Je viens de vivre récemment l’expérience de l’anniversaire surprise en tant qu’invitée. J'ai voulu du coup faire un arrêt sur clavier parce qu’humainement parlant, c’est d’une incroyable richesse.
Mettons de côté les anniversaires surprises à la limite du scénario catastrophe, comme dans Un éléphant ça trompe énormément. Souvenez-vous de cette scène : Jean Rochefort dit Etienne, rentre en compagnie d’Annie Duperey, dans un appartement plongé dans le noir. En allumant la lumière, il se retrouve face à une flopée d’invités, dont sa femme, alors qu’il convoitait, avec sa potentielle maîtresse, un torride tête à tête au champagne, voire plus sur un malentendu.
Non, moi je veux évoquer ici, les anniversaires surprises qui sont un concentré d’émotions, de joies, de rires et de larmes réunis, dans un espace temps souvent jugé trop court par la cible piégée pour la bonne cause.
Je pense à ces instants de vie qui marquent à tout jamais les esprits de la personne fêtée, comme ceux des invités et des organisateurs qui auront tout donné, juste pour faire plaisir. Parce que oui, les organisateurs ont un rôle déterminant dans la réussite de la fête, tout repose sur eux : ils doivent non seulement être en capacité d’identifier les personnes indispensables à inviter, pour le plus grand bonheur de la cible mais également s’arracher les cheveux pour aligner les agendas, sélectionner l’endroit magique qui réunira l’entourage et se charger de trouver le cadeau.
N’est-ce pas une preuve d’amour incroyable, à l’heure où le temps nous manque toujours un peu plus chaque jour ?
Du côté des invités, la notion de surprise crée un sorte d’émulation qu’il faut savoir maîtriser : ce traquenard bienveillant ne fonctionnera que si aucune gaffe n’est faite d’ici la date fatidique. Or, les années passant, force est de constater que les étourderies deviennent de plus en plus fréquentes mais c’est un autre sujet…
Qu’il est bon d’envoyer le jour j à l’intéressée, un banal « bon anniversaire », comme si de rien n’était, à la sauce Facebook qui a la délicatesse de nous servir de pense-bête (pas si bête pour une fois).
Dernière épreuve pour les invités, être à l’heure au rendez-vous pour ne manquer ni l’arrivée de la personne fêtée, ni la lecture de la palette d’émotions sur son visage. « Ca y est, elle arrive, cachez-vous ! ». Se cacher, oui mais chacun veut pouvoir capter LA réaction de la cible à l’instant où elle découvre le guet-apens. La stupéfaction est généralement trop forte pour dissimuler quoi que ce soit, même pour les plus impassibles, ceux « qui ne sont pas du genre à montrer leurs émotions ». C’est pourtant ce qui est le plus beau, montrer ses émotions aux personnes qui nous sont chères. C’est un instant sans filtre, on ne fait pas semblant, on lâche les vannes du paraître ou d’une éducation dépassée. En tant qu’invités, on est aussi en droit de la verser, cette discrète petite larme qui en dit tellement long sur les liens qui nous unissent. Alors que la cible ne se remet pas de s’être faite bernée et de retrouver tous ses proches, elle passe de groupe en groupe pour exprimer sa joie, son bonheur d’avoir autour d’elle, tous ceux qui comptent à ses yeux. Elle voudrait que le temps s’arrête pour savourer toujours ….Elle radote qu’elle ne réalise pas et on ne lui en veut pas : elle est sur son nuage de chantilly d’anniversaire.
Les invités, eux, partagent cette joie communicative et en profitent pour faire la connaissance des autres proches présents. La communication est facile, les échanges se font simplement : forcément, on se retrouve des points communs, ne serait-ce que celui d’apprécier l’héros ou l’héroïne du jour.
La soirée s’achève, on a ri souvent, on a pleuré parfois, on a fait de nouvelles rencontres, on a vécu une parenthèse de bougies qui fait du bien, qui nous a sorti de notre quotidien. C’est ce qu’il y a de magique dans l’anniversaire surprise, cette faculté à casser cette routine qui nous robotise, pour nous montrer tel que nous sommes réellement : autour, avec, toujours.