samedi 1 octobre 2016

Working Girl


Je ne sais pas si vous vous souvenez de ce film WORKING GIRL, sorti début des années 90 avec Harrison Ford et Melanie Griffith : l’histoire d’une jeune femme, Tess, qui trouve un poste d’assistante et qui gravit les échelons grâce à une idée lumineuse permettant à la société de se développer. Bref,  un film pleins de bons sentiments et qui à l’époque, m’avait fortement marquée toute naïve et midinette que j’étais.
Je rêvais d’être un jour cette "Tess" (dont l’interprète Mélanie Griffith à l’époque n’était pas encore gonflée de silicone voire poreuse d’alcool et qui se tapait l’un des mecs les plus sexy de la planète). Et je me souviens encore de la dernière scène du film où on la voit, dans son bureau individuel, assise dans son grand fauteuil et regardant vers l’extérieur, le sourire aux lèvres, les gratte-ciel adjacents. Un superbe cliché de la réussite sociale…à la sauce américaine.
Bein si j'fais la comparaison, moi aussi chuis une Working Girl ; j’ai un bureau de 5m2 pour moi toute seule, un fauteuil en "tissusse" et j’peux même voir de ma fenêtre le HLM d’en face !
Tout ça pour dire que nous allons un peu parler vie professionnelle vu que ça occupe 80% de nos journées. J’ai pas l’intention de vous raconter ce que je fais (même ma famille n’a jamais rien compris) mais de vous expliquer ma relation au travail. Pour la comprendre, remontons un peu le temps.
Très jeune, je voulais être journaliste ; enfer et damnation dans une famille où la profession dominante est la fonction médicale ; ma sœur ainée s’est précipitée corps et âme dans cette voie.
Pour ma part, je ne me voyais pas "farfouiller dans le corps des autres" (Henning Mankell, Les bottes suédoises, page 20). Pourtant, j’en ai bouffé pratiquement à tous les repas de la conversation sur des opérations d’appendicite de 20 cm, des foies gras, de varices en 3D, de poumons farcis.. J’en aurais bien fait un reportage mais… : "Non Charlie, ça n’est pas une bonne idée, le journalisme c’est bouché".  Aaah "bouché", terme ô combien déjà à la mode dans les années 90.
Bah du coup, je me suis orientée vers une filière école de commerce sans vraiment savoir c’que j’voulais faire, comme beaucoup d’ailleurs sans doute, qui se laissent 3 ou 4 années pour "murir leur projet professionnel". Perso j’ai rien mûri du tout pendant 4 ans mais j’ai bien rigolé. Et puis après ces brillantes études, la cooptation aidant (cooptation=coup de pouce d’une connaissance pour obtenir un rendez-vous / différent du piston où là, que tu sois un bon candidat ou pas, t’étais embauché parc’qu’un proche était cops de golf avec le PDG), donc la cooptation aidant, chuis rentrée dans une PME orientée Marketing et puis une seconde. Ces deux premières boîtes ont été une sorte de continuité de ma Business School ; l’ambiance était jeune, festive, détendue et j’y ai rencontré plusieurs personnes devenues aujourd’hui des amis. Y avait du boulot mais qui se faisait dans un bon esprit, les gens ne se prenaient pas au sérieux ; et côté fiestas y avait du lourd !! Qu’est-ce que j’y faisais comme travail ? J’pourrais plus volontiers vous raconter des souvenirs de soirée que des souvenirs de boulot…
Et puis un jour, grâce à mon "réseau" (si t’as pas de réseau, t’es pas bankable), j’ai eu l’opportunité de rentrer dans un grand groupe français et j’y suis maintenant depuis 12 ans.  J’ai occupé plusieurs fonctions différentes ; mon boulot m’intéresse toujours mais côté ambiance, c’est sûr que c’est moins fun qu’avant. Et puis manager des collaborateurs proches de la retraite plus obtus les uns qu’ les autres, c’est un vrai challenge.
J’avoue que parfois, comme beaucoup d’entre nous, je me demande si mon travail a un sens ; la question à se poser est plutôt comment donner du sens à son boulot parce que sinon, on s ‘rait des milliers à déclencher une dépression !
C’est sûr que si j’avais été médecin, j’vous accorde que sauver des vies ça a du sens mais à quel prix (nuits sans dormir, un salaire de la peur par rapport au rythme et temps consacré…). J’pourrais aussi tenter la mission humanitaire mais finalement de l’humanitaire, j’en fais déjà avec mes collaborateurs… j’ai l’impression que j’attire les cas sociaux…
Ahhhh le management, valoriser, faire monter en compétence, faire preuve d’exemplarité bein parfois ça pête les couilles (oups), parce qu’on a plutôt envie de leur dire de se sortir les doigts (re oups) ; surtout que généralement, on hérite d’une équipe qu’on n’a pas choisie et c’est là que potentiellement les emmerdes commencent. Bon vous l’aurez compris, le management, je ne cours pas après mais force est de constater que j’y ai le droit dans toutes mes fonctions ; il parait que chuis pas trop mauvaise. C’est sûr que je ne suis pas du genre à être contente de moi au boulot, j’me la pète pas et quand j’parle ou anime des réunions, j’évite de mettre à toutes les sauces des :
- A mon sens,
- A la marge,
- Il faut cranter,
- In fine,
- En mode projet,
- J’entends c’que tu me dis, (encore heureux)
- Co construction,
- Dont acte,
- Je vous ai poussé un mail, (et alors il s’est fait mal ?)
- Toute chose égale par ailleurs.
Chuis pas non plus du style à envoyer des mails à minuit pour faire genre je bosse. D’ailleurs généralement, quand j’arrive chez moi, je déconnecte du boulot et je n’en parle pas à mon "marai", sauf en cas d’évènement majeur du style, Bernard de la compta a couché avec Lucette de la RH.
En fait j’essaie d’être au boulot comme à la maison, en supprimant quelques tics verbaux type "dans ton c…"
Et avec un peu de maturité professionnelle je sais même remplacer :
- "Tu fais chier" par "Je ne partage pas ton analyse",
- "J’en ai ras-cul"par "Je crois que j’ai besoin de faire un break"
- "Ce dossier est une grosse daube, bouge ton cul, recommence", par "J’ai lu ton dossier avec attention : peut-être pourrais-tu étoffer la partie… ",
- "Démerde-toi" par "N’hésite pas à me solliciter".
Mais je sais aussi que je peux être une chieuse qui s’attache à des petits détails mais pour moi ils veulent dire beaucoup : le titre non centré sur une présentation Powerpoint, la faute d’orthographe, la police non uniforme et caetera.
Et puis enfin, je sais très bien faire comprendre par un simple regard quand c’est pas l’jour tout en restant polie, ça va de soi. C’est vrai que parfois j’envie mes amis qui travaillent à leur compte ; j’me verrais bien ouvrir un gîte (whou le cliché de la parisienne qui rêve de Larzac) mais en fait, j’crois que je ne supporterais pas la moindre critique négative sur TRIPADVISOR ou la tâche indélébile sur le canapé du gîte, alors qu’on vient juste d’en racheter un tout neuf…
Pour résumer mon travail est mon ami ; comme tous les amis, parfois il me saoule, mais chuis bien contente de l’avoir ; mère au foyer, c’est pas mon trip. J’ai un entourage professionnel surprenant (on en reparlera), et le plus important mon équilibre vie professionnelle/privée est au top. Alors, comme disait Letizia BONAPARTE (ça pète comme référence), "Pourvu que ça dure."



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour publiez un commentaire, vous n'êtes pas obligés de vous connecter à l'aide d'un des comptes listés dans le menu déroulant ; il vous suffit de sélectionner "Anonyme" à la fin de ce menu.