Récemment une amie m’a demandé comment je faisais pour courir parce
que selon elle, « y a pas pire comme sport à pratiquer ».
Ca fait bientôt deux ans que je me suis mise au Running de façon plutôt
régulière. Je crois pouvoir dire que j’ai trouvé l’activité qui me correspond
mais je dois avouer qu’avant d’en arriver là, j’ai testé tous types de remises en
forme.
J'ai commencé par le club de gym local à destination de la « Silver
Academy » mais ça, je m’en suis rendue compte après m’être inscrite :
moyenne d’âge 65 ans comme l’âge du prof ceci dit plutôt bien conservé (le
contraire aurait été inquiétant). Lieu : la salle de gym de l’école du
coin, qui l’hiver absorbe toute la froideur extérieure et par temps de pluie, accueille de-ci de-là quelques gouttes qui tombent invariablement à l’endroit où vous vous trouvez, je sais pas
pourquoi. Activités : après quelques tours de salle au pas de course (enfin
quand je dis course…) en guise d’échauffement, une suite d’exercices, toujours
les mêmes et ce, deux fois par semaine pendant une heure : squats, fentes,
ciseaux, pompes, gainage, relaxation… le tout sans musique avec un
bruit de fond permanent des vieilles copines qui s’étirent en s’racontant leur
life.
J’ai tenu deux ans, entourée de deux voisines beaucoup plus assidues
que moi.
Mais franchement, c’était d’un chiant et puis, constater que la plupart
des retraités étaient plus performants que moi, y' avait d’quoi se choper las
boulas…
Alors j’ai ensuite essayé le club concurrent de la ville qui présentait
une foule de cours divers et variés tous les jours de la semaine. Au
départ, bien entendu, j’ai eu envie de tout faire ; je m’imaginais déjà
avec un corps sublime, la cuisse ferme, la fesse rebondie et le ventre aplati. Là
aussi les cours avaient lieu dans un pur gymnase défraîchi (pléonasme) mais là
au moins, tout se faisait en musique ; faut que tu bouges ton corps, y a
une ambiance de « foly » à tel point que la salle n’est plus assez
grande pour accueillir tout le monde et que tu te retrouves à marcher sur le
step de ta voisine ou la tête allongée sous les pieds de celle de derrière. Au bout d’un an, forfait également.
J’ai fini par tester LE CLUB de
gym de la région où tu peux faires les sports, en extérieur en
intérieur, deux piscines, cours collectif ou en solo ; accompagnement d’un
coach pour définir ton programme. On en parle de mon coach ou pas ? C’est-à-dire
qu’avant de le rencontrer je l’imaginais jeune, musclé et beau (normal, le
syndrôme de la cougar) ; bein en fait, pas là non : âge
indéfinissable, y avait que les muscles sauf si on aime le genre grand, cheveux
longs et gras, lunettes de vue improbablement moches et bagues à tous les
doigts. Bon ça ne m’a pas empêché de définir
avec lui mon programme à base de vélo assis, de machine où t’es debout et tu
fais des grands pas en tenant des sortes de bâtons ; bref t’as l’air
ridicule mais il parait qu'c’est
efficace.
Côté collègues de sport, je suis passée dans la gamme au-dessus ;
c’est la course à celle qui aura le truc le plus moulant et le plus voyant et
là ça plaisante pas : elle regarde l’écran de contrôle de sa machine, minute
par minute pour constater le nombre calories perdues en ayant l’air de ne pas
se fatiguer le moins du monde, décroche un sourire ultrabright au lourdeau qui
vient l’encourager. Dernier petit détail, l’ambiance des vestiaires.
Dans les deux cas
précédents y avait pas de vestiaires, il fallait venir en tenue.
Mais dans « le
paradis du sport » le vestiaire et ses douches collectives sont de
véritables pièces à vivre. J’ai beau être décontractée, rentrer dans le
vestiaire et me trouver nez à seins (en gants de toilette), avec une bonne
femme d’une soixantaine d’années à poil en train de téléphoner en faisant les
100 pas…j’ai un peu de mal.
Mon inscription au paradis du sport est récente mais j’avoue que je ne
suis pas certaine d’y rester ; et oui, je m’éclate plus à courir sur
l’herbe fraîche que sur un tapis qui bouge.
Bien sûr au début c’était loin d’être facile ; quand Je me suis
mise en running (ah non pardon, à l’époque je parlais de footing que je faisais
en jogging mais les temps ont changé et le running s’est émancipé et a
maintenant ses magazines et ses multiples applications), donc je disais quand
j’ai démarré le « wwwwunnning », je pensais qu’une bonne
paire de tennis et un survêtement
allaient faire l’affaire. J’ai
rapidement compris que le pied sollicité avait besoin de respirer et qu’une
tenue adaptée pouvait générer davantage de légèreté dans la foulée (y compris
le soutien-gorge ; exit le soutif distendu
si on veut pas avoir l’impression de ressembler à une vache au galop).
Une fois équipée, j’ai commencé
à courir et surtout à souffrir ; mes premières performances n’allaient pas
au-delà de 10 minutes et je rentrais à 4 pattes, soufflant comme une truie,
rouge comme un poivron. Et puis à force d’y retourner régulièrement j’ai
franchi plusieurs seuils, 4 km, 6 km, 10
km.
«10 km à courir mais tu dois te faire chier grave !!! Tu
cours toute seule ou à plusieurs ?»
«Ah mais surtout toute seule !! C’est MON moment à MOI !
je pars avec MA musique et basta !»
Aaah la musique, hyper
important : y des titres qui boostent mais que j’aurais absolument pas
envie d’écouter dans un autre contexte, et qui parait-il ne me ressemblent pas
(The Prodigy, ACDC) ; bref faut une
grosse et bonne playlist à alimenter régulièrement. Et t’imagines même pas
comme tu te sens détendue après ; une sorte de programme essorage de tout
ce qui t'a gonflé les jours passés.
Le truc quand tu commences un footing, c’est de penser à tout sauf au
fait que tu cours, que t’es fatigué(e)), que c’est peut-être pas le bon jour
pour courir parce que t’es pas en forme : moi je pense à pleins d’trucs :
à mon menu du soir (genre la meuf qui cuisine), à mon blog, j’fais des rangements
dans mon cerveau.
En fait, le plus hard, c’est les 3 premiers km où t’as mal partout, t’as
pas de souffle, t’en peux plus, tu comprends pas c’que tu fous là ; et puis
« bim », tout à coup, tu l’as le second souffle, tu cours sans respirer
comme une bisonne, tu te sens légère comme l’air et tout est plus facile,
tellement facile que tu peux péter un record de km ; mais quand tu
t’arrêtes aïe, là ça peut faire mal ; parce que y a tout qui r’tombe en
bloc, parties en fumée les endorphines, tu dégoulines de partout, tu ressembles
à Balasko qui sort de la salle de bain, chaussures de ski aux pieds.
Et puis y a aussi des séances où tu sais pas pourquoi, t’as pas la niaque,
tu le sens pas ; le seuil des 3 km étant passé, t’es toujours pas au
top ; pour peu que tu sois hypocondriaque, tu commences à avoir des
palpitations, bein faut arrêter, ça veut dire que c’est un jour sans ou que la
veille le vin était particulièrement bon…
Dans tous les cas, à ceux ou celles qui veulent essayer, c’est le
moment de s’y mettre pour choper le virus parce qu’après ce s’ra trop tard ; y aura trop d’bonnes raisons
pour pas sortir une patte dehors rapport à la pluie, le vent, les jours sans
jour, bref cette fameuse période de l’année que j’exècre plus que tout et qui
me donne l’envie de…partir en courant.
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