret pour aucune face de bouc ?

Après le stress de la première journée,  celui  des premiers trajets, seul, en bus alors que jusqu’à présent, Watson n’avait qu’à sortir de l’immeuble pour se retrouver au pied de son école. Et s’il rate son bus, si le bus ne passe pas ? Et s’il loupe son arrêt ? Oh ne riez pas, je suis loin d’être la seule à me torturer de la sorte. Coupe le cordon Charlie !! Par la force des choses et la distance du bus, le cordon sous tension finira bien par lâcher et tirer sa révérence. Mieux vaut tard que jamais me direz-vous. Alors surgit dans nos esprits de parents angoissés, la solution du téléphone portable que nous avions jusqu’à présent réussi à rejeter avec force conviction :
- Un téléphone en 6ème !! Non mais Watson, tu déraisonnes ! On en reparlera en 3ème.
Dix contre un que la hotte du Père Noël ne reste pas insensible à ces appels du pied de l’SMS illimité.
S’en suivent les premiers devoirs où les parents se replongent dans toutes sortes d’exercices qui font vibrer nos souvenirs de collégiens. Alors que Watson cherche à retrouver au plus vite sa manette de sa XBOX, on aimerait lui transmettre notre enthousiasme, à revivre le passé d’une époque qui nous a tous tant marqués : le passage chez les grands, la découverte de nouvelles matières avec des professeurs qui subissent inlassablement en début d’année scolaire, l’intransigeante note de gueule :
- Elle est bien ta prof principale ? Tu as Mme Vivon ? il parait qu’elle est grave sévère celle-là etc…
La réunion de parents d’élèves permet à chacun d’entre nous d’asseoir notre jugement face au speed dating du corps professoral qui pour la plupart utilise sans réserve le jeu de la séduction.
Comme un pull en laine mis par erreur dans la machine à laver, les soirées semblent avoir  définitivement rétréci : entre les devoirs à vérifier/corriger/compléter, la supervision du cartable à préparer en fonction des exigences psychotiques de chacun des professeurs, la vérification du sac de piscine du lendemain pour éviter l’oubli du maillot de bain, l’heure du dîner est largement dépassée.
Nous rentrons donc à présent dans la phase de rodage, celle qui permet de procéder aux derniers ajustements,  en dénichant sur Amazon les fournitures introuvables nulle part ailleurs et en vérifiant que la note fournie par le collège "Comment aider votre enfant à réussir son entrée en 6ème, est totalement assimilée, pour éviter le hors sujet.
Bienvenue dans le monde de la copie grand format perforée mais pas trop, de l’emploi du temps à trous et de l’interrogation surprise : "Comment aider les parents à réussir leur rentrée de 6ème". Vous avez 2 heures. 













dimanche 2 septembre 2018

Speed Reading ou jamais sans mon livre #4




Histoire de bien attaquer cette rentrée qui malheureusement n’est pas que littéraire, je vous propose mes trois meilleures lectures parmi plusieurs ouvrages que j’ai pour la plupart appréciés mais qui ne rentrent pas forcément dans mon palmarès de bien être absolu, avant l’arrivée des feuilles mortes. Dans le désordre : "Fief", David Lopez (bien, ambiance jeunes de banlieue, écriture étonnante), "Le jardin secret" de Kate Morton (bien, atmosphère à la Daphné Du Maurier), "L’arménien" de Carl Pineau (sur Kindle, bon policier dans le Nantes des années 80), "Changer l’eau des fleurs" de Valérie Perrin  (sympa malgré un sujet qui à tort peut repousser), "Le premier jour du reste de ma vie" de Virginie Grimaldi (bien mais pas le meilleur à mon avis), "Il est grand temps de rallumer les étoiles" de Virginie Grimaldi (alors là d’accord).
Avant de vous parler de mes trois Best Of XXL, laissez-moi vous annoncer que j’ai enfin fait l’acquisition d’une liseuse Kindle début juillet et que je surkiffe l’objet. Alors oui, j’avoue que le contact est différent et je me vois mal sentir ma liseuse comme je le fais quasi systématiquement quand je suis en possession d’un ouvrage papier.
Les trois livres n’ont a priori rien à voir et pourtant, un sujet commun pourrait être celui des occasions que la vie nous procure ou l’importance des relations humaines.

UN MATIN ORDINAIRE - MARJORIE TIXIER
Un marathon  vers la vie
Ce livre, je ne l’aurais jamais acheté si petit 1, je n’avais pas eu ma liseuse, petit 2, je ne m’intéressais pas à l’auto-édition et les concours réguliers proposés par @LIBRINOVA.
Marjorie est la grande gagnante du concours lancé par LIBRINOVA sur le thème "Un merveilleux malheur" ou comment rebondir après un événement catégorie insurmontable. Quand je pense que je ne l’ai acheté que 0,99€ dans le cadre d’une opération promo, à peine le prix d’une baguette festival, alors qu’il pourrait nourrir une armée de lecteurs affamés qui dévorent sans complexe. Que les liseurs papier se rassurent, le livre est également disponible dans son costume imprimé.
Quelle claque ! Quel talent ! L’histoire d’une femme qui au cours d’un jogging fait une mauvaise rencontre…
Le lecteur progresse dans l’histoire, grâce aux narrateurs qui diffèrent à chaque chapitre,  tantôt  la victime, son père, son mari, ses deux filles, la  voisine, le policier et sa conjointe, l’agresseur lui-même, sa femme. Chacun y va de sa version, de sa perception, son interprétation. Le procédé est génial : comme dans une pièce de théâtre, on découvre progressivement le déroulé exact des évènements, le rôle de chacun et surtout ce que l’accident de parcours aussi sordide soit-il, développe de positif  et de bénéfique pour l’ensemble des protagonistes. Et ce qu’il y a de plus fort, c’est la capacité de l’auteure à nous mettre successivement dans la peau d’une femme violée et d’une mère vidée, d’une voisine aigrie, un peu vulgaire, hyper commère, d’un mari introverti timide et manquant d’initiatives, de deux filles aux caractères si opposés, d’un père et grand-père fragile mais qui recolle les morceaux…
Ce livre est réellement bluffant par son intensité, son style, son rythme et les ondes positives déposées délicatement au fil des pages. Je ne serais pas étonnée que Marjorie Tixier revienne rapidement nous conter en tout cas, c’est ce que je lui et nous souhaite.

MISSION HYGGE - CAROLINE FRANC
Roulés à la cannelle, bienveillance et plaids moelleux
J’ai acheté ce livre parce que je suis avant tout fan de Caroline Franc. C’est elle qui, il y a trois ans maintenant, m’a donné cette envie d’écrire et de créer ce blog. Merci Céline B de m’avoir parlé de son blog parce qu’il a été pour moi une véritable révélation (www.penseesbycaro.fr). C’est une personne attachante, drôle, pétillante dans sa vie de tous les jours auprès de son mari, de ses enfants et amis. Sa pratique de l’autodérision est exemplaire et ses conseils de vie, à conserver dans un dico.
Alors quand ce nouveau livre est sorti, je n’avais pas d’autres choix que de l’acheter, entièrement consciente de ce qu’il pouvait représenter pour elle, une sorte d’aboutissement d’un rêve qui ne date sans doute pas d’hier.
C’est l’histoire d’une reporter de guerre, une baroudeuse qui ne vit que pour son travail et qui en matière de relations humaines a beaucoup à apprendre tout simplement parce qu’elle refuse d’apprendre. Excédé par son attitude agressive et condescendante vis-à-vis de ses collègues mais également inquiet de la voir s’ignorer et passer à côté de sa vie, son patron décide de la missionner sur un reportage un peu particulier : se rendre au Danemark pour enquêter sur le village Gilleleje devenu depuis peu, le village où les gens sont les plus heureux de monde. Nous partons donc avec Chloé au pays de la bougie et assistons à la libération progressive de ses émotions depuis trop longtemps prisonnières. A l’image des vélos sans cadenas dans les rues, Chloé prend conscience des bénéfices de l’ouverture aux autres dans un climat local de confiance absolue.
"Ca n’est pas parce qu’on est triste qu’on est obligé d’être malheureux."
C’est drôle, touchant à l’image du Blog penséebyCaro. Caroline François a ce don bien à elle de diffuser des ondes positives dans tout ce qu’elle écrit, la reine du Carpe Diem.
C’est en refermant ce livre que j’ai enfin compris ce que signifiait le terme "feel-good book. Oui ce livre fait du bien, énormément de bien. Je m’imagine déjà le reprendre cet hiver en cas de crise de grisaille ou d’averses excessives.
Hygge, Hygge, Hygge hourra !

LES VESTIGES DU JOUR - KASUO ISHIGURO
Raffiné comme une tasse de thé
Quel plaisir de relire ce livre 20 ans après ma première lecture. Cet ouvrage me fait l’effet d’une gourmandise de style. Le narrateur est un majordome anglais en fin de carrière, qui profite d’un  voyage au fin fond  de la campagne anglaise pour se remémorer les évènements marquant de sa vie au service de "sa Seigneurerie", dans la maison de Dalingthon Hall durant l’entre-deux guerres. Dit comme cela, ça n’envoie pas du rêve mais je puis vous assurer quil s’agit d’une plus que pépite. A commencer par le style : le narrateur n’est autre que le majordome qui s’adresse au lecteur dans un style précieux, guindé comme le sous-entend la profession. Pour vous donner une idée, je me suis surprise à associer inconsciemment la voix de Jean Rochefort à la lecture du récit. Ce livre est surprenant pour sa capacité à passer du rire, à la mélancolie, et parfois même aux larmes. Stevens le majordome n’a qu’un objectif en tête, exercer son métier selon deux principes fondamentaux : loyauté envers son maitre et dignité absolue quels que soient les évènements. On y découvre le rôle d’un majordome dans ces grandes demeures britanniques aux effluves de cigares et de Porto vieilli. Stevens explique qu’il est parfois plus simple d’avoir à s’occuper d’une vingtaine de convives que de seulement deux personnes : "C’est lorsque deux personnes sont à table, que l’on a le plus de mal à réaliser cet équilibre entre la prévenance et une illusion d’absence qui caractérise un service de qualité."
Les échanges entre le majordome Mr Stevens et l’intendante Miss Kenton sont savoureux. C’est une véritable compétition dans l’art de la joute verbale en porcelaine.  Les deux se tirent la bourre pour être le plus efficace et n’hésitent à dénoncer les erreurs observées telles que la présence d’une goutte au nez d’un domestique apportant une collation :"il me semble que ce style de service n’est peut-être pas de nature à stimuler l’appétit.", autrement dit, comment peut-on servir avec la goute au nez ?
Au fil des pages on découvre un majordome esclave de sa mission, incapable d’une quelconque démonstration d’affection, de lâcher prise, passant à côté de la mort de son père et des appels du pied de Miss Kenton, amoureuse incomprise. Dévoué corps et âme à son maître, il en occulte inconsciemment les tendances antisémites et pro hitleriennes.
La destination de son voyage n’est autre que de rendre visite à Miss Kenton pour des retrouvailles incertaines, dignes d’une assiette anglaise.

mardi 21 août 2018

Vis ma vie de maman angoissée par la colo




Occuper ou garder ses enfants l’été est toujours un casse-tête asiatique (ça pète plus que chinois) pour nous pauvres parents (hyper) actifs. La planification des vacances prend des allures de plan de table d’un mariage que l’on refait une bonne douzaine de fois avant d’arriver au résultat que l’on imagine parfait de notre point de vue (image du monde).
C’est un savant mélange de centres de loisirs, activités sportives, gardes alternées en fonction des disponibilités des parents, petits tours au bureau de Papa ou Maman, semaines à rallonge chez les grands-parents en province ou formules colonies de vacances.
Alors cet été, je me suis lancée pour tester la solution colonie ; je dis "je" parce que le sujet de l’organisation des vacances s’invite quasi systématiquement à la Villa de la célèbrissime Charge mentale.
Notre fils Watson, 11 ans avait rapidement accepté la proposition d’autant plus que j’avais dégotté LA colonie stage de foot intensif. La perspective de partir seul loin de nous, ne semblait lui poser aucun trouble psychologique. Moi-même à quelques semaines du départ, je me sentais plutôt sereine d’autant plus que mon capital patience avoisinait les zéros à la vue d’un Watson dont la seule partie de son corps en mouvement résidait dans ses mains littéralement collées à la manette de sa console ou ses doigts à la recherche de la vidéo la plus insignifiante sur You Tube…

Tout a basculé le jour du départ, au moment de la préparation du sac. Munie de la liste envoyée par le club de colo, je m’affairai à rassembler les quantités excessives de certains vêtements demandés pour 5 jours : 5 serviettes de bain !! Nan mais pourquoi pas 2 serviettes par jour tant qu’on y est pour essuyer une vingtaine de kilos de peau tout mouillé ! Inquiète d’oublier quelque-chose, je relisai une bonne dizaine de fois la liste et fut obligée de tout ressortir pour m’assurer que les slips et chaussettes, je n’avais pas omis. La constitution du sac fut accompagnée de conseils donnés à un Watson non pas captivé par les propos de sa maman d’amour mais captif de sa tablette et pour qui, les recommandations ne faisaient manifestement que transiter par son cerveau :
- Watson, tu peux laisser cette tablette, je voudrais te dire deux mots sur ce que je mets dans ton sac?
Aucune réaction. Moi excédée et rouge de chaleur du fer à repasser resté allumé dans une pièce d’appartement foudroyée par l’effet canicule :
- Watson tu m’écoutes !! Je t’ai mis un sac pour ton linge sale ; tu mettras dedans tes affaires au fur et à mesure.
- Oui maman.
- Fais attention à tes vêtements ;  tu as deux sweat alors tache de ne pas les perdre
- Oui maman.
- Et n’oublie pas de changer de slip tous les jours. Ne laisse pas ta serviette en boule après ta douche sinon elle ne sèchera pas !
- Oui maman.

Et puis s’en est suivi le trajet de deux heures en voiture durant lequel à son grand désespoir, j’en profitai pour vérifier qu’il maîtrisait le contenu de son bagage. Petit cours pratique également du laçage de ses chaussures, la réalisation de la deuxième boucle n’étant que très peu maîtrisée, ce qui pour un footballeur était proche du carton rouge.
Alors que Watson à l’arrière de la voiture, exploitait les derniers kilomètres pour admirer non sans une certaine nostalgie, sa ma tablette, je sentais monter en moi le stress d’une séparation inévitable : ma boule d’angoisse prenait à présent des allures de ballon. Une fois sur place,  la décontraction du bonhomme se dégonfla à la vitesse d’un ballon de baudruche. On nous donna une copie du planning et le numéro de téléphone du Directeur à utiliser pour joindre nos enfants "si besoin". Ne pouvant à peine parler, je laissai mon mari Sherlock dribbler sur les dernières questions. On partit ensuite installer Watson dans sa cellule chambre.
Moi faussement décontractée, la maman cool quoi :
- Oh mais regarde Watson, tu as deux copains avec toi. Bonjour les garçons vous vous appelez comment ?
Eux du bout des lèvres :
- Kevin et Mehdie
- Ah super ; ben lui c’est Watson. Et vous venez d’où ?
- Du 9/3
- Ah génial ! Nous on vient du 7/8, vous connaissez ? C’est là où s’entraine le PSG
- C’est bon Maman ça va aller.
Après une dernière embrassade que Watson écourta pour ne pas "se taper la honte", Sherlock et moi-même rejoignîmes la voiture pour regagner notre banlieue. Alors que Sherlock ne cessait de répéter en boucle que "cette semaine allait faire à Watson le plus grand bien", je listais intérieurement mes (quelques) points d’inquiétude : j’aurais dû lui mettre un autre pull, est-ce qu’il va réussir à s’endormir ? Je lui ai mis une casquette ou pas ? Dîner à 19h ? Il n’aura jamais faim à cette heure-là !

Le lendemain après une matinée de torture au bureau à me demander s’il avait bien dormi, mangé, pissé, n’y tenant plus, je profitais du temps calme indiqué sur le planning pour l’appeler sur le téléphone du Directeur : n’avait-il pas précisé qu’on pouvait les joindre "si besoin" ? Après 18 heures de patience, besoin il y avait ! Watson était aux anges, tout se passait nickel. Du coup, je pris sur moi pour l’informer que je ne le contacterais plus de toute la semaine et que lui ne devait le faire qu’en cas de problème. Bizarrement, il sembla intégrer cette contrainte beaucoup plus facilement que moi.
Les jours de la semaine s’écoulèrent avec une sérénité dépendant des photos mises à la disposition des parents au quotidien sur Facebook. Je scrutais chaque photo en mode gros plan pour vérifier toutes les expressions de visage de Watson. Voir Watson en arrière-plan complètement flou, ou reconnaitre juste un bout de jambe d’une photo mal cadrée suscitait chez moi des élans de félicité.
Et puis à la veille de le récupérer, alors que j’étais à présent totalement sevrée de son absence et que je savourais presque cette pause maternelle, un message laissé sur le répondeur de mon "marai" vint troubler cette parenthèse idyllique. Comme dans tous les dossiers administratifs liés à Watson, j’avais pris soin de renseigner sur la fiche d’inscription, le numéro de téléphone de Sherlock pour les "en cas d’urgence", ne mesurant que très difficilement ma capacité à conserver mon calme dans ce genre de circonstances. A moins de 24 heures des retrouvailles, Watson avait jugé spirituel de se fracturer le poignet en se prenant pour Hugo Lloris, ce qui lui valut un petit tour aux urgences locales accompagné du Directeur du centre.
C’est donc un Watson avec le bras droit plâtré que l’on récupéra le lendemain. Son statut de "premier blessé de la saison" lui conféra une certaine célébrité aux yeux des animateurs et de tous ses copains, ce qui manifestement lui procurait entière satisfaction.
Je ne parlerai pas de l’état du sac récupéré : un amas de choses sales mélangées avec le propre, un nombre étonnamment élevé de slips non utilisés,  un sweat en moins et des serviettes encore humides. Bref j’étais ravie de constater que la totalité des consignes données le jour de départ avait été scrupuleusement ignorée.

Quant à moi, à peine un pied dans la voiture, sur le chemin du retour, mon état d’apaisement qui avait donc duré une paire de jours, fut intégralement remplacé par une invasion névralgique de  questions et raisonnements à rallonge sur fond de scénarios catastrophes dont je suis experte : 3 semaines de plâtre ! Et comment il va faire pour écrire ? Et à la cantine ? Qui va lui porter son sac ? ? Et si son plâtre est prolongé ? Faudra peut-être l’opérer ? C’est sûr il va redoubler !
Cela étant, avant d’envisager cette rentrée "mal à droite", il reste encore deux semaines et en quinze jours, il peut s’en passer des choses non ?
Angoisseusement vôtre.