Depuis pratiquement mon entrée dans le monde du
travail j’ai eu la chance, non disons l'opportunité, de goûter aux joies du Management,
c’est-à-dire d’avoir sous ma responsabilité une petite équipe. Malgré sa taille
restreinte, j’ai eu affaire à de
nombreuses personnalités plus que remarquables que je souhaite porter à votre connaissance.
Sachez que ce que je ne vais pas forcer le trait
dans ce que je vais vous décrire, comme j’ai pu le faire dans d’autres billets.
Non c’est la pure et simple réalité et parfois c’est… éprouvant.
Rappelons avant tout les basiques du management qui
plus je vieillis, plus ces derniers me …pèsent :
- Bienveillance vis-à-vis de son
collaborateur : c’est-à-dire que même si tu n’peux pas l’encadrer, tu te
dois de le saluer tous les matins, prendre de ses nouvelles, s’inquiéter de sa
santé, voire lui payer un café.
- Exemplarité : comme son nom l’indique
montrer le bon exemple, être dynamique (sans en faire des caisses, t’es pas
obligé de courir dans les couloirs), de bonne humeur même si t’as dormi une
heure, force de proposition, avec un état d’esprit positif, être ponctuel etc…
- Disponibilité : l’encourager et l’aider
dans son travail, être là pour l’autre, la politique de la porte ouverte quoi.
Il
existe certainement d’autres principes mais déjà, si t’es capable d’appliquer
ces trois-là, c’est qu’t’es balaise. J’ai
pour ma part toujours essayé de m’y rapprocher ; je reste persuadée que
l’atteinte de ces basiques dépend de la personnalité du collaborateur.
Cas numéro 1 : nous l’appellerons
Sophie
Sophie
a été ma première collaboratrice donc ma première expérience en
management ; j’ai dû la licencier…
A
l’époque, j’avais une petite trentaine et travaillais dans une petite structure
orientée pub Grande Distri. Sophie était une jeune fille d’une vingtaine
d’années qui vivait la nuit et dormait le jour ; bien sûr je ne m’en suis
pas aperçue toute de suite. Sophie avait un teckel et le PDG de la boite
autorisait l’accès des bureaux aux animaux. Elle venait donc tous les jours suivie
de son animal ; nan en fait son animal la précédait car elle était en mode
sommeil en permanence et c’est son chien qui la tirait et la tenait
éveillée ; un vrai Gaston au féminin et même physiquement il y avait un
petit air de ressemblance. Du coup, son travail était approximatif car elle
zappait ce que je lui demandais. Plusieurs recadrages bienveillants n’ont pas
suffi : l’appel de la nuit, de la musique et peut-être de substances
étaient trop forts.
Et puis un jeudi soir, nous avons eu une soirée
d’entreprise, soirée déguisée. Thème de la soirée : « les stations de
métro ». Sophie avait choisi la Station "Richard Lenoir" et
donc était habillé en robe noire courte + Boa, + maquillage noire...
Sophie
et moi partagions le même bureau ; le lendemain de la soirée, vers 10h30
elle n’était toujours pas arrivée, et j’avoue que je commençais sérieusement à
m’inquiéter. Elle est arrivée vers 11 heures, toujours en tenue de déguisement,
les yeux mi-clos, les cheveux en bataille, de la cendre sous le nez et s’est
installée à son bureau comme si de rien n’était. J’ai donc dû lui faire comprendre qu’elle ne
pouvait pas rester d’autant plus que d’importants clients devaient ce venir ce
jour-là signer THE contrat. Ma hiérarchie m’a donc sommé de la réexpédier chez
elle séance tenante par taxi bus bateau, planche à roulette mais fallait
qu’elle quitte les lieux et vite pour que les fameux clients ne tombent pas sur elle.
Quelques
jours plus tard, j’ai dû procéder à mon premier entretien de licenciement, le
plus facile qu’on peut imaginer puisqu’en gros Sophie (accompagnée d’un
représentant syndical qui est resté muet pendant tout l’entretien), m’a
expliqué que j’avais raison de la licencier et j’en étais désolée car Sophie
était très attachante…
Cas numéro 2, nous l’appellerons Didier
Changement d'ambiance, je ne suis plus dans une PME mais dans un Groupe français.
Didier
approche de la soixantaine et exerce la même fonction depuis une vingtaine
d’années. Didier s’estime irremplaçable dans son boulot, pense que ce sont les
autres qui ne comprennent rien et que c’était mieux avant.
Habitant
à 5 km, il vient tous les jours en
automobile mais préfère rentrer
chez lui lorsqu’il n’arrive pas à trouver de place pour se garer. Dans ce cas,
il appelle son supérieur, pour prévenir qu’il est souffrant,
qu’il a "une barre au ventre" car n’a pas trouvé d’emplacement pour
sa voiture…
Didier
est très méticuleux et rêve d’une pointeuse horaire ; comme il n’y en a pas, il a créé un tableau
EXCEL sur lequel il note ses heures d’arrivée au bureau et de départ, ce qui
lui permet de savoir à la minute près, le temps supplémentaire qu’il a octroyé à
la société. Il ajuste en fonction du résultat, ses heures de départ ou
d’arrivée pour les jours suivant, afin de ne jamais être en excédent.
Didier
possède un attaché case ancienne génération qui ne le quitte pas (vous savez
les valises rigides qui servent à charger les rançons dans les films) ; il
part et il arrive avec. Il n’y a rien dedans si ce n’est son stylo au logo de
la société, son parapluie et sa boite de cigarillos. Oui parce que Didier fume le cigare à
heures fixes : 12h15 et 16h30. Le clic-clic de l’ouverture de l’attaché
case est horripilant mais Didier adore, ça lui donne de l’importance, de la
contenance.
Didier
partage son bureau avec deux hommes et une femme, laquelle vient uniquement une
fois par semaine le mardi, s’installer en face de lui. Tous les lundis soir
avant de quitter le bureau, Didier surélève l’écran de son ordinateur, de façon
à ne pas l’avoir dans son champ de vision car il ne la supporte pas.
Didier
est célibataire et présente vous l’aurez compris des signes de misogynie…
Didier
est vêtu d’un jean noir été comme hiver et nous fait l’honneur de se vêtir de
chemises hawaïennes pires que Magnum l’été. A propos d’été, Didier reste chez
lui durant les vacances car la perspective des embouteillages du péage
l’oppressent.
Didier
déjeune à la cantine à l’ouverture à 11h30 pétantes et une réunion positionnée
à 11 heures quinze le perturbe, déstabilise son emploi du
temps. Dernier exemple en date : à l’occasion de Noël, un buffet traiteur
a été organisé pour l’ensemble de notre service ; Didier avec 2 de ses compères,
a préféré aller à la cantine que d’attendre jusqu’à 12h15, l’accès au superbe
buffet.
Didier envoie des mails à rallonge que les destinataires
survolent. Ses managers successifs ont beau lui dire qu’il faut qu’il soit plus
synthétique qu’il limite ses envois, il continue et vide consciencieusement une
demie ramette de papier par mois en imprimant tous ses documents qu’il archive
dans son armoire.
Didier
a des acouphènes et est très sensible d’une oreille, Il ne supporte pas
les courants d’air ; même s’il fait 40 degrés dans son bureau, il faut
garder les fenêtres et portes fermées et ne laisse pas le choix à ses collègues
qui dégoulinent de chaleur.
Didier
ne supporte pas que des étrangers rentrent dans son bureau ne serait-ce que
pour dire bonjour et discuter 5 minutes : il préfère quitter la salle en
soufflant, le temps que les intrus
quittent son territoire.
Alors
quand vous êtes manager d’un Didier comme celui-là, vous avez beau avoir la
meilleur volonté du monde, vous avez beau être bienveillant, disponible et
exemplaire c’est au-dessus de vos forces, vous finissez par rendre votre
tablier. Je n’ai pas eu à le rendre car j’ai eu l’opportunité de changer de
fonction et donc de me séparer de mon Didier, avec une tristesse infinie, vous
vous en doutez.
Voilà,
je vais m’arrêter là pour cette fois même si j’ai d’autres cas à vous relater
aussi puissants que mon Didier mais je préfère en garder pour plus tard.
Le
fait de collectionner les cas atypiques m’interpelle cependant car je suis loin d'être une manageuse exemplaire :
❑ Mon
mode de management est en partie responsable de l’attitude de mes collaborateurs.
❑ Je
travaille dans un Groupe ayant une concentration importante de cas managériaux pathologiques.
❑ Ma
Hiérarchie me teste et prend un malin plaisir à me confier le management d’individus
hors du commun.
Plusieurs
réponses possibles. Cochez la ou les cases correspondantes…
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