samedi 3 décembre 2016

Mot à mot : CUISINE


Allez, je vais tenter un nouvel exercice que j’essaierai de réaliser régulièrement : je choisis un mot qui m’inspire ou que je trouve lourd de sens (au propre comme au figuré) et je vous en restitue ma perception.
Pour cette entrée en matière, j’ai donc choisi "CUISINE" parce que derrière ce mot, on y trouve une multitude de références : des sons, des recettes, des images, de la couleur, des odeurs, de la passion, des expressions, de l’art, du rêve, des étoiles, de la poésie, de la musique, des lieux, des souvenirs, bref notre vie en est truffée.

La première image qui m’est venue en pensant au mot CUISINE, est celle de la pièce en tant que telle et non la pièce montée (désolée). Je revois la cuisine de la maison de mes parents dans laquelle j’ai vécu toute mon enfance (pas la cuisine mais la maison). Je me souviens de repas passés en famille mais également de tous les bruitages inhérents car ma propre chambre était au-dessus de cette pièce. C’est une cuisine relativement grande qui permet encore aujourd’hui  à ma chère Môman d’exprimer à loisir ses talents culinaires. C’est dans cette cuisine que j’ai compris le paradoxe de cet endroit qui ne fait pas dans la demi-mesure : il est soit rutilant quand il n’est pas occupé ou il se transforme en véritable  champ de bataille notamment lorsque cette pièce sert de coulisse aux  grands dîners qui se tiennent dans la salle à manger. Et systématiquement quand vous recevez, quoi de plus énervant de voir les choses s’entasser parce que les convives bienveillants vous aident à débarrasser et vous accompagnent en cuisine en posant la vaisselle là où ils peuvent…N’y voyez pas uniquement de la bienveillance, la cuisine est aussi le lieu des contre-soirées :
- On s’y retrouve parce qu’on s’emmerde,
- Pour casser du sucre sur les invités,
- On aimerait qu’un tel ou un tel arrête de raconter des salades et qu’il cesse de ramener sa fraise à tout bout de champs,
- On s’y réfugie si on n’a pas la frite, c’est souvent l’endroit des confidences loin du brouhaha de la soirée.
- On se plaint que Cerise a ce soir l’feu au réchaud et que si elle continue, elle va finir par déguster. Elle devrait faire gaffe "à ses p’tites pattes arrières" (cf expression distinguée tirée de "La vérité si j’mens").  Oui je sais les  échanges en cuisine sont parfois très crus.

Pour en revenir à ce qu’évoque ce mot, j’ai ensuite cuisiné mon fils : "Ma crème de banane, si je te dis "cuisine" tu penses à quoi, quels sont les mots qui te viennent à l’esprit ?" (Oui parce qu’il faut que vous sachiez que pour Watson comme pour son père, je leur donne souvent des surnoms totalement ridicules qui ont trait à la bouffe : ma paupiette, mon bouillon, mon crabe farci, ma caille, mon soja…)
Au départ Watson a fait la soupe à la grimace. Et puis ensuite il a lâché des mots tels que "casseroles", "four", bref rien de bien croustillant.
Même exercice auprès de Sherlock : "Bein si tu m’dis cuisine, j’pense à not’ cuisine qu’on a."
Ok merci les gars pour votre créativité débordante et pétillante.
Notre propre cuisine ne constitue pas pour moi une référence car elle est de type américaine et n’a donc pas ce côté coulisse ou 3ème mi-temps de soirée.
Oui j’avoue, parfois je rêve d’un vrai plan de travail qui m’éviterait de ne pouvoir faire que des pizzas Calzone parce que j’n’ai pas la place pour étaler le rond de pâte dans sa totalité (oui j’exagère). En même temps, quand je vois le bordel qu’on est capable de mettre dans 5 m2 quand on prépare un dîner, je me dis qu’il ne vaut mieux pas qu’elle soit plus grande.

"CUISINE", c’est aussi des livres, des magazines : j’en ai des cagettes, c’est mon pécher mignon. J’adore la poésie qui se révèle des noms de certaines recettes inventées, le talent de composition du cuisinier qui fait du plat présenté une véritable œuvre d’art, les photos d’illustration qui  subliment les couleurs de chaque ingrédient dans l’assiette ; bref le rendu ne peut être qu’un tableau plus que gourmand qu’on aimerait bien pouvoir faire nous-mêmes.
Pour autant, malgré les centaines de recettes que je détiens dans tous ces bouquins, je n’ai dû en réaliser qu’une petite vingtaine et c’est marrant comme le rendu n’est jamais le même… Sauf dans un livre que j’ai découvert récemment : "SIMPLISSIME" de JF Mallet : non seulement les photos sont non truquées mais la recette est effectivement hyper simple et tu peux épater tes amis voire même ta belle-famille, c’est pas peu dire…

Dans le mot CUISINE, j’entends également une parenthèse musicale : les ustensiles deviennent les instruments de musique ; et pour preuve, certains d’entre eux ont des noms musicaux : une batterie de cuisine, des flûtes à champagnes, la mandoline, la cloche à fromage, une balance…
Ces instruments mis en musique avec les ingrédients, sont à l’origine de mélodies plus ou moins douces : écoutez  le son du beurre qui mousse, celui de de la sauce que l’on déglace, le plat qui mijote des heures, mais aussi parfois le bruit violent de l’eau jetée dans la casserole parce que ça a brûlé.
C’est également le bruit des couverts dans les assiettes, des verres qui s’entrechoquent, des casseroles qu’on range et dérange dans un emplacement qui à chaque fois qu’on l’ouvre nous parait trop petit.
Quand tu cuisines tu ne penses à rien, enfin si :
- à ta sauce qui doit réduire encore un peu avant d’être parfaite ou
- à tes oignons qui sont colorés et qui commencent à compoter,
- au signal que te donne la lame de ton couteau qui ressort lisse de ton gâteau.
Bref tu es à 10 000 lieux de tes emmerdes du quotidien et ça fait du bien ; bienvenue dans le monde de la Cuisinothérapie.
Oui bien sûr par moment, ça peut énerver parce que la sauce a tourné et là forcément, le mot de Cambronne est saupoudré généreusement. Mais j’adore, c’est un ingrédient incontournable de la recette, ça rajoute un peu d’piment à la soirée, parce que faut vite trouver une solution de remplacement pour réparer l’accident. Quel accident ? Bein par exemple le gâteau au chocolat qui tombe à la sortie du four et que l’on reconstitue tant bien que mal avec ce qui est récupérable…

Et puis dans le mot CUISINE on y trouve également :
- des souvenirs d’odeurs plus ou moins alléchantes : celle du poulet rôti du dimanche versus les choux fleurs cuits à la vapeur.
- des souvenirs de plats qui ont marqué notre enfance : le riz au lait avec ses vraies gousses de vanille, le soufflé au fromage qui invite à la ponctualité, des lasagnes onctueuses et moelleuses que quand t’essaies de les refaire, elles sont toujours plus sèches.
 
Pour terminer, la CUISINE c’est aussi la convivialité, c’est faire plaisir et se faire plaisir. C’est rajouter du bonheur aux moments partagés en famille ou entre amis. C’est enchanter les papilles de recettes aux multiples saveurs. C’est dénicher le vin qui se mariera à la perfection avec le plat.
"On ne peut pas faire de cuisine, si on n’aime pas les gens" (Robuchon) ;  des personnes qui aiment cuisiner j’en connais un paquet : je suis ravie de constater que je suis entourée d’amour.
Et si ce mot m’est si cher, c’est aussi parce qu’"écrire c’est cuisiner avec des lettres" (Dany Laferrière).


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