Ce soir, mon "marai" Sherlock m’emmène
au restaurant, mais pas n’importe lequel : un restaurant 2 étoiles au pneu
(Michelin). Lorsque nous arrivons, Sherlock me précède en rentrant car Nadine
de Rotschild lui a bien expliqué que le top de la galanterie et du savoir-vivre
quand tu arrives dans un lieu public, c’est de précéder ton épouse pour ne pas
la mettre en difficulté. Je suis choyée dès mon arrivée : on me retire mon
vison doudoune en polaire de chez Esprit et l’on me précède pour nous conduire
à notre table isolée. La table dressée est un florilège de raffinement, d’une
simplicité savoureusement calculée. Nous nous asseyons l’un en face de
l’autre et profitons d’être là,
tous les deux, dans un décor merveilleux, luxueux. Tous les regards sont tournés vers nous, on nous sourit, nous
sommes manifestement beaux dans le paysage. Le sommelier nous apporte un
champagne millésimé dans son sceau resplendissant perlé de buée glacée. Il est
bullé à souhait, à l’exacte température. Sherlock n’y tenant plus, sort de sa
poche un petit écrin tout fin et me le
tend avec son plus beau sourire. Lorsque que je m’apprête à l’ouvrir, une
alarme se déclenche et plonge l’ensemble des invités dans un désarroi plus qu’effrayant.
Que se passe-t-il ? C’est l’affolement général.
"Charlie ! Charlie !" crie mon mari
"Mais que se passe-t-il Sherlock ?"
"Fait chier ce réveil. Faut que tu te lèves pour t’occuper
de Watson !"
Ah tiens, je viens de rêver...
Ah le 14 février, une date au chiffre d’affaire
"valentinement" démesuré. On nous y prépare depuis le début du mois
et PICARD le premier ; et vas-y que je te propose des cœurs congelés bourrés de foie gras et de confiture de framboise ; tant qu'il y a du colorant rose et le mot
"love", c’est sûr, les
ventes vont cartonner.
Nous n’avons jamais été Sherlock et moi "addict"
de la Saint-Valentin, enfin surtout Sherlock : "Non mais cette
Saint-Valentin, c’est vraiment commercial, je ne supporte pas ça". Bein
tu m’étonnes Simone. J’ai la "malchance" d’être née quatre jours avant
la dite date et du coup, ces deux évènements rapprochés rendent caduques
le dernier.
Pour tout dire, je crois que nous ne l’avons fêté qu’une
seule fois au tout début de notre histoire. Alors comme toute nouvelle
idylle qui se respecte, tous deux avions envie de marquer l’évènement par un
simple tête à tête au restaurant. Un restaurant ambiance américaine à base de
gros hambugers et de pizzas à pâtes amoureusement épaisses. Je me souviens,
nous étions assis à côté d’un couple de notre âge et avions tout de suite
sympathisé avec eux. Du coup, le repas à deux s’était transformé en un dîner
entre potes, sauf qu’à la fin du dîner, nos nouveaux amis nous avaient à demi-mot
proposé de terminer cette fête de l'Amour par… une fête du slip. Inutile de vous préciser
que nous avions décliné…
Cette année, le jour de la Saint-Valentin, nous
étions déjà depuis deux jours en vacances dans un hôtel SPA et je me
réjouissais à l’avance de pouvoir vous retranscrire le festival de l’Amour organisé
par le personnel. En fait, pas tant que cela ; la Direction avait manifestement
décidé de privilégier la Saint PSG. Ceci étant, quelques attentions "valentinesques"
étaient perceptibles. La rose pour chaque Valentine du restaurant avec une
phrase kitchissime sur l’emballage de la fleur : "L’amour est juste un mot, jusqu’à ce que quelqu’un arrive et
lui donne le sens que vous cherchiez". On pleure tout de suite ou on
attend un peu ?
Dans la
salle du restaurant, nous étions tous les deux parqués vue sur lac, à vingt heures,
en plein hiver ça vaut l’coup… A nos côtés, une table de sexagénaires sans
doute clients d’une Smartbox alléchante pour l’occasion. Lui faisant péter la
boutanche de champagne à 90 euros, elle hyper apprêtée dans son tailleur
pailleté. Ca démarrait bien pour eux jusqu’à ce que la famille Groseille en
délire s’installe à nos côtés.
C’est aux abords de la piscine de l’hôtel un peu
plus tôt dans la journée, que nous avions fait la connaissance du clan Groseille.
Quatre hommes et quatre femmes aux rondeurs et boudins
ventraux plus que prononcés ; ils sont donc arrivés en masse (si je
puis-dire), dans l’enceinte feutrée d’une piscine dédiée à la détente, au repos,
au bien-être quoi. Je fus tirée de mon sommeil sur mon transat par des échanges
de haute volée :
"Bah tu vas pas t’mett' à poil quand même ;
remonte ton maillot quoâ !"
"Bah tu m’dis de mett' à poaul j’me mets à poaul ;
oh ça va j’déconne lâ."
Difficile de retranscrire par écrit l’accent, il ressemblait
fortement au patois ch’ti mais en pire.
Devant tant de conversation raffinée, je me décidai à
ouvrir un œil ; en face de moi, un homme d’un mètre 90, dépassant certainement
la centaine (de kilos) tout en plis, des poils de 3 cm de long sur les épaules,
un maillot de bain noir descendant au-dessus des mollets et le début de la raie
bien entendu visible ; sa comparse était tout aussi distinguée avec un maillot
de bain une pièce et un short noir Adidas au-dessus. Inutile de vous décrire
les trois autres hommes et femmes, c’était des copies conformes en terme de calibre et d’élégance.
Bref, l’espace SPA s’était transformé en Aquaboulevard
aux heures de pointes. Et lorsque les huit énergumènes décidèrent de profiter
ensemble du jacuzzi alors qu’un couple de sexagénaire barbotait tranquillement,
j’ai cru que la baignoire allait se retrouver totalement à sec. Je ne vous parle
par du regard de détresse du couple coincé entre des amas de chair, prisonniers
des blagues graveleuses et des éclats de rires aux décibels insoutenables.
Alors au restaurant, lorsque Sherlock et moi avons
réalisé que ce fameux couple et nous-mêmes, étions placés à côté des Groseille,
nous savions que le spectacle allait être à la hauteur…
Bis repetita à table, tous plus avinés les uns que
les autres, nos amis se gavaient de hachis-parmentier, frites et pâtes dans une
seule et même assiette. Leurs conversations incompréhensibles nous empêchaient
de nous entendre.
Notre couple sexagénaire était totalement déconfit
et avait manifestement l’appétit coupé. La bouteille de champagne ne
désemplissait pas : la fête était gâchée. Pour Sherlock et moi, nous
avions l’impression d’assister à un spectacle auquel Patrick Sébastien aurait
pu participer.
N’y tenant plus, notre voisin se leva pour trouver
un responsable et signifier son mécontentement ; entre temps, nos "féculents
sur pattes" avaient quitté la table pour sans doute s’effondrer au plus
vite, dans un bruyant sommeil…
Pour pallier ce désagrément qui nous avait Sherlock
et moi fasciné, la Direction nous offrit le champagne, attention forcément non
appréciée par notre couple qui n’avait pratiquement pas entamé sa propre
bouteille.
La suite de la soirée, la Saint-PSG, qui rencontra également
un franc succès avec un écran géant pour tous les amoureux…du foot. Nos
cris pour chaque but furent à la hauteur des décibels de nos "féculents" endormis.
Mon "marai" qui, il y a encore quelque mois, détestait le monde du foot,
fut l’un des plus bruyants supporters et aurait été capable de sauter dans les
bras de tous les Valentins et Valentines heureux de partager, un vrai moment de
joie.
J’avoue avoir hésité à faire un post sur un sujet
tellement surfait comme certains d’entre vous me l’ont dit mais franchement pour
nous, carton plein pour cette Saint-Valentin, sans doute la meilleure que nous
ayons vécue !
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