Allez, je vais tenter un nouvel exercice que
j’essaierai de réaliser régulièrement : je choisis un mot qui m’inspire ou
que je trouve lourd de sens (au propre comme au figuré) et je vous en restitue
ma perception.
Pour cette entrée en matière, j’ai donc choisi "CUISINE" parce que derrière ce mot, on y trouve une multitude de références :
des sons, des recettes, des images, de la couleur, des odeurs, de la passion,
des expressions, de l’art, du rêve, des étoiles, de la poésie, de la musique,
des lieux, des souvenirs, bref notre vie en est truffée.
La première image qui m’est venue en pensant au mot
CUISINE, est celle de la pièce en tant que telle et non la pièce montée (désolée). Je
revois la cuisine de la maison de mes parents dans laquelle j’ai vécu toute mon
enfance (pas la cuisine mais la maison). Je me souviens de repas passés en
famille mais également de tous les bruitages inhérents car ma propre chambre
était au-dessus de cette pièce. C’est une cuisine relativement grande qui
permet encore aujourd’hui à ma chère Môman
d’exprimer à loisir ses talents culinaires. C’est dans cette cuisine que j’ai
compris le paradoxe de cet endroit qui ne fait pas dans la demi-mesure : il
est soit rutilant quand il n’est pas occupé ou il se transforme en véritable champ de bataille notamment lorsque cette
pièce sert de coulisse aux grands dîners
qui se tiennent dans la salle à manger. Et systématiquement quand vous recevez,
quoi de plus énervant de voir les choses s’entasser parce que les convives
bienveillants vous aident à débarrasser et vous accompagnent en cuisine en posant
la vaisselle là où ils peuvent…N’y voyez pas uniquement de la bienveillance, la
cuisine est aussi le lieu des contre-soirées :
- On s’y retrouve parce qu’on s’emmerde,
- Pour casser du sucre sur les invités,
- On aimerait qu’un tel ou un tel arrête de
raconter des salades et qu’il cesse de ramener sa fraise à tout bout de champs,
- On s’y réfugie si on n’a pas la frite, c’est
souvent l’endroit des confidences loin du brouhaha de la soirée.
- On se plaint que Cerise a ce soir l’feu au
réchaud et que si elle continue, elle va finir par déguster. Elle devrait faire
gaffe "à ses p’tites pattes arrières" (cf expression distinguée
tirée de "La vérité si j’mens"). Oui je sais les échanges en cuisine sont parfois très crus.
Pour en revenir à ce
qu’évoque ce mot, j’ai ensuite cuisiné mon fils : "Ma crème de
banane, si je te dis "cuisine" tu penses à quoi, quels sont les mots qui te
viennent à l’esprit ?" (Oui parce qu’il faut que vous sachiez que pour
Watson comme pour son père, je leur donne souvent des surnoms totalement
ridicules qui ont trait à la bouffe : ma paupiette, mon bouillon, mon
crabe farci, ma caille, mon soja…)
Au départ Watson a fait la soupe à la grimace. Et
puis ensuite il a lâché des mots tels que "casseroles", "four", bref rien de bien croustillant.
Même exercice auprès de Sherlock : "Bein
si tu m’dis cuisine, j’pense à not’ cuisine qu’on a."
Ok merci les gars pour votre créativité débordante
et pétillante.
Notre propre cuisine ne constitue
pas pour moi une référence car elle est de type américaine et n’a donc pas ce
côté coulisse ou 3ème mi-temps de soirée.
Oui j’avoue, parfois je
rêve d’un vrai plan de travail qui m’éviterait de ne pouvoir faire que des
pizzas Calzone parce que j’n’ai pas la place pour étaler le rond de pâte dans
sa totalité (oui j’exagère). En même temps, quand je vois le bordel qu’on est
capable de mettre dans 5 m2 quand on prépare un dîner, je me dis qu’il ne vaut
mieux pas qu’elle soit plus grande.
"CUISINE", c’est aussi des livres, des
magazines : j’en ai des cagettes, c’est mon pécher mignon. J’adore la
poésie qui se révèle des noms de certaines recettes inventées, le talent de
composition du cuisinier qui fait du plat présenté une véritable œuvre d’art, les
photos d’illustration qui subliment
les couleurs de chaque ingrédient dans l’assiette ; bref le rendu ne peut être
qu’un tableau plus que gourmand qu’on aimerait bien pouvoir faire nous-mêmes.
Pour autant, malgré les centaines de recettes que
je détiens dans tous ces bouquins, je n’ai dû en réaliser qu’une petite vingtaine
et c’est marrant comme le rendu n’est jamais le même… Sauf dans un livre que
j’ai découvert récemment : "SIMPLISSIME" de JF Mallet : non seulement
les photos sont non truquées mais la recette est effectivement hyper simple et
tu peux épater tes amis voire même ta belle-famille, c’est pas peu dire…
Dans le mot CUISINE, j’entends également une parenthèse
musicale : les ustensiles deviennent les instruments de musique ; et
pour preuve, certains d’entre eux ont des noms musicaux : une
batterie de cuisine, des flûtes à champagnes, la mandoline, la cloche à fromage,
une balance…
Ces instruments mis en musique avec les ingrédients,
sont à l’origine de mélodies plus ou moins douces : écoutez le son du beurre qui mousse, celui de de la
sauce que l’on déglace, le plat qui mijote des heures, mais aussi parfois le
bruit violent de l’eau jetée dans la casserole parce que ça a brûlé.
C’est également le bruit des couverts dans les
assiettes, des verres qui s’entrechoquent, des casseroles qu’on range et
dérange dans un emplacement qui à chaque fois qu’on l’ouvre nous parait trop
petit.
Quand tu cuisines tu ne penses à rien, enfin si :
- à ta sauce qui doit réduire encore un peu avant
d’être parfaite ou
- à tes oignons qui sont colorés et qui commencent
à compoter,
- au signal que te donne la lame de ton couteau
qui ressort lisse de ton gâteau.
Bref tu es à 10 000 lieux de tes emmerdes du
quotidien et ça fait du bien ; bienvenue dans le monde de la Cuisinothérapie.
Oui bien sûr par moment, ça peut énerver parce que
la sauce a tourné et là forcément, le mot de Cambronne est saupoudré
généreusement. Mais j’adore, c’est un ingrédient incontournable de la recette,
ça rajoute un peu d’piment à la soirée, parce que faut vite trouver une solution
de remplacement pour réparer l’accident. Quel accident ? Bein par exemple le
gâteau au chocolat qui tombe à la sortie du four et que l’on reconstitue tant bien
que mal avec ce qui est récupérable…
Et puis dans le mot CUISINE on y trouve également :
- des souvenirs d’odeurs plus ou moins
alléchantes : celle du poulet rôti du dimanche versus les choux fleurs
cuits à la vapeur.
- des souvenirs de plats qui ont marqué notre
enfance : le riz au lait avec ses vraies gousses de vanille, le soufflé au
fromage qui invite à la ponctualité, des lasagnes onctueuses et moelleuses que
quand t’essaies de les refaire, elles sont toujours plus sèches.
Pour terminer, la CUISINE c’est aussi la
convivialité, c’est faire plaisir et se faire plaisir. C’est rajouter du
bonheur aux moments partagés en famille ou entre amis. C’est enchanter les
papilles de recettes aux multiples saveurs. C’est dénicher le vin qui se
mariera à la perfection avec le plat.
"On ne peut pas faire de cuisine, si on
n’aime pas les gens" (Robuchon) ; des personnes qui aiment cuisiner j’en connais
un paquet : je suis ravie de constater que je suis entourée d’amour.
Et si ce mot m’est si cher, c’est aussi parce qu’"écrire
c’est cuisiner avec des lettres" (Dany Laferrière).
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